Les grandes fonctions économiques du mobile et les performances des entreprises informelles
Appréhender les performances économiques dans l’informel : la fonction de gain et ses déterminants usuels
La fonction de gains
Nous cherchons à mesurer et quantifier les relations entre usages des TIC à des fins professionnelles et performances économiques de l’activité. Pour cela, il convient d’établir une fonction de gains adaptée aux UPI de Dakar. De nombreux chercheurs ont mobilisé de type de fonction dans le cadre de leur recherche pour identifier les facteurs déterminants de la réussite (Gautier et al., 1999 ; Berrou, 2010 ; McKensie et Sakho, 2010). L’équation estimée s’inspire de ces fonctions. Exprimé sous forme log-log le cœur du modèle s’établit comme suit : (1) log(𝑌𝑖 ) = 𝛼 + 𝛽𝑘. log(𝐾𝑖) + 𝛽𝐿 .𝑙𝑜𝑔(𝐿𝑖) + 𝛽𝑥.𝑋𝑖 + 𝜀𝑖 ; 𝑖 = 1, … , n
La variable dépendante Yi représente la performance économique mensuelle de l’entreprise i (Chiffre d’affaires, valeur ajoutée ou l’excédent brut d’exploitation exprimée en log). Le capital et le travail (respectivement Ki et Li) en tant que principaux facteurs de production composent logiquement les variables de structure de la fonction de gains (les inputs). Ensuite Xi regroupe un ensemble de variables de contrôle. Il s’agit des caractéristiques sociodémographiques de l’entrepreneur, des caractéristiques de l’établissement et enfin de son environnement d’affaires.
Les composantes du modèle
Nous présentons dans cette section d’une part les variables dépendantes que nous cherchons à expliquer et d’autre part l’ensemble des facteurs qui sont liés la réussite des établissements informels : les variables explicatives. Nous en différencions trois types. Le capital et le travail, en tant que principaux facteurs de production, représentent les variables de structure. Ensuite les variables de contrôle sont nécessaires afin de caractériser au mieux les observations et éviter les biais dans Les grandes fonctions économiques du mobile et les performances des entreprises informelles à Dakar 11 l’interprétation des résultats des régressions.
Elles concernent, les caractéristiques de l’établissement, de l’environnement des affaires et de l’entrepreneur. Les variables dépendantes : Le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée et l’excédent brut d’exploitation L’analyse de la performance économique des UPI se fait à travers 3 indicateurs clefs : le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée et l’excédent brut d’exploitation par mois. Chacune de ces variables renvoie à des performances spécifiques qui méritent une attention particulière (Eekhout et al., 2017). Le chiffre d’affaires (CA) est la mesure du montant des ventes réalisées et illustre la capacité de l’entrepreneur à vendre2 . La valeur ajoutée (VA) quant à elle représente le montant de la richesse créé, soit la valeur du bien ou du service vendu diminué des consommations intermédiaires. Elle représente l’efficacité du processus de transformation des consommations intermédiaires.
Enfin, l’excédent brut d’exploitation (EBE) représente le montant net qui revient à l’entrepreneur une fois les travailleurs rémunérés et les taxes (formelles et informelles) payées. Il s’agit donc d’une mesure de la rentabilité de l’exploitation courante de l’entreprise. Rappelons que dans le contexte informel, l’EBE peut être interprété comme le revenu de l’entrepreneur, issu de sa force de travail et du capital investi dans l’établissement (voir tableau 1). Il illustre donc la capacité à générer des ressources pour et par le ménage. Remarquons que la moyenne des trois niveaux de performances est systématiquement très proche du troisième quartile.
La distribution du CA, de la VA et de l’EBE sont similaires et seulement 25% des entrepreneurs sont plus performants que la moyenne de l’échantillon. D’un point de vue statistique, ces derniers auraient une forte influence sur les moyennes et les écarts-type de ces variables. Dans les faits, ces écarts entre les médianes et les moyennes confirment la forte hétérogénéité de l’informel