L’impact de l’implantation industrielle dans la ville

La ville d’Antsirabe se trouve dans la région du Vakinankaratra. L’histoire de la ville d’Antsirabe est étroitement liée à une série de phénomènes migratoires. Vers le début du XVIIIè siècle, le Roi Andrianony immigra dans la région ; plus tard, vers la seconde moitié du XIXè siècle, les missionnaires s’y installèrent. Ils y édifièrent une maison, la première en brique, « la maison de Rosaas ». Ils y ont introduit une nouvelle technologie, celle de la construction en brique ; ils y ont aussi développé un nouveau concept, l’urbanisme, en y créant la première grande artère, l’actuelle Avenue Gallieni.

La ville d’Antsirabe a une altitude moyenne de 1540 m et est située entre 47°04 de longitude Est et 19°52 de latitude Sud. Le relief d e la ville est généralement plat et la région se trouve dans une cuvette. Antsirabe se distingue par des sols volcaniques du côté Ouest et des sols fortement latéritiques à l’Est. Géologiquement, elle est constituée de volcanisme néogène quaternaire de l’Ankaratra. L’érosion est peu active. L’inondation est presque inexistante. Toutefois durant la période des pluies, les eaux stagnent. Le drainage est insuffisant pour assécher les eaux stagnantes. Les pentes longitudinales du Nord au Sud en suivant l’orientation générale du réseau hydrographique est de l’ordre de 5 mètres par kilomètre. Par contre, les pentes transversales de l’Est vers l’Ouest sont plus prononcées sauf à l’abord de la rivière de Sahalombo. Presque tous les bas-fonds sont dominés par les terrains à riziculture, cressonnière, légumier,…. Antsirabe a un climat tropical d’altitude, d’une température moyenne annuelle de 16,7°C, le mois le plus chaud se situe au mois de Février avec 19,7°C et celui du plus froid en Juill et avec 12,7°C. La pluviométrie annuelle est de 1330,6 mm. Le vent dominant souffle du Nord-Est vers le Sud-Ouest. L’année comporte deux saisons bien distinctes, la saison pluvieuse et moyennement chaude, du mois de Novembre au mois de Mai et la saison fraîche et froide, du mois de Juin au mois de Septembre. L’eau potable de la ville d’Antsirabe provient des deux lacs Andraikiba et Andranobe tandis que le lac d’Andranomafana sert de déversoir pour les eaux usées du centre ville.

LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE LA VILLE D’ANTSIRABE 

La ville d’Antsirabe offre des ampleurs pour des grands développements : les données physiques (pédologie, altitude,…) sont favorables pour certaines cultures de spéculation : le blé, l’orge, la pomme de terre, le maïs et aussi des fruits et légumes. Sur le plan humain, la jeunesse de la population constitue un atout dans la fourniture de la main d’œuvre. Du coté économique, elle attire les industries à cause de sa position de « nœud de communication » mais aussi l’expansion du secteur de la transformation, du marché de consommation de la région du Vakinankaratra. Néanmoins, le développement industriel actuel nécessite une cohérence avec l’extension urbaine.

LA SITUATION ACTUELLE DE L’INDUSTRIE DANS LA VILLE D’ANTSIRABE 

La ville d’Antsirabe possède une grande potentialité économique qui se reflète par l’existence de nombreuses industries s’entassant pour la plupart dans la zone Sud, surtout dans le quartier d’Ambohimena. D’autres activités tiennent une place importante dans le développement économique de la ville (tourisme, artisanat…). L’arrivée en masse des entreprises franches gonfle le tissu industriel malgré les problèmes engendrés sur le plan socio-économique et spatial de la ville.

Les principales entreprises industrielles 

La ville d’Antsirabe constitue le second pôle industriel de Madagascar. En effet, la plupart de ses industries, de grande renommée et pourvoyeuses d’emploi, possède une influence considérablement positive sur l’économie régionale et nationale, tel le produit intérieur brut (P.I.B) . Le niveau de vie dans un pays a souvent pour indicateur le PIB par habitant, donné par le rapport entre le PIB du pays et le nombre d’habitants. A part, la taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A) dont la collecte est assurée par les entreprises pour les comptes de l’Etat.

Les entreprises de taille nationale 

TIKO : La société TIKO OIL PRODUCTS fabrique des produits alimentaires (huile de soja, huile de tournesol) et un sous-produit, le « feed mill » (alimentation pour des animaux). La société TIKO a succédé aux anciennes usines MAMISOA. Elle est localisée dans le Fokontany de Mahafaly au Nord est de la ville d’Antsirabe. La capacité de production d’huile est de 100 tonnes par jour. La production moyenne journalière est de 75 tonnes. La production s’effectue 5 jours sur 7 et 8 heures par jour sans pic journalier ou annuel. La production du sous-produit, le « feed mill » est de 80 tonnes par jour environ.

COTONA : La Cotonnerie d’Antsirabe est créée en 1950 et nationalisée en 1976 (51% du capital appartient à l’Etat), l’entreprise Cotona est la plus grande unité industrielle de la région. Elle emploie près de 40 % des salariés du secteur industriel d’Antsirabe [près de 6 000 employés par an, répartis en travailleurs permanents (3 000 personnes) et non permanents, en alternance jour/nuit et la saison annuelle]. Située en amont et en aval de la branche textile, Cotona produit une large gamme de tissus (coton écru, fils, éponge…) qui sera commercialisée par la suite sur le marché national et étranger. Elle fabrique chaque année près de 40 000 milliers de mètres de tissus dont près du tiers est exporté à l’étranger. Son chiffre d’affaire n’a cessé d’accroître depuis 1980. Ceci est dû, en grande partie, à l’intégration de plusieurs filières (filature, tissage, finissage) et la modernisation de certains équipements qui ont permis la production de tissu de meilleure qualité pour les clients à haut revenu. La valeur ajoutée augmente de 19% par an. La productivité de l’emploi s’est améliorée. Actuellement, Cotona continue toujours à recourir au coton importé pour ses matières premières malgré le développement de la culture du coton à Madagascar. Pour garantir un meilleur approvisionnement, elle a ajouté un volet agricole à son activité industrielle pour la production du coton dans la région de Miandrivazo (Tuléar).En plus de ses principales activités, la société Cotona a développé un atelier d’entretien et un service informatique qui sont utilisées par d’autres sociétés. Par ailleurs, cette société possède déjà un centre de formation pour son personnel.

STAR : créée en 1949. Actuellement, les principales unités de production à Madagascar se trouvent à Antsiranana, Antsirabe et Tuléar. La Star produit de la bière et des boissons gazeuses. L’unité industrielle de la société STAR implantée à Antsirabe produit uniquement de la bière en bouteille et emploie 340 personnes (cadres, ingénieurs, techniciens supérieurs). Il s’agit de la seule brasserie à Madagascar et qui diffuse ses produits sur tout le territoire national. L’entreprise est localisée à l’Ouest de la ville d’Antsirabe dans le fokontany d’ Andafiatsimo. Elle emploie jusqu’à 1500 ouvriers (permanents et non permanents) et la production moyenne est de 2 000 000 bouteilles de 65 cl par semaine, soit 1 300 000 litres/semaine. La capacité de production de l’usine est de 1 200 000 hectolitres par an. Il est difficile pour l’entreprise d’effectuer une prévision à long terme, mais elle estime que l’usine pourrait fonctionner à capacité nominale (1 200 000 hl/an) en 2009. Le tiers de sa production est commercialisée dans la zone du Vakinankaratra, la moitié dans la zone d’Antananarivo et le reste dans les autres régions .

SACIMEM : créée en 1956, la société SACIMEM produit des cigarettes pour le marché local et les marchés d’exportation qu’elle cherche à développer. Faisant partie du groupe Bolloré, la société est incluse actuellement dans le groupe britannique Impérial Tobacco Group. La fabrication des cigarettes débute par la collecte des feuilles de tabac entières et séchées préparées par les planteurs des régions de production de Manakara et Morondava. Les feuilles sont stockées dans les entrepôts de Miandrivazo et Ambilobe. Les feuilles de tabac doivent être humectées afin de permettre le foisonnement du produit et sa préparation à la fabrication. 90% de l’eau utilisée par la société est consommée à cette étape de fabrication qui a lieu dans la journée de 6 heures à 18 heures (jours œuvrés : 5j/7j). La capacité de production est de 2 700 000 000 cigarettes par an. La production mensuelle s’élève actuellement à 240 000 000 cigarettes. 30% de la production annuelle se font dans les mois d’Octobre à Décembre. Un deuxième maximum de production (45% de la production) se situe entre les mois de Mai à Juillet. Pendant les autres mois, SACIMEM enregistre une légère baisse de production. Ces variations de production sont liées directement à la vente. Parmi les marques vendues par SACIMEM, il y a Gauloise, Mélia, Boston, Oxford, Good Look, et SMG. Les ventes de SACIMEM représentent 80% du marché malgache. A long terme, SACIMEM compte sur son développement sur le marché international. Outre le site de production, la société dispose d’une cité de logement des employés et d’un centre sportif à 2,5 km au Sud Est de l’usine. La Société emploie actuellement plus de 600 personnes.

SOCOLAIT : La société Socolait fabrique du lait concentré sucré et des farines lactées pour enfants à base de céréales. Elle est localisée dans le fokontany d’Antanety, au Sud Est de la ville d’Antsirabe et emploie 164 personnes. La ligne de production de farine lactée ne tourne que 8 semaines par an ; par contre, la ligne de lait concentré sucré tourne en permanence. La capacité de production est de 48t/j de lait concentré sucré et de 6t/j de farine lactée. Les machines de l’unité de production située à Ambatolampy, acquises par Socolait, sont remontées sur le site d’Antanety (production de lait de soja). Il y a deux autres lignes de production, produits frais et farine de maïs (nourriture animale), qui sont en veille actuellement, mais qui peuvent être réactivées à tout moment. Les produits à base de lait sont fabriqués à partir de la poudre de lait. Cependant, depuis 2002, la société s’est lancée dans les fabrications utilisant du lait collecté en direct. Sa production reste insuffisante au regard des besoins du pays. Les ruptures de stocks dans l’approvisionnement en intrants ne permettent pas à l’usine d’avoir une capacité de production acceptable. Actuellement, l’usine prévoit une faible croissance pour les années à venir. Pour équilibrer les fluctuations de la demande nationale, Socolait table sur l’export (Ile Maurice, Comores).

KOBAMA : créée en 1983, la Kobama est une société oeuvrant dans la transformation du blé. L’usine travaille avec une capacité de production d’environ 180 tonnes/jour. Outre son activité industrielle de transformation du blé, Kobama possède un volet agricole qui consiste à intensifier la culture du blé dans la région par des actions de vulgarisation, d’octroi de crédit de campagne et la garantie de collecte du produit. Malgré son intégration dans le cadre d’un vaste programme d’autosuffisance en matière première, cette usine puise la plus grande part du blé qu’elle utilise à l’extérieur. La production nationale est encore très faible, environ 1000 tonnes collectées par la Société pour la minoterie.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE LA VILLE D’ANTSIRABE
Chapitre 1: LA SITUATION ACTUELLE DE L’INDUSTRIE DANS LA VILLE D’ANTSIRABE
I- Les principales entreprises industrielles
II- Autres activités économiques de la ville
III- Les nouvelles implantations industrielles
Chapitre 2: LE PROCESSUS ET LE MECANISME DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL D’ANTSIRABE
I- L’implantation des industries à Antsirabe
II- Le processus de développement industriel d’Antsirabe
III- Dynamisme et synergie des unités industriels
Chapitre 3: LE SUD D’ANTSIRABE : UNE ZONE D’IMPLANTATION INDUSTRIELLE
I- La situation actuelle du secteur industriel
II- La zone Sud : un site industriel prédestiné
III- Les problèmes rencontrés dans le site industriel, axe sud
Conclusion de la partie
DEUXIEME PARTIE : LE QUARTIER D’AMBOHIMENA ET L’INDUSTRIALISATION
Chapitre 4: LE DEVELOPPEMENT D’AMBOHIMENA
I- Le cadre physique du quartier d’Ambohimena
II- La morphologie d’Ambohimena
III- L’insuffisance des équipements et infrastructures de base
Chapitre 5: LES ASPECTS DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES D’AMBOHIMENA
I- La dimension démographique
II- La dimension socio-économique
III- La croissance migratoire
Chapitre 6: L’INDUSTRIALISATION DU QUARTIER D’AMBOHIMENA
I- Le processus d’industrialisation
II- La structure de l’activité du quartier
III- Impact de l’industrialisation
Conclusion de la partie
TROISIEME PARTIE : L’IMPACT DE L’IMPLANTATION INDUSTRIELLE DANS LE QUARTIER D’AMBOHIMENA
Chapitre 7: L’IMPACT SPATIAL DE L’IMPLANTATION INDUSTRIELLE DANS LE QUARTIER D’AMBOHIMENA
I- La migration excessive
II- Un quartier devenu surpeuplé
III- Les effets spatiaux de l’implantation industrielle dans le quartier d’Ambohimena
Chapitre 8 : L’IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE L’IMPLANTATION INDUSTRIELLE DANS LE QUARTIER D’AMBOHIMENA
I- Le demandeur de premier emploi dans le quartier
II- Le chômage à Ambohimena
III- L’impact socio-économique de l’activité industrielle dans le quartier
Chapitre 9 : L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DE L’IMPLANTATION INDUSTRIELLE DANS LE QUARTIER D’AMBOHIMENA
I- La pollution industrielle dans la ville d’Antsirabe
II- La pollution industrielle d’Ambohimena
III- Le développement industriel et l’environnement
Conclusion de la partie
CONCLUSION

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