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La pêche crevettière est l’une des plus importantes activités de pêche à Madagascar, tant sur le plan économique que sur le plan culturel. En effet, l’exploitation des ressources crevettières est constituée, depuis longtemps, par une filière importante en raison de leur haute valeur marchande par rapport aux poissons. Elle est associée à une forte demande sur le marché. Dans ce sens, de nombreux opérateurs économiques ont investi des capitaux dans cette filière. Actuellement, elle nécessite une gestion adéquate. En effet, il est observé que la capacité d’exploitation des flottes de pêche dépasse la production excédentaire des stocks (FAO, 2005).
L’existence d’une relation trophique entre les crevettes et les mangroves amène à dire que les mangroves constituent un élément essentiel dans le développement des crevettes. Elles sont considérées comme des écosystèmes productifs contribuant à maintenir l’intégrité écologique. En effet, la biologie des crevettes confère aux mangroves une importance considérable en tant que nursery.
Les mangroves constituées par une forêt aquatique particulière au littoral des pays tropicaux, abrite une faune et une flore importante pour l’équilibre des écosystèmes. Par ailleurs, elles fournissent des moyens de subsistance aux nombreuses communautés qui habitent à proximité. Elles jouent un rôle important sur les plans économiques, sociaux et culturels, en rapport avec divers facteurs l’extension et la densité des populations riveraines. Entre autres, des outils et engins de pêche sont faits à partir de produits prélevés dans les mangroves.
Ainsi, des initiatives de protection des mangroves basées sur la complémentarité des actions menées et des appuis aux communautés locales permettent de dissiper la dichotomie entre la conservation et l’utilisation durable des ressources. La dégradation des mangroves va se traduire par la réduction des habitats écologiques. Elle perturbe la vie des espèces inhérentes y compris les crevettes pénéides et par la suite, la disponibilité des stocks exploitables pour la pêche.
Quant à l’aménagement de la filière crevettière, des hypothèses sur l’analyse et des problèmes de la diminution de la productivité ont été avancées. Des travaux scientifiques ont déjà mentionné la part de la pêche traditionnelle dans la baisse des rendements des chalutiers crevettiers œuvrant sur la façade occidentale malgache (CAVERIVIERE et al., 2008 ; SANDON et al., 2003). Ces études se sont spécifiquement préoccupées de la biologie, du rendement, de la performance de chaque zone de pêche. Mais peu d’études ont traité la relation entre les crevettes et leurs zones de nursery.
Parallèlement à cette optique de préservation de l’écosystème mangroves et la sauvegarde de la pêcherie crevettière, la mise en place des ZCBS a été établie par l’arrêté N°2055/2009 dans la Baie d’Ambaro. Ce texte a pour objectif la préservation des populations halieutiques pour la régénération des stocks, en particulier les crevettes pénéides.
CONTEXTE
Situation actuelle de la production crevettière
Au niveau international, la crevette reste le produit le plus demandé en valeur, avec 17% de la valeur totale des produits de la pêche échangés en 2006. Les exportations annuelles de crevettes représentent actuellement plus de 14 milliards de dollars (FAO, 2008).
En termes de valeur, les principaux pays exportateurs sont la Thaïlande, la Chine et le Vietnam. En 2007, les demandes en cette denrée ont diminué aux Etats-Unis d’Amérique qui est le principal importateur et au Japon, alors que l’Union européenne consolide sa position de premier marché de la crevette dans le monde. Aussi, les importations de crevettes ont enregistré dans tous les grands marchés européens, à l’exception du Royaume-Uni, une tendance à la stabilité ou à la croissance (FAO, 2008).
Le volume des captures de crevettes représente 2 à 3 % de la production halieutique mondiale (FAO, 2007). Toutes espèces confondues, le volume de la capture mondiale de crevettes est passé d’environ un million de tonnes en 1970 à près de deux millions de tonnes en 1990 . Actuellement, la production mondiale de crevettes, de capture et d’élevage, s’élève à 6 millions de tonnes, dont environ 60% font l’objet d’un commerce international (FAO, 2007).
Comme toutes les ressources halieutiques mondiales, les crevettes sont actuellement soumises à une forte pression de pêche. Certains stocks sont exploités au-delà de leur niveau maximum de production soutenable (IONIARILALA, 2003). La mauvaise gestion des ressources halieutiques est évoquée dans les diverses résolutions au niveau mondial telles que le Consensus de Rome sur les pêcheries mondiales en 1995, le code de conduite pour une pêche responsable adopté par la conférence de la FAO en octobre 1995 et la déclaration de Kyoto en 1995 (FAO, 2005).
La détérioration de l’état des ressources de la pêche crevettière dans les pays en développement s’explique en partie par le nombre d’acteurs dans le secteur de la pêche traditionnelle et à petite échelle. Cette mutation évolue de manière spectaculaire, soit en raison de l’accroissement démographique général, soit du fait de la pression exercée sur les autres types d’emplois. Elle pousse les gens à faire de la pêche une occupation permanente ou saisonnière (FAO, 2005).
Exploitée par les pêcheurs individuels piroguiers, les petites entreprises familiales, les sociétés industrielles et les groupes industriels, la crevette est une ressource extrêmement convoitée à Madagascar. La demande continuelle et croissante en cette denrée a pour conséquence par un accroissement de l’effort de pêche consécutivement à l’augmentation du nombre de bateaux de pêche ou d’engins de pêche pour la pêche traditionnelle. Depuis 2004, la baisse des rendements par suite de l’augmentation de la performance des flottilles, du développement de la pêche traditionnelle et de la collecte a suscité des réflexions sur un système de gestion des droits de pêche. La compétition s’est accrue sur le marché international et a donné lieu au développement important de la production de crevettes d’aquaculture par des pays déjà producteurs ou nouveaux entrants (Amérique du Sud, Asie continentale et du Sud Asiatique) (ROJAT, et al., 2004).
En ce qui concerne l’évolution des captures et le rendement, le Service statistique de pêche a estimé que 72 % de la production totale en crevettes de pêche sont représentés par la pêche industrielle et que 24% sont constitués par la pêche traditionnelle (RAFALIMANANA, 2003). La région de la baie d’Ambaro contribue à elle seule à 56,2% de la production totale de la pêche traditionnelle provenant en grande partie des ‘’Valakira’’, des ‘’Kaokobe’’ et des ‘’Periky’’ (DOMALAIN et RASOANANDRASANA, 2001).
INTRODUCTION |
