L’evolution des echanges commerciaux

Avant l’installation de la dynastie conquérante des Andrevola, à la fin de la première moitié du XVIIe siècle, sous la direction de Varindry, l’actuel site de Tuléar était déjà occupé par quelques îlots de peuplement humain : très probablement de petites communautés de pêcheurs que l’on désignait pas encore sous le terme Vezo, des agriculteurs les Vazimba et les Tanandro, et, surtout, le groupe le plus important de la région était constitué par les Voroneoke dont existent encore aujourd’hui des descendants que l’on tend à considérer comme un sous-groupe vezo.

Le site de Tuléar devint ensuite l’une des résidences royales, d’où les souverains contrôlaient le commerce de traite. La baie de SaintAugustin, toute proche, devient l’un des principaux points de relâche des navigateurs occidentaux qui se rendaient ou revenaient des Indes Orientales.

La conquête Masikoro s’est probablement produite vers la fin du XVIe siècle : un groupe dirigé par Zafimahanoro a quitté la région d’Itomampy (Une rivière du Sud Est de la Grande Ile qui prend source dans la chaîne d’Anosy) à la suite de problèmes de succession au sein du royaume de Matacassi. Au début du XVIIe siècle, il s’est installé dans la région de Tuléar. Grâce à l’efficacité de son organisation militaire, comparable à celle de ses parents Maroserana qui se sont trouvés, à la tête de la dynastie Sakalava du Menabe. Elle réussit facilement à s’imposer sur les groupes autochtones, peu nombreux et mal organisés, et à créer, pour l’essentiel, la dynastie Andrevola du Fiherena.

LA RÉGION DE TOLIARA ET LES PÔLES DE COMMERCE AU XIX è SIÈCLE

DÉLIMITATION ET ADMINISTRATION DE LA RÉGION DE TOLIARA

Au XIXe siècle la région de Fiherena est la province entre la vallée de l’Onilahy au sud et la vallée de Mangoky au nord. Dès le début du XIXe siècle, les Mahafale et les Masikoro s’étaient mis d’accord pour la délimitation de leurs royaumes respectifs. Mais c’est au sein du lignage royal Andrevola qu’éclatèrent, après la mort de Marentoetse ou Andriamanale, (entre 1845-1849), les conflits de pouvoir entraînant la division du Fiherena en quatre petits royaumes. Quatre petits royaumes souvent rivaux.

Son dernier fils Andriamananga dirigeait le delta du Mangoky ou Volirano. Ses deux petits-fils Lahiabo dirigeaient le territoire Befandriana Sud avec comme capitale Antanamieva ; Retivoke le territoire au Sud et à l’Ouest d’Ihotry avec comme capitale Tsiloakarivo. Et enfin, son neveu Lahimiriza (1849-1886) dont l’autorité s’étend sur le territoire compris entre le Manombo et l’Onilahy. Nous savons que Marentoetse avait assassiné son frère pour s’emparer du pouvoir. Lahimiriza son neveu avait dû se réfugier chez le Bara Imamono pendant tout le règne de Marentoetse. Mais à la mort de ce dernier il est revenu récupérer le pouvoir qu’il obtint avec l’aide des Bara. Cependant, Lahimiriza n’obtint pas les reliques qui devaient légitimer son pouvoir car elles étaient détenues par ses cousins. Ce qui explique les guerres incessantes ayant sévi dans le Fiherena tout au long du XIXe siècle.

La baie de Saint Augustin devenait une zone économique importante à partir du milieu du XIXe siècle avec l’afflux des traitants. L’une des principales raisons des conflits internes au sein de la dynastie des Andrevola fut entre autres le contrôle de Saint Augustin.

Le pays divisé a donc subi les contrecoups de l’expansion merina du XIXe siècle.

Radama I, à qui son père Andrianampoinimerina recommande d’étendre son royaume jusqu’à la mer, et qui a été reconnu par les Britanniques en 1817 comme l’unique roi de Madagascar, n’est pas intervenu dans le Fiherena. . . L’expansion merina n’a touché cette région que sous le règne de Ranavalona I, autant pour achever l’œuvre d’unification de son mari que pour contrôler le commerce européen dont les centres importants sur la côte Ouest sont la baie de Saint Augustin, Toliara, Nosy Ve, Manombo. Ranavalona Ier organise des expéditions pour soumettre la région.

