La surexploitation des forêts de Madagascar a entraîné une réduction drastique des surfaces boisées et une accélération de l’érosion des sols fertiles. Il subsiste encore cependant dans certaines régions, des forêts reliques caractérisées par une grande diversité d’espèces d’arbres dont beaucoup sont des espèces endémiques. Parmi celles-ci, on trouve plusieurs essences à bois précieux et de grande valeur commerciale comme les Palissandres renommés pour la qualité et la beauté de leur bois. Malheureusement, la plupart de ces espèces font actuellement l’objet d’une large surexploitation commerciale qui les menace à court terme de disparition.
Bien que ces pratiques revêtent une certaine importance pour la vie active des populations concernées, elles engendrent de graves préjudices environnementaux menaçant leur survie et entravant toute possibilité de développement durable. En effet, au sein de ces écosystèmes, la production primaire est limitée par la faible disponibilité de l’azote, et dans bien des cas, du phosphore suite à la surexploitation des écosystèmes entraînant une perte en éléments minéraux, la destruction de la faune et de la microflore tellurique difficilement compensable à long terme par les apports externes.
Des initiatives ont été prises visant à conduire à la domestication de ces espèces forestières en pépinière et en plantation. Parmi toutes les solutions proposées en sylviculture pour améliorer la production ligneuse, l’utilisation de microorganismes symbiotiques (rhizobia et/ou champignons mycorhiziens) pourrait constituer une solution durable et novatrice. En effet, il est connu que les microorganismes symbiotiques améliorent significativement le développement de ces essences forestières. Des résultats obtenus en conditions contrôlées montrent que ces symbiotes bactériens ou fongiques stimulent la croissance de la plante hôte en optimisant la nutrition minérale de la plante, en particulier au niveau de l’azote et du phosphore qui sont les principales carences minérales rencontrées dans ces régions (Duponnois et al., 2001, Founoune et al., 2002 ; André et al., 2003).
Généralités sur les plantes
Description du genre Dalbergia
Dans la classification botanique, les Palissandres (Dalbergia spp.) appartiennent à la famille des légumineuses, sous-famille des Papilionaceae et à la tribu des Dalbergiaea qu’ils partagent avec le genre Pterocarpus (Du Puy et al., 2000). Les Dalbergia sont des arbres, ou moins fréquemment des lianes avec des pousses enroulées. Les fleurs sont généralement de couleur blanche à crème parfois nuancées de mauve ou violet, avec des pétales aux ailes étroites à texture épaisse (bec apical, si présent). Les fruits sont allongés, ovales, elliptiques, avec une aile à texture épaisse.
A Madagascar, leur biodiversité est exceptionnelle. La flore malgache comprend 43 espèces de Dalbergia dont 42 sont endémiques et une seule africano-malgache (Dalbergia bracteola). Les espèces de Dalbergia se trouvent à travers tout Madagascar, dans tout type de végétation, excepté au delà de 1600 à 1800m d’altitude. Ces essences forestières, comme la majorité des plantes terrestres, sont associées en conditions naturelles à des microorganismes symbiotiques. Deux types de symbioses (statut symbiotique complexe) ont été signalés chez ces plantes : symbiose fixatrice d’azote (Rasolomampianina et al., 2005) et mycorhizes à vésicules et arbuscules (Rasolomampianina, comm pers., 2007).
Parmi les 42 espèces endémiques, nous nous sommes intéressés à l’espèce de Dalbergia trichocarpa qui est l’une des 5 espèces de Dalbergia capables de se développer en milieu ouvert (hors forêts). Cette caractéristique permet de suggérer qu’il serait possible de l’utiliser comme essence de reboisement pour la production locale de bois de construction.
Description de Dalbergia trichocarpa
Dalbergia trichocarpa est un arbre caducifolié de 4 à 15m de haut. L’écorce blanchâtre à gris, lisse sur les jeunes arbres, devient plus ou moins rugueuse. Les tiges sont pubescentes à rameaux glabres, bruns, striés longitudinalement. Les feuilles, longues de 6 à 10cm, avec 15 à 19 folioles alternes (quelquefois sub-opposées). Les pétioles et les rachis sont densément pubescents. Les inflorescences en panicules terminales portent quelquefois des feuilles réduites. Le fruit, oboval à oblong, se rétrécissant à la base, renferme 1 à 2 graines ; l’apex étant arrondi ou se rétrécissant légèrement.
Répartition de Dalbergia trichocarpa
Cette espèce ligneuse est distribuée dans les différentes régions de Madagascar:
Ouest de Madagascar : abondant dans les régions de Boina et d’Ambongo
Dans le Nord : région d’Analalava et d’Antsohihy
Dans le Sud : région de Morondava .
Impact écologique et économique de Dalbergia trichocarpa
Comme beaucoup d’espèces de Dalbergia endémiques, Dalbergia trichocarpa présente un intêret économique et écologique considérable. Cette espèce appelée communément « Manary kiboty, Manary mena, Manary toloho et Manipika » à l’Ouest de Madagascar a été identifié comme bois de haute qualité. Il est très recherché localement pour la qualité technologique et esthétique de leur bois. Il est utilisé en ébénisterie, en menuiserie, pour la fabrication de manches d’outil mais aussi en pharmacopée locale (l’écorce est utilisée pour le traitement de diarrhée dans la région de Befandrina Nord) et comme plantes mellifères.
Grâce aux 2 types de symbioses associées à Dalbergia trichocarpa, cette légumineuse peut se développer dans des sols très carencés en éléments minéraux (en particulier au niveau de l’azote et du phosphore) et jouer un rôle important dans le maintien de la fertilité des sols. Ainsi, cette espèce de Palissandre représente non seulement une essence précieuse, mais elle participe à la restauration de la fertilité des sols en les enrichissant en azote et en phosphore.
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