Modèle de l’œil attristé d’un enseignant
Introduction au modèle
Ce modèle est constitué de deux plans ; l’un dit supérieur correspondant au milieu des savoirs, l’autre dit inférieur correspondant au milieu institutionnel dans lequel évoluent les individus (enseignant et étudiant). Ce modèle « global » permet de représenter les différentes relations entre enseignant, étudiant, milieu des savoirs et milieu extérieur. Il permet également de situer dans le plan supérieur « l’image floue du savoir propre de l’étudiant » que nous définissons comme étant ce que perçoit l’enseignant du savoir propre de l’étudiant. L’endroit de cette image « floue » dépend de la perception de l’enseignant et de ce que l’étudiant veut bien laisser percevoir.
Il est tout à fait possible que certains étudiants, souhaitent consciemment, donner une image de leur savoir propre éloignée de la « réalité ». Par exemple, il se peut qu’un étudiant complexé de la « qualité » de son savoir propre, décide de renvoyer une image tronquée de ce dernier. Il pourrait répondre « je ne sais pas » ou « je n’ai pas suffisamment travaillé ce point » afin de ne pas prendre le risque de se tromper dans une réponse à un test conceptuel de façon à « faire croire » qu’il s’agit d’un manque de travail plutôt qu’une absence de connaissance.
Un modèle au centre de nombreuses interactions
La Figure 3- 2 suivante permet de situer le milieu dans lequel nous plaçons notre modèle constitué du plan des savoirs et du plan des individus cités précédemment : 202 Lefebvre Olivier – Thèse de Doctorat – 2018 Le milieu extérieur est constitué de tous les éléments socio-culturels avec lesquels peut interagir l’enseignant, l’étudiant et les savoirs en dehors du milieu institutionnel dans lequel évoluent les individus. Le milieu institutionnel est ici en général l’université (amphithéâtres, salles de travaux dirigés, salles de travaux pratiques bibliothèques, salles de travail, C.R.O.U.S., etc.).
Nous n’avons pas la prétention d’étudier les interactions avec le milieu extérieur et nous nous limitons à l’étude de la perception que peut avoir un enseignant donné d’un savoir propre d’un étudiant donné, que nous plaçons au centre de notre représentation schématique en tentant de préciser l’environnement immédiat.
Un modèle complexe
Il met en évidence certaines relations entre les deux plans (celui des savoirs et celui des individus) ainsi que certaines interactions avec le milieu extérieur. La figure 3.3 nous permet d’illustrer la démarche qui nous a conduit à ajouter dans le plan des savoirs, une sorte de « mirage » que nous appelons « image floue du savoir propre de l’étudiant ». Nous avons décidé de placer cette image entre le savoir à enseigner et le savoir propre de l’étudiant bien que celleci pourrait se trouver à l’extérieur de ce segment, notamment à droite du savoir propre de l’étudiant.
Il se pourrait, par exemple, pour un couple enseignantétudiant donné, que cette image floue se trouve à droite du savoir propre de l’étudiant pour un savoir de référence donné et qu’elle se trouve à gauche pour un autre savoir de référence. Le changement de milieu entre le plan des savoirs et le plan des individus est à l’origine de la courbure ou de la cassure, du « rayon » partant du savoir propre de l’étudiant et arrivant jusqu’à l’enseignant, illustrant la propagation d’une information concernant le savoir propre que l’étudiant veut bien délivrer.
Cette courbure ou cette cassure peut se faire dans un sens ou dans l’autre, ce qui a pour conséquence de placer l’image floue à droite ou à gauche du savoir propre visé. A ce stade de la description du modèle, le physicien percevra nettement l’analogie utilisée avec la modélisation par le rayon lumineux, de la propagation de la lumière en optique géométrique. Les termes d’image floue et de mirage prennent alors tout leurs sens.