La première, dirigée par Rainijohary n’atteint pas les centres commerciaux, mais obtint la soumission apparente et éphémère de la localité de Saly. Celle commandée par Rainiharo, en 1835, s’est terminée par la capture de quelques individus et d’un peu de bétail. Rainiharo conduisit 5 000 mille hommes contre les Bara qu’il dispersa sans les soumettre et poussa une reconnaissance, conduite par un des ses lieutenants, Raombalahisolo à la tête de 1 000 soldats, jusqu’à Saint Augustin, mais ne peut s’y établir devant l’hostilité de la population. En effet, quelques jours avant l’arrivée des hommes de Raombalahisolo dans la baie de Saint Augustin :

« Un navire français appartenant au commerce de Bourbon, le Voltigeur, avait à son bord 50 Hova commandés par trois officiers. Lorsqu’il se fut rendu à la baie de Saint Augustin, plusieurs chefs malgaches du voisinage furent invités à prendre repas à bord. Ils s’y rendirent sans défiance, or pendant qu’ils étaient à table, le bâtiment appareillait. Lorsqu’ils s’aperçurent du danger qui les menaçait, ils cherchèrent à s’échapper, mais ils furent aussitôt saisis et garrottés. 

Le Voltigeur se rendit à Fort Dauphin et y déposa le détachement Hova avec les malheureux chefs de Saint Augustin. Ceux ci, dirigés sur Tananarive, y furent mis à mort dès leur arrivée. 

Parmi eux se trouvait le fils du roi Marentoetse King Baba » .

Par suite de cet acte de trahison et d’inhumanité, les Merina furent désormais détestés comme les plus cruels ennemis par toutes les peuplades de Saint Augustin, écrit Engelvin .

LES ZONES DE TRANSANCTIONS ET FORMES DE CONTRÔLE

Le choix de Miary comme résidence royale, plutôt que Manombo permettait aux rois de mieux asseoir leur contrôle du littoral et de la baie de Saint Augustin.

La traite des esclaves a pris de l’importance tout au long du XVIIIe siècle jusqu’à la première moitié du XIXe siècle dans cette région du Fiherena dont Tuléar demeurait le centre principal :

« Tuléar est resté en tête parmi les petits postes du Sud Ouest » Selon l’historienne DINA Jeanne .

On y trouvait les magasins de sept maisons de commerce européens ou réunionnais, ainsi que des nombreux entrepôts permettant de stocker les marchandises entre l’arrivée de deux navires. L’importance de ce centre de traite resta cependant longtemps plus faible que celle de l’îlot de Nosy ve, ou l’on gardait plus aisément les esclaves, avant de les envoyer aux Mascareignes.

La traite constituait une activité très lucrative dont dépendait la prospérité du royaume. Elle mobilisait très largement les chefs locaux, vassaux du souverain lesquels montaient constamment des expéditions pour approvisionner les navires des traitants en esclaves et en bœufs.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LA RÉGION DE TOLIARA ET LES PÔLES DE COMMERCE AU XIX è SIÈCLE
CHAPITRE I – DÉLIMITATION ET ADMINISTRATION DE LA RÉGION DE TOLIARA
CHAPITRE II – LES ZONES DE TRANSANCTIONS ET FORMES DE CONTRÔLE
CHAPITRE III- PRODUITS ET RAPPORT D’ECHANGES
1- Conclusion de la première partie
DEUXIEME PARTIE : LA VILLE DE TOLIARA ET L’EVOLUTION DES RAPPORTS SOCIO-ECONOMIQUES URBAINS
CHAPITRE IV – VILLE DE TOLIARA ET ESPACES D’ECHANGES
1- L’étymologie de Toliara (Tuléar)
2- Les maisons de commerce
3- La vie économique de la ville
CHAPITRE V – DU BAZAR BE AU MARCHE DE SANS FIL : CRÉATION ET ORGANISATION
1- LE MARCHE BAZAR BE
1-a- Aperçu historique
2- LE MARCHE « SANS FIL »
2-a- Aperçu historique
2-b- La situation du Marché « Sans Fil » jusqu ‘en 1986
2-c- La situation du marché SANS FIL de 1986 jusqu’ en 1998
3- ORGANISATION ET RÈGLEMENTATION
3-a- Bazar Be
3-b- Sans Fil
3-c- Emplacement des vendeurs
CHAPITRE VI- RAPPORTS SOCIO ECONOMIQUES DES DIFFERENTS GROUPES SOCIAUX A TRAVERS LES « OFFRES » ET LES « DEMANDES »
1- LES ACTEURS
2- GROUPES DES VENDEURS
2-a- Les Indo Pakistanais
2-b- Les Chinois
2-c- Les Vezo et les Masikoro
2-d- Les Mahafale (Tanalana)
2- e- Les Merina
2-f- Les Vakinankaratra (d’Ambatolampy surtout)
2-g- Le Betsileo
3- LES PRIX DES PRODUITS ET LES CLIENTS
3-a- Les conséquences de la dépréciation du franc malgache
4- LES CIRCUITS COMMERCIAUX
4-a- Le circuit direct
4-b- Les circuits indirects
– Le circuit indirect court
– Le circuit indirect long
5- PRODUITS ET ACTEURS
5-a- L’approvisionnement du marché
5-b- Les Consommateurs ou les Clients
– Les ménages
– Les gargotiers ou « hotely gasy »
5-c- Les vendeurs
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
REVUES / ARTICLES
SOURCES ORALES
ANNEXE

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