Concepts sur la politique de développement

L’agriculture tient une place différente en fonction de chaque pays. Dans un pays comme Madagascar, elle constitue la principale activité de la majeure partie de la population. En effet, « 80,6% » des ménages confondus, vivant en milieu rural et urbain, pratiquent de l’agriculture. De plus, nous disposons d’un relief propice à l’agriculture dans chacune région de l’île. Les productions nationales sont tout aussi variées avec des produits différents tels que des produits destinés à la consommation comme le riz et d’autres destinés à l’exportation comme la vanille, le girofle et autres épices. Cependant, le manque de qualification des paysans, les méthodes de production archaïque et la manque de politique claire de développement de la part de l’Etat restent un facteur majeur de blocage dans sa pratique. Différents politiques et programmes de développement rural ont été mis en œuvre pour accroître la productivité agricole. Mais, les résultats enregistrés varient d’une période à une autre. Ainsi, la question qui se pose est de savoir : « Dans quelle mesure la politique de développement agricole contribue-t-elle de façon efficace à l’accroissement de la production ? ». Pour cela, nous allons faire une approche théorique se rapportant à une revue de littérature sur la place de l’agriculture dans la théorie et le développement économique, une étude empirique sur les politiques de développement agricole qui ont été déjà adoptées à Madagascar, une revue des points forts et des points faibles de l’agriculture Malagasy, une analyse des points forts et points faibles des politiques agricoles adoptées à Madagascar et enfin, une analyse comparative des diverses politiques agricoles à travers les statistiques recueillies au niveau national depuis l’indépendance jusqu’à l’année 2010.

Concepts sur la politique de développement 

La population malgache est composée majoritairement d’agriculteurs car ces derniers comptent trois-quarts en tout. L’agriculture occupe donc une place importante en milieu rural et peut contribuer à un développement économique. Certaines conditions sont cependant nécessaires à cet effet pour en assurer la performance.

Méthode d’élaboration et d’analyse

Définitions et généralités

La politique de développement

Plusieurs types de définitions sont donnés pour le développement et de même il y a aussi différents types de développement. En général, le développement désigne un état de changement, ça peut être dans le sens positif ou dans le sens négatif. Dans le cas d’un changement dans le sens positif, on parle de croissance et dans le cas contraire, on parle de décroissance. Le développement dans le sens positif ne peut donc se faire sans croissance mais une politique de développement doit s’attacher également à réduire les inégalités, satisfaire les besoins fondamentaux… Face à tout cela, il est aussi nécessaire de parler de développement économique. Selon François Perroux, c’est le passage d’un système économique à un autre. L’auteur a ensuite ajouté que le développement économique est une combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population, des changements qui les rendent aptes à faire croître cumulativement et durablement, son produit global.

Selon ROUVEYRAN, « le développement économique est le faisceau de transformation dans les structures mentales et institutionnelles qui permettent l’apparition de la croissance et sa prolongation dans la période historique » .

Le développement économique peut donc se définir comme une transformation au niveau d’une économie, une transformation qui va influencer les autres domaines au niveau de cette économie donnée. Par exemple, dans le domaine social, mental, culturel.

On fait recours aux différents indicateurs pour comprendre le niveau de développement. Du point de vue strictement économique, l’indicateur le plus souvent utilisé est le PIB ou Produit Intérieur Brut. Il est la somme des valeurs ajoutées sur un territoire. L’autre indicateur est le PNB (Produit National Brut). On n’arrive pas à mesurer ou à estimer l’évolution du patrimoine public et privé du fait que le PIB ne contient que les flux production/consommation. Il y a d’autres domaines qu’il ne prend pas en considération. Devant ces défauts des indicateurs économiques traditionnels, d’autres indicateurs ont été mis en place. Il y a d’abord l’IDH ensuite l’IPH et enfin l’ISDH.

L’indicateur le plus utilisé est l’IDH ou Indice de Développement Humain. Il est composé de l’espérance de vie, du niveau d’instruction et le PIB par tête. On utilise cet indicateur dans l’étude sur le développement d’un pays ou comparaison entre pays.

