Caractéristiques du Borassus aethiopum
Le rônier est une espèce dioïque qui appartient à la classe des Monocotylédones. D’après Bâ et Sambou (1997), Borassus aethiopum est une espèce ligneuse exigeante en eau et en lumière. Sa croissance est très lente. Selon Bellouard (1950), le tronc du rônier est enfoui dans le sol jusqu’à l’âge de 6 à 8 ans. Cinq stades de croissance du rônier ont été identifiés (Sambou , 1989) (figure 7). Figure 7. Stades de développement du rônier Source : Sambou B., 1989 Ces phases de développement se différencient par les caractères suivants (Sonko, 2002 a) : – la classe 0 correspond aux jeunes pousses de rônier qui ont des feuilles non palmées ;
– la classe 1 est composée de jeunes rôniers ayant des feuilles palmