Longforms multimédia et storytelling politique
Nos longforms se heurtent à une définition multiple de la notion de dispositif. La notion de dispositif dispose dans un premier temps d’une définition technique. Le mot qualifie « toute manière de disposer les différentes parties d’un appareil ou des travaux exécutés en vue d’une exploitation de carrière, de mine, etc. » Il faut ainsi concevoir un dispositif comme quelque 47 chose d’efficace et de pensé afin d’avoir un effet précis, et donc constitué de techniques et de ressorts pour y parvenir. Et d’ailleurs, plus généralement, le dispositif est compris comme l’ « agencement d’éléments qui concourent à une action ou à un but. »
Les longforms que nous 48 étudions ne sont donc pas dissociables d’un aspect technique, presque machinique, et correspondent donc à la première définition. Les longforms ici étudiés dépendent bien d’une machine qui, bien que gérée par la main de l’homme, est l’instrument technique qui permet de disposer des informations, qui sont elles-mêmes disposées sur une page-écran dépendant d’une machine. Mais les longforms auxquels nous nous intéressons n’en restent pas moins humain, puisque le dispositif technique auquel ils appartiennent ne met pas uniquement en scène des humains, mais aussi des machines.
Il s’agit d’un dispositif médiatique. Voici la définition qu’en donne Anderson: « Un média est une activité humaine distincte qui organise la réalité en textes lisibles en vue de l’action. » Selon Anderson, l’humain a la primauté sur la technique, et c’est bien lui qui, en fin de 49 compte, organise la réalité. Pour le chercheur, cette organisation de la réalité permet de fournir un instrument de pensée. Le message semble être un cadre sémiotique sur lequel « le lecteur peut opérer » . Ce dispositif indiquerait donc que le lecteur participe à l’élaboration du sens à partir du 50 texte, et ainsi le co-construire. Nos longforms sont donc des dispositifs humains, mais qui passent par le biais d’une machine.
Ces longforms peuvent être abordés dans un premier temps comme un dispositif communicationnel Tentative de définition Ici, ce qui semble apparaître au premier plan est l’idée que ce dispositif est voué à la communication à l’adresse d’un énonciateur à un récepteur. C’est-à-dire un dispositif communicationnel. Voici la définition que l’on peut trouver en ligne de la notion de dispositif communicationnel. Définition: Ensemble de moyens qui favorisent la communication. L’individu communique à l’aide de huit dispositifs communicationnels (par ordre décroissant de portée) distance interpersonnelle, gestuelle, parures, voix, expressions faciales, regard, toucher et olfaction.
Comme en témoigne cette définition, le dispositif communicationnel est ce qui permet de favoriser les interactions entre différentes parties, différentes personnes, différentes entités. On peut remarquer que cette notion est profondément liée à la perception, aux sens. Il n’y a pas que les mots qui comptent. Tout ce qui les entoure est important, et permet à l’individu d’entrer en interaction avec d’autres (encore une fois, le dispositif est social). Le dispositif communicationnel est donc composé de signaux multiples, qui font appel à tous les sens. Force est de constater que l’idée de dispositif communicationnel est déjà emprunte d’une idée qui nous fait très fortement penser à Wagner: la synesthésie. On nous parle d’éléments liés à la vue, à l’ouïe, au toucher, à l’odorat.
Ainsi, un message peut être transmis par différents canaux, qui correspondent à différents sens. Avec nos objets; ce qui est mis en avant, c’est que chaque sens peut être touché simultanément (à part l’odorat et le toucher pour le moment, puisque les possibilités techniques sont parfois encore limitées), d’une manière que même l’opéra wagnérien, malgré tout ces efforts, n’aurait jamais pu mettre en oeuvre.