La région du Sud de Madagascar connaît depuis longtemps d’importantes pullulations d’un criquet migrateur : Locusta migratoria capito (Saussure, 1884). Durant les périodes d’invasion, ce ravageur cause de considérables dégâts aux cultures (Zolotarevsky, 1928 ; Tetefort, 1963 et 1972). Face à ce problème, plusieurs méthodes de lutte ont déjà été adoptées. On peut en citer :
– la lutte mécanique telle que le rabattage, l’écrasement direct en utilisant des fossés et des barrages pièges (Zolotarevsky, 1929), le ramassage (Randriamanantsoa, 1998 et 1999), le piétinage et l’utilisation des appâts empoisonnés (Descamps et Wintrebert, 1966).
– la lutte physique comme la technique de flambage contre les essaims de criquets disséminés dans la brousse et rassemblés dans les herbes sèches ou les broussailles (Descamps et Wintrebert, 1966).
– la lutte chimique comme l’utilisation des insecticides chimiques (Rachadi, 1991) tels que :
➤ Le Fipronil (groupe des PHENYL-PYRAZOLES) et le Fenitrothion (groupe des ORGANOPHOSPHORES) : qui sont tous des dérégulateurs de croissance du ravageur (Raveloson. A, 2000)
➤ Le Benzoyl-urées (HERBICIDES), agissant sur la biosynthèse de la chitine des insectes.
➤ La Dieldrine (ORGANOCHLORES) utilisé pour sa longue rémanence (Rakotoarimanana, 1995).
Ces trois insecticides n’ont pas donné des résultats satisfaisants à long terme car il y a toujours presque chaque année recrudescence des essaims de criquets. De plus, les pesticides pulvérisés sur les cultures pour détruire les ravageurs tombent au sol et sont entraînés par les eaux de pluies vers les rivières et les lacs. Ils contaminent également les nappes phréatiques après infiltration. Ces insecticides pulvérisés pour détruire les ravageurs conduisent un risque néfaste sur les faunes non cible et utile. Par ailleurs, les épandages répétés provoquent chez les insectes une adaptation génétique aboutissant au phénomène de résistance à long terme.
Captures des locustes adultes
Le soir avant le jour de capture, il est nécessaire de se renseigner auprès des paysans sur l’endroit où on peut trouver des criquets de forte densité (FAO, 1973). La capture commence à partir de 4 heures du matin, moment où les criquets sont encore incapables de voler. Elle s’est faite à main et elle se poursuit en plein jour à l’aide d’un filet fauchoir si l’échantillonnage n’est pas satisfaisant.
Ils font l’objet d’élevage au laboratoire en vue d’obtenir des souches de Locusta migratoria capito capable de donner des pontes synchrones et des individus de même âge.
Elevage des souches de Locusta migratoria capito
L’élevage s’est déroulé en insectarium : c’est une chambre climatisée où les valeurs de ces paramètres température et humidité relative sont relevés tous les jours.
Paramètres climatiques à l’intérieur de l’insectarium
Les conditions climatiques à l’intérieur de l’insectarium sont très importantes pendant l’élevage des locustes.
Conduite de l’élevage
Les adultes mâles et femelles sont mis dans une cage munie d’un pondoir afin d’obtenir des œufs fécondés et par la suite des larves de premier stade de même âge. Ces dernières sont transférées dans des cages démontables à raison de 100 larves par cage au maximum. Elles sont nourries quotidiennement par des feuilles de maïs. Quotidiennement, il faut nettoyer l’intérieur et l’extérieur de la cage à l’eau de javel pour éviter la contamination. Par ailleurs, les larves sont nourries avec des jeunes feuilles de maïs bien propre. Nous avons suivi le développement de Locusta migratoria capito, enlevé les individus morts et regroupé les individus de même stade. Arrivées au stade 3, ces larves ont été divisées en deux groupes: l’un pour le maintien de la souche et l’autre pour le test.
Morphologie de Locusta migratoria capito
Cette étude consiste à observer et noter la forme, la taille, la couleur et l’aspect externe (développement des ébauches alaires, développement de l’extrémité abdominal) de Locusta migratoria capito pour chaque stade. Ceci permet de caractériser les larves du troisième stade (matériel pour le test) par rapport aux autres stades.
Souches de Johenrea locustae pour les tests
Les souches proviennent de celles déjà utilisées au FOFIFA d’Ambatobe .
Mode de multiplication et dilution de spores de Johenrea locustae
a) Multiplication de Johenrea locustae
Les microsporidies sont des pathogènes obligatoires c’est-à-dire qu’ils se multiplient seulement sur des hôtes vivants. On peut multiplier et entretenir les souches en transférant les spores dans des hôtes frais ou vivants. Pour pouvoir mener les spores jusqu’à l’appareil digestif, il faut contaminer les aliments de l’hôte vivant. Pour procéder à une ingestion forcée, il faut suivre les protocoles suivants :
– isoler des locustes saines et les laisser à jeun pendant 24 heures.
– préparer des rondelles des feuilles de maïs
– déposer sur leur face supérieure trois gouttes de solution préalablement préparée contenant des spores de Johenrea locustae
– introduire dans le tube à essai une rondelle à spore et un criquet à jeun, puis fermer en partie chaque tube pour que l’animal ne soit pas asphyxié.
Lorsque les insectes se trouvent faibles ou à l’état moribond, on ouvre les cavités abdominales et thoraciques et on les laisse sécher à l’air libre. Enfin, on conserve les criquets séchés dans un réfrigérateur en attendant la préparation des doses appliquées au test. Dans cette condition, les spores peuvent être conservées pendant une longue période (plus de 5 ans).
b) Préparation de la solution mère
– broyer 1g de criquets infestés par Johenrea locustae
– transférer le broyat dans un tube contenant 9ml d’eau distillée pour obtenir la solution mère.
c) Dilution de spores de Johenrea locustae
La dilution de 10 en 10 est communément utilisée car il est plus facile de ramener le nombre des microorganismes jusqu’à la solution mère des spores.
Voici les procédés :
– après agitation, prendre 1 ml de la solution mère
– verser dans un tube contenant 9ml d’eau distillée,
– effectuer une série de dilution en cascade de 10 en 10 .
I- INTRODUCTION |