MONDIALISATION FINANCIÈRE ET INSTABILITÉ MACROÉCONOMIQUE
Instabilité macroéconomique
L’un des avantages attendus de la mondialisation est qu’elle devrait permettre, grâce à la diversification des risques, de mieux réduire l’instabilité. Pour les pays en développement, dont l’instabilité est intrinsèquement plus grande du fait de leurs structures de production moins diversifiées que celles des économies industrialisées, cet avantage devrait être encore plus marqué. Pourtant, les crises récentes de certains pays MIF donnent à penser que l’instabilité a peut-être été en réalité accrue par l’intégration financière. Quels sont globalement les effets constatés de la mondialisation sur l’instabilité macroéconomique? Pour répondre à cette question, il importe de distinguer entre l’instabilité et l’instabilité de la consommation.
Dans les modèles théoriques, les effets directs de l’intégration mondiale sur l’instabilité de la production sont ambigus. L’intégration financière offre un accès au capital qui peut aider les pays en développement pauvres en capital à diversifier leur base de production. D’un autre côté, en raison de considérations d’avantages comparatifs, la montée de l’intégration financière pourrait aussi conduire à une spécialisation croissante de la production, rendant ainsi les économies plus vulnérables à des chocs spécifiques aux industries (Razin and Rose, 1994).
Quels que soient ses effets sur l’instabilité de la production, la théorie suggère que l’intégration financière devrait réduire l’instabilité de la consommation. La capacité de réduire les fluctuations de la consommation est considérée comme un déterminant important de la prospérité économique. L’accès aux marchés financiers internationaux offre de meilleures possibilités aux pays de partager le risque macroéconomique et par là de lisser la consommation.
L’idée de base est que, puisque les fluctuations de la production ne sont pas parfaitement corrélées entre les pays, l’échange d’actifs financiers peut servir à isoler le niveau de la consommation nationale de celles des fluctuations de la production qui sont spécifiques au pays (voir Obstfeld and Rogoff (1998), chapitre 5). L’appendice II présente un examen analytique détaillé de cette question et montre que les gains offerts par le lissage de la consommation pourraient être très grands pour les économies en développement.
Quelques facteurs aggravants de la vulnérabilité aux risques de la mondialisation
La recherche empirique indique que la composition des entrées de capitaux et la structure des échéances de la dette extérieure semblent être associées à une vulnérabilité plus élevée aux risques de la globalisation financière. Il a été montré que l’importance relative de différentes sources de financement pour l’investissement intérieur, mesurée par les trois variables de substitution qui suivent, présente une association positive avec l’incidence et la sévérité des crises monétaires et financières : le ratio des emprunts bancaires ou autre endettement à l’investissement direct étranger; la brièveté de la structure des échéances de la dette extérieure; et la part de la dette extérieure libellée en devises étrangères.
Detragiache et Spilimbergo (2001) constatent de façon concluante que la probabilité d’une crise de la dette est plus élevée dans les pays dont la dette extérieure est à court terme41. Cependant, la structure des échéances n’est peut-être pas entièrement une question de choix car, soutiennent les auteurs, les pays dont les fondamentaux macroéconomiques sont médiocres sont souvent forcés d’emprunter à des échéances plus courtes puisqu’ils n’ont pas accès aux prêts de longue durée. Outre les politiques macroéconomiques fondamentales, d’autres choix de politiques de nature systémique peuvent aussi affecter la vulnérabilité des MIF.
Les dernières crises monétaires ont fait ressortir l’un des principaux risques à cet égard. Les pays en développement qui tentent de maintenir un régime de taux de change relativement inflexible doivent souvent faire face à des attaques contre leur monnaie. Si diverses formes de régimes de change à taux fixe ou partiellement fixe peuvent présenter quelques avantages, l’absence Claessens et Forbes (2001) contient un recueil d’essais sur les différentes dimensions des effets de contagion.
Boyer, Gibson et Loretan (1999); Forbes et Rigobon (2001) soutiennent que les faits appyant la contagion pure sont très faibles par rapport aux faits confirmant l’autre contagion due aux paramètres fondamentaux. Corsetti, Pericoli et Sbracia (2002) soutiennent que, sur la base d’hypothèses plus générales, on constate davantage de faits à l’appui du premier type de contagion. Bayoumi et al. (2003) constatent une contagion «positive» associée à l’entraînement mimétique des entrées de capitaux sur les marchés émergents.