Les fosses d’aisances

Les fosses d’aisances

Les fosses d’aisances fixes sans séparation

 Les fosses rudimentaires

Investissement conséquent, en général objet de travaux lors de la construction des maisons et de la pose des fondations, les fosses fixes simples (pit latrine en anglais) sont situées à la partie inférieure des habitations, au niveau et au-dessus des caves260 . Comme le montre la Figure 55, la fosse d’aisances rudimentaire est accessible par un seul orifice qui donne un accès direct et immédiat au volume de stockage. Creusé ou maçonné, l’ouvrage est en général équipé d’une interface avec position assise.

Dans les zones inondables, la création d’un monticule permet de surélever la fosse au-dessus du niveau du terrain naturel. Figure 55 – fosses fixes rudimentaires à un seul orifice (XIXe et XXe s.) De conception voisine mais qui ne peut être considéré comme une fosse d’aisances, certaines exploitations agricoles possèdent des citernes fixes de stockage, réservoirs plus volumineux qui facilitent la logistique du retour au sol. Remplis par des vidangeurs qui y déversent le contenu de leurs extractions, l’existence de ces réservoirs est attestée en 1889 dans les plaines de l’est Lyonnais, couplées à un système de conduites sous pression qui assurent le transfert des matières de vidange jusqu’aux champs.

Les fosses avec tuyau de chute et ventilation

Plus élaborée, la fosse à deux orifices dispose d’un tuyau de chute et d’une ouverture pour permettre la vidange. Pour prévenir le risque de chute dans la fosse et empêcher la diffusion des mauvaises odeurs, située en berceau ou en plein ceintre, la pierre d’extraction, également nommée tampon ou clef, se place sur la voûte 262 .

La fosse d’aisance, ouvrage normalisé

La Coutume de Lyon, en vigueur depuis le moyen-âge jusqu’à la fin du XIXe s. consacre, dans sa version éditée en 1868, un chapitre VIII à certaines précautions à prendre dans l’intérêt de la propriété voisine qui vise, par son article 11, à répondre aux questions suivantes : quelle est la distance à observer et quels sont les ouvrages de précaution à exécuter en faveur de la propriété voisine de l’établissement : 1- des puits, ; 2- des cheminées et âtres ; 3- des fours, fourneaux et forges ; 4- des écuries et étables ; 5- des fosses d’aisances ; 6- des amas de matières corrosives272 ?

Les règles ainsi établies sont relatives aux modalités de construction des parois de la fosse, et peuvent varier d’une ville à l’autre, voire d’un quartier à l’autre. Ainsi, pour prévenir toute fuite, si dans le premier canton de Lyon, la construction… des étables et fosses d’aisances (exige) un contre-mur de 30 cm on note que, dans le sixième canton, on exige, pour les puits et les fosses d’aisances, un contre-mur de 33 cm Curieusement, à quelques dizaines de km sur la commune de Villefranche sur Saône, située en bordure d’une rivière sujette à de nombreux débordements en hiver on exige un mur de contre-fort de 50 cm, pour les puits, fosses d’aisances, étables et écuries.

Des motivations techniques permettent-elles de justifier une différence de 10% entre l’épaisseur des parois des fosses du premier et du second canton de Lyon, et près de 50% entre Lyon et Villefranche ? Si ces préconisations ont été établies en fonction des spécificités géologiques locales, alors les parois sont plus épaisses lorsque les bâtiments reposent sur des terrains proches de la nappe. Il est également envisageable que les compagnons maçons de la capitale du Beaujolais, pour se démarquer de leurs voisins de Lyon, aient adopté des règles plus exigeantes, et donc plus onéreuses. Cette interrogation demeurant sans réponse, il ne fait aucun doute que les règles, qui résultent de négociations locales, se multiplient et se complexifient.

Outre l’épaisseur de la paroi réalisée par le maçon, la nature du matériau de construction et l’avis de l’architecte importent également. Et l’on note ainsi à ce propos dans la Coutume de Lyon, si, en 1856, l’emploi récent des ciments n’avait pas encore modifié les usages en cette matière, cette modification a été reconnue, au contraire, en 1867, par la société d’architecture… les contre-murs exigés dans l’ancienne coutume pour les fosses d’aisances ne sont plus obligatoires ; il suffit d’un enduit en ciment appliqué suivant les règles de l’art.

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