Qu’appelle-t-on orientations en matière d’aménagement ?
On peut décliner le concept d’orientation dans trois directions : à la base, il y a des options fondamentales que sont les grands objectifs nationaux de développement. Il s’agit ensuite d’en déduire les implications spatiales et enfin de définir les conditions sectorielles de leur mise en œuvre.
Les options fondamentales
On peut classer les grands objectifs en deux rubriques, celle du développement durable, celle de l’équité – efficacité. a) le développement durable : en utilisant cette notion sous l’angle précis des rapports à la nature, on peut retenir deux thèmes majeurs, les ressources et les milieux. – les ressources : la ressource naturelle par excellence est l’eau et on connaît la gravité des problèmes posés. La seconde ressource est l’ensemble constitué par les sols et les couverts végétaux – et en premier lieu la forêt : la situation est critique – les milieux : le Maroc dans son ensemble est un assemblage de milieux fragiles ou extrêmement fragiles.
On n’évoquera ici que les cas les plus difficiles, à savoir les montagnes et les littoraux et en termes régionaux, le Sud et le Sahara b) équité et efficacité : ces deux notions doivent être articulées en permanence puisque l’objectif stratégique est précisément d’assurer leur conciliation, dans une perspective de développement durable. Dans les conditions où nous nous trouvons aujourd’hui, cette conciliation passe par les objectifs suivants :
– ouverture et ancrage historique : l’orientation fondamentale, définie de longue date, est celle qui consiste à faire face au défi de l’ouverture économique et culturelle, tout en affirmant la volonté de promouvoir l’ancrage historique de la nation, ses spécificités humaines. Relever le défi de la mondialisation ne signifie aucunement accepter d’être noyé dans un magma culturel transnational ; tout au contraire, l’identité historique est la condition première pour affronter sérieusement la mondialisation.
Cette option est la plus stratégique pour l’aménagement du territoire. – rattrapage des retards d’équipement : notre pays souffre d’un héritage très lourd, le sous-équipement de la majeure partie du monde rural. Les campagnes ont été largement délaissées, abandonnées à l’analphabétisme et au non- DAT – SNAT 14 développement. Ce retard là n’est plus supportable, aussi bien du point de vue économique que du point de vue humain. – créations d’emplois : le défi social le plus brûlant est celui de l’emploi des jeunes.
Les générations du boom nataliste des décennies soixante-dix et quatrevingt arrivent aujourd’hui sur un marché du travail incapable de les accueillir. – résorption du surpeuplement agricole : le monde rural est largement souséquipé, mais il y a peut-être plus grave encore, avec le sous-développement économique d’une grande partie de l’agriculture. La surcharge démographique dans le bour défavorable et dans les régions montagneuses ne sera plus acceptée par des populations alphabétisées et intégrées à l’information
Les implications spatiales
agriculture et monde rural : au point où nous en sommes aujourd’hui, il faut faire face conjointement à la crise agricole et à la crise rurale ; les deux démarches doivent être intégrées, c’està-dire traitées dans un cadre territorial adéquat. Si les options générales doivent être définies au plan national, la mise en œuvre doit passer par des programmes territoriaux ; le cadre le plus indiqué est certainement celui de la province.
croissance urbaine
C’est dans les villes, et plus particulièrement dans les villes « économiques » que se jouera la partie principale, celle du développement et de l’emploi. La souscroissance structurelle dont souffre notre pays résulte pour une part des carences structurelles des métropoles, et en premier lieu de Casablanca. Cela passe par une série d’objectifs bien connus : – rattraper les retards en matière d’infrastructure urbaine : assainissement, transports, logements, etc… –
faire entrer la construction urbaine dans la légalité – réformer la politique du logement – développer un nouvel urbanisme – traiter l’aire urbaine centrale comme une entité – traiter le patrimoine comme outil de développement : dans ce domaine Fès constitue un modèle. La médina, l’artisanat, la tradition culturelle doivent être abordés conjointement comme un système socio-économique, porteur d’un potentiel de développement qui a été injustement méprisé.