Les précipitations
Origine des pluies
Les précipitations sont dictées par la présence de la mousson en provenance du sud issue de l’anticyclone de Sainte-Hélène durant l’hivernage. Elles sont peu abondantes et dépassent rarement 500 mm par an dans la région de Dakar et 350 mm par an dans la partie nord des Niayes (Fall et al., 2000). Des précipitations qualifiées d’occultes et appelées ”heug”, ou pluies des mangues, surviennent
souvent en saison sèche, notamment durant la période froide (décembre, janvier et février). Ces précipitations issues d’intrusion de masses d’air polaire, irrégulières et peu abondantes, sont cependant d’une grande importance pour la pratique des cultures de contre-saison dans ce milieu (Pereira Barreto, 1962). La remontée prolongée du FIT entraîne des précipitations excédentaires tandis qu’une translation en latitude prive le Sénégal d’une grande partie de ces pluies.
C’est la seconde modalité qui prévaut actuellement, au Sénégal, comme dans toute la zone sahélienne (Leroux, 1973).
Les précipitations mensuelles et annuelles
La détérioration climatique consécutive au changement global du climat a entraîné une irrégularité interannuelle des précipitations, mais aussi une diminution des volumes précipités qui s’est traduite par un glissement remarquable des isohyètes vers le sud (figure 2).
Températures
La région des ”Niayes” bénéficie d’un microclimat assez particulier par rapport aux autres parties du pays qui s’intègrent dans les mêmes domaines climatiques qu’elle. Elle est caractérisée par des températures modérées influencées par la circulation des alizés maritimes soufflés par les courants froids des Açores. La température mensuelle moyenne la plus chaude oscille autour de 27,5°C à Dakar et de 28,1°C à Saint-Louis et survient en juillet et août. De novembre à février, la température maximale est inférieure à 28°C alors que la température minimale est inférieure à 18°C sur la quasi-totalité de la grande côte.
Cependant, la présence de l’harmattan, faiblement ressentie dans cette partie du pays, élève la température à un maximum de 31°C en mai et juin.
L‘humidité relative
La proximité de l’océan favorise le fort taux d’humidité relative qu’on peut noter dans ce milieu. Ainsi, l’humidité relative minimale est de 15 % dans les zones les plus éloignées de la mer ; dans les zones les plus proches, le taux d’humidité peut remonter jusqu’à 90 % à partir du mois d’avril (Fall et al., 2000).
L’insolation et l’évaporation
Pour la région de Dakar, les résultats obtenus montrent que le maximum d’insolation se situe en avril avec une moyenne de 9 h 22 mn pour ces dix dernières années. Le minimum se situe en septembre avec 6 h 54 mn.
Pour l’évaporation, on constate que les mois les plus secs connaissent les taux les plus élevés et elle connaît une baisse significative pendant l’hivernage.
Ce phénomène semble être directement lié à l’insolation qui décroît également pendant la saison pluvieuse.
Les vents
Cette zone est caractérisée par une alternance de vents continentaux secs et de vents maritimes humides. Les vents du nord qui soufflent pendant la saison sèche proviennent de l’anticyclone des Açores après un parcours océanique. Ce sont des alizés maritimes chargés d’humidité, frais et de direction nord-est. Ils sont légèrement plus violents que les vents qui soufflent pendant la saison humide. En débordant plus à l’intérieur du continent, ce flux perd sa fraîcheur et son humidité.
Il revient donc vers les côtes moins frais et plus sec. Ce courant intéresse surtout les régions côtières.
L’harmattan est un courant continental chaud et sec venant de l’anticyclone saharien à la rencontre de celui des Açores. Il est absent sur les côtes parce que sa progression est ralentie par les alizés maritimes.
Pendant la saison humide, il souffle un vent chaud et humide. C’est la mousson qui est généralement associée à des précipitations abondantes. Ce vent est de direction WNW dans la région de Dakar.
La géomorphologie
D’après Fall et al. (2000), la région des ”Niayes” est caractérisée par des formations sédimentaires du quaternaire qui reposent sur des formations plus anciennes : les formations antéquaternaires sont, pour l’essentiel, celles du secondaire et du tertiaire (maestrichien, paléocène inférieur, éocène inférieur, lutétien inférieur et supérieur) tandis que les formations du quaternaire sont constituées d’un matériel sableux qui couvre la majeure partie du territoire sénégalais. Sur le littoral nord, ces formations se caractérisent par une succession de dunes d’âges, de textures et de couleurs différentes depuis la côte jusqu’à l’intérieur des terres. Trois systèmes dunaires prédominent (figure 4)
Hydrologie et ressources hydrogéologiques
La zone des ”Niayes” ne présente pas actuellement de véritables écoulements fluviaux. Cependant, sa morphologie laisse entrevoir l’existence d’anciennes vallées fluviatiles exoréiques perpendiculaires à la côte. On peut constater, néanmoins, la présence de nombreux lacs comme Mbawan et Tanma, notamment dans la région du Cap-Vert, qui furent occupés par la mer durant la transgression du nouakchottien (Fall et al., 2000). De nos jours, bon nombre de ces lacs ont perdu de leur envergure et de leur importance. Vers le nord, notamment dans la région des ”Niayes” centrales et septentrionales, n’existent actuellement que des mares dont la durée dans le temps et dans l’espace reste largement tributaire de la pluviométrie.
La dégradation persistante des conditions climatiques fait que les écoulements de surface deviennent de plus en plus rares. De nos jours, les ressources en eau dans les Niayes proviennent essentiellement de la nappe phréatique des sables quaternaires qui caractérisent ce milieu (figure 6). La nappe des sables quaternaires est d’une importance capitale par ces multiples usages.
En effet, elle est utilisée pour l’alimentation en eau de la population riveraine, particulièrement pour la ville de Dakar, l’alimentation des animaux et, enfin, pour les besoins agricoles qui confèrent à la région toute son importance.
Matériel et méthodes
Choix de la zone d’étude
La région des « Niayes » produit plus de 80 % des cultures maraîchères du pays, renferme 1 % du cheptel bovin, 3 % des petits ruminants et une part très importante de l’aviculture industrielle (Ministère de l’Elevage, 1998 in Cissé et al., 2000).
Cette bande partagée entre habitat et agriculture, traduit toute une stratégie d’intensification des systèmes agricoles aussi bien au niveau des petits que des grands producteurs.
La zone des ”Niayes”, se caractérise aussi, par sa vulnérabilité notamment, dans sa géologie, ses ressources végétales et plus particulièrement, ses ressources en eau. Cette dernière, se localisant à de très faibles profondeurs, parfois même affleurante est à la fois utilisée pour l’agriculture et, comme eau de boisson. Le caractère poreux du substrat qui la recouvre (sables quaternaires), traduit toute sa vulnérabilité vis-à-vis des formes de pollution d’origine agricole ou domestique de la nappe phréatique.
Le rôle vital que jouent les ”Niayes” dans le vécu quotidien des populations lui confère une position particulièrement intéressante pour l’étude et nous avons porté le choix des sites sur les régions de Dakar et Thiès du fait qu’elles reflètent le mieux cette situation. Dans notre étude, nous avons travaillé sur cinq (5) sites :
– le lac Tanma situé à l’est de Kayar à cheval sur le département de Thiès et celui de Tivaouane est un vaste terrain plat, complètement desséché pendant la saison sèche. Plus à l’ouest du lac, au pied des dunes vives littorales, on trouve une végétation verdoyante constituée de palmiers. Ce ‘’rideau’’ végétal protège une vaste zone de culture maraîchère florissante ;
– le lac Rose (lac Retba) limité au nord par l’Océan Atlantique, au sud par une ligne passant par Kounoun, Ndiékhirate et Diacksaw, à l’ouest par une ligne Niaga, Médina Thioub, Ngalap et à l’est par Kaniak, Gorom I et Mbeute. Le bassin versant du Lac Rose s’étend sur une superficie d’environ 155 km2 où se développe une très forte activité humaine (tourisme et exploitation du sel) qui empêche l’épanouissement de la végétation. Nous nous sommes limités à la bande herbacée qui l’entoure ;
– la forêt classée de Mbao située à une vingtaine de kilomètres de Dakar de part et d’autre de la route nationale reliant Dakar au reste du pays. Cette forêt a fait l’objet d’un reboisement massif de 1954 à 1959 fait de Casuarina, d’Eucalyptus et d’Anacardium (Roy-Noël J., 1982). Cette forêt comprend deux ensembles reboisés : le reboisement du lac Youi et le reboisement du lac Mbeubeusse, séparés par une bande de sable de 500 à 600 m de large recouverte d’une steppe assez pauvre ( Roy-Noël J. et Wane C, 1977).
– le Centre de Développement Horticole de Dakar (CDH)
– la forêt classée de Malika, située sur le cordon littoral à une dizaine de kilomètres au nord de la forêt de Mbao.
Matériel
Matériel pédologique
Les échantillons de sols sont prélevés après avoir dégagé tous les débris qui recouvrent la surface puis mis dans des sachets en plastique et numérotés. Les échantillons sont remis au laboratoire du Bureau Pédologie du Sénégal pour analyse.
Le matériel végétal
Nous avons travaillé sur la végétation particulièrement sur le tapis herbacé.
Méthodes
Méthodes d’analyse des sols
Les échantillons de sols sont mis à sécher dans des salles de séchage à l’abri de toute poussière.
Méthode d’analyse physique
Les propriétés physiques du sol, les plus importantes, sont la texture et la porosité. Pour leur détermination, le sol est broyé puis tamisé à travers des tamis dont les mailles sont de dimensions variables. La terre fine obtenue est conservée dans des sachets en plastique sur lesquels les références des échantillons sont mentionnées. A partir de cette terre fine, les paramètres suivants : le pH, la conductivité électrique, les bases échangeables, les capacités d’échange, le phosphore assimilable, le bilan ionique et la granulométrie seront déterminés.
Détermination de la granulométrie : méthode par pipette de Robinson
Les sols salés sont siphonnés et lavés jusqu’à la disparition des ions chlorures. Une prise de terre est placée dans un erlenmeyer avec quelques millimètres d’eau distillée. Avec un pinceau, les matières organiques qui flottent sont enlevées puis nous ajoutons de l’eau oxygénée à 30 volumes et laissons en contact toute une nuit. Nous portons à ébullition pour enlever les matières organiques restantes. Après avoir laisser refroidir, nous transvasons dans les allonges d’un litre de volume. Ajouter un dispersant et compléter à un litre. En fonction de la température, on procède au premier prélèvement à une profondeur de 10 cm. Ce premier prélèvement correspond à la concentration de limons et d’argiles en suspension. Le second prélèvement s’effectuera au bout de 6 heures ou 7 heures ou 8 heures. Ce prélèvement correspond à la concentration de l’argile. Les sables sont séparés par tamisage.
Méthodes d’analyse de la végétation
L’inventaire de la flore a été effectué entre 1996 et 2005. Les échantillons des espèces ont été collectés, identifiés et déposés dans l’herbier général du département de biologie végétale de l’Université C.A. DIOP de Dakar. Les binômes (genre et espèces) ont été nommés d’après les flores de Berhaut (1967 ; 1971-1979) et actualisés d’après l’Enumération des plantes à fleurs d’Afrique tropicale (Lebrun et Stork, 1991 ; 1992 ; 1995 ; 1997). On trouvera en annexe la correspondance des codes des espèces (annexe 2).
L’étude des groupements végétaux se fait essentiellement par la méthode des relevés phytosociologiques.
Généralités sur la phytosociologie
La phytosociologie est la branche de l’écologie dont l’objet est la description des phytocénoses. Elle est définie comme étant l’étude des communautés végétales du point de vue floristique, écologique, dynamique, chorologique et historique ; l’expression communauté végétale étant prise, ici, comme synonyme de groupement végétal (Guinochet, 1973). La phytosociologie analyse les groupements végétaux à partir desquels sont définies les associations végétales ainsi que l’évolution dans le temps des communautés végétales. Elle repose sur un inventaire floristique préalable à partir duquel peuvent être mis en évidence des groupements végétaux ; on décrit et recherche à comprendre les liens fonctionnels entre les communautés d’espèces et le milieu naturel.
A l’heure actuelle, il existe plusieurs approches de la phytosociologie. La plus ancienne dite sigmatiste, est relative à l’école S.I.G.M.A. (Station Internationale de Géobotanique Méditerranéenne et Alpine), dont les bases ont été établies en 1901 par Flahault, et qui a été mise au point en 1915 à partir de fructueux échanges entre le zurichois Josias Braun-blanquet (1884-1980) et le montpélliérain Pavillard (1868-1961), d’où le qualificatif de zurichomontpellièraine affecté à cette méthode qui définit les communautés végétales (syntaxons) d’une part et leur écologie (synécologie). A partir de ce niveau de base de nouveaux concepts et de nouvelles orientations sont apparus. C’est ainsi que Gehu (1988) et Gehu et Rivas-Martinez (1981) définissent deux autres niveaux supérieurs dans l’analyse phytosociologique du tapis végétal :
– la symphytosociologie ou phytosociologie sériale, qui étudie spatialement les ensembles des groupements végétaux liés dynamiquement à l’intérieur de séries de végétation (sigmetum ou synassociation).