Dans le niveau d’instruction, on calcule le taux de scolarisation au niveau primaire et secondaire. L’IDH est la moyenne arithmétique des différents indices qui le compose.

Quant à l’IPH ou Indicateur de Pauvreté Humain, ses composantes varient suivant qu’on est dans un pays en développement ou non. Les pays en développement utilisent l’IPH1. Ce dernier est composé de la santé et longévité, le taux d’analphabétisme des adultes et le niveau de vie décent. Pour les pays développés, ils utilisent l’IPH2. Il diffère du premier par l’intégration de l’exclusion sociale.

La croissance et le développement économique

La croissance économique et le développement économique n’ont pas la même signification. Nous avons déjà susmentionné ce qu’on appelle développement économique. En ce qui concerne la croissance économique, c’est l’augmentation de la production pendant une période déterminée. Donc, la croissance consiste en une augmentation et le développement sous-entend une modification ou transformation. Mais malgré cette différence, il y a une relation entre eux.

La croissance est une condition préalable du développement économique d’où le développement doit être la suite logique de la croissance économique. Comme étant une augmentation, la croissance économique peut être rapide. Quant à lui, le développement est lent. Il est caractérisé par une accumulation régulière de la richesse mais aussi une augmentation progressive des revenus et de l’emploi. Ce type de développement strictement économique exige comme condition préalable l’existence d’une société dans laquelle la richesse peut être accumulée et dont le revenu et l’emploi sont en mesure de s’accroître progressivement. Ainsi, le développement économique est la croissance combinée avec d’autres éléments. Par exemple les institutions.

Le rapport entre croissance et développement économique ne s’établit pas de manière automatique. De ce fait, il faut que la richesse produite par la croissance soit bien repartie entre les entités au niveau d’un pays donné. Dans ce cas, la croissance conduit au développement et le développement à son tour favorise la croissance.

La politique de développement agricole

Le développement agricole est incontournable si on veut avoir un développement économique basé sur l’agriculture. C’est une chose vraiment importante car on sait que le développement est un processus cumulatif. Les succès remportés dans un domaine ouvrent des possibilités nouvelles dans d’autres. Il est d’ailleurs une des recommandations de la FAO.

Les objectifs de la politique de développement agricole peuvent se résumer au nombre de trois :

❖ La production des denrées alimentaire et l’amélioration de la nutrition : Pour que la population ait toutes les forces nécessaires au travail, il est nécessaire de lui fournir de nourritures. L’augmentation de la production et de la consommation de nourriture sont donc primordiale. La vente des récoltes peut soutenir la consommation familiale. L’aménagement du secteur commercial de l’économie rurale permet une circulation des produits agricoles favorisant ainsi l’amélioration de la nutrition. En ce qui concerne la production, l’état des infrastructures conditionne les performances agricoles. La construction des infrastructures ne sera pas à négliger. Notons, par exemple, la construction des barrages, canaux et réseaux d’irrigation, l’aménagement des cours d’eau en cas de sécheresse, ou bien culture de récoltes pouvant constituer une réserve contre la famine.

❖ La politique de spécialisation et de commerce interne : L’accroissement démographique et la sous-alimentation des sociétés paysannes a pour conséquence une spécialisation vers la culture industrielle et sur des récoltes à forts protéines et autres éléments importants dans le régime alimentaire. Il appartient au marché de répartir la nourriture. L’objectif de la politique agricole est d’évoluer vers l’agriculture commerciale. La spécialisation visera tant le commerce intérieur qu’extérieur. Ces commerces contribuent à augmenter les revenus des paysans. L’utilisation maximale de la terre compte et améliore le rendement agricole. Enfin, la demande et le prix sont les facteurs déterminants du développement agricole.

❖ Fournir des emplois productifs aux travailleurs salariés ou cultivateurs : La première stratégie consiste pour les paysans à cultiver au maximum leurs terres. La création de réseaux d’irrigation, l’adoption de cultures nouvelles ou l’ouverture de marchés font augmenter les revenus des agriculteurs. Il faudra organiser le marché par une société commerciale à partir de la collectivité agricole locale. Une culture industrielle par une spécialisation commerciale augmentera aussi les revenus des ménages. Quand les paysans cultivent leurs terres pour tirer le maximum de revenus, il sera facile de trouver de débouchés sur le marché d’exportation.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : Concepts sur les politiques de développement et le système productif agricole malgache
Chapitre 1 : Concepts sur la politique de développement
1.1 Méthode d’élaboration et d’analyse
1.1.1 Définitions et généralités
1.1.1.1 La politique de développement
1.1.1.2 La croissance et le développement économique
1.1.1.3 La politique de développement agricole
1.1.2 Relation entre le développement agricole et le développement économique
1.2 La politique de développement rural
1.2.1 Les caractéristiques de la population agricole malgache
1.2.2 Répartition des exploitants agricoles selon la superficie économique
1.2.3 Part de l’agriculture dans l’économie malgache
Chapitre 2 : Le système productif agricole malgache
2.1 Le système agricole traditionnel
2.1.1 Rôle de l’agriculture dans l’économie malgache
2.1.1.1 Un moteur majeur de croissance et de réduction de la pauvreté
2.1.1.2 Une source majeure de revenus d’exportation
2.1.1.3 Améliorer la sécurité alimentaire à la fois pour l’ensemble du pays et pour chaque ménage
2.1.1.4 Gestion durable des ressources naturelles
2.1.2 Problèmes de l’agriculture
2.1.2.1 Faiblesses des moyens de production
2.1.2.1.1 La terre
2.1.2.1.2 Le capital
2.1.2.1.3 Les mains d’œuvre
2.1.2.2 Problèmes d’ordre naturel
2.1.2.2.1 Les criquets migrateurs
2.1.2.2.2 Les maladies agricoles et les ravageurs
2.1.3 Forces et faiblesses de la filière riz
2.1.3.1 Forces
2.1.3.2 Faiblesses
2.2 Le système agricole moderne
2.2.1 Le projet de développement de l’agroécologie à Madagascar
2.2.2 L’agriculture biologique à Madagascar
2.2.2.1 Définition
2.2.2.2 Situation actuelle de l’agriculture biologique
2.2.2.3 La recherche
2.2.2.4 La production
Partie II : Analyse comparative des politiques de développement agricole à Madagascar
Chapitre 3 : Analyse comparative des politiques agricoles depuis l’indépendance
3.1 Les stratégies agricoles appliquées de la première jusqu’en deuxième république
3.1.1 Pendant la première république
3.1.1.1 Les objectifs et sa mise en œuvre
3.1.1.2 Résultats attendus
3.1.2 De 1972 à 1975
3.1.3 Durant la deuxième république
3.1.3.1 Politique agricole en 1975
3.1.3.1.1 Objectifs
3.1.3.1.2 Résultats obtenus
3.1.3.2 Politique agricole dans le cadre de l’ajustement structurel (1984- 1990)
3.1.3.2.1 Objectifs
3.1.3.2.2 Résultats obtenus
3.1.4 Plan de développement rural (PDR) 1994
3.1.4.1 Objectifs
3.1.4.2 Résultats obtenus
3.2 Plan de développement agricole pendant la troisième république
3.2.1 Plan d’action pour le développement rural (1997)
3.2.1.1 Les éléments du PADR
3.2.1.2 Résultats dans l’ensemble
3.2.2 Programme national pour le développement rural (2005)
3.2.2.1 Les éléments du PNDR
3.2.2.2 Résultats obtenus
3.2.3 PNDR dans le cadre du MAP (2007)
3.2.3.1 Objectifs
3.2.3.2 Résultats attendus
Chapitre 4 : Analyse comparative de la croissance de production
4.1 Les exportations et les importations des produits agricoles
4.1.1 Evolution de la production rizicole de 1960 à 2010
4.1.2 Les exportations des produits agricoles
4.1.3 Les solutions pour améliorer le secteur agricole
4.2 Les solutions pour améliorer le secteur agricole
4.2.1 Education, renforcement du capital humain et développement
4.2.2 Subvention des intrants
4.2.3 Facilitation des prêts
4.2.4 Amélioration des administrations foncières
4.2.5 Renforcement des investissements durables
4.2.6 Cas du riz
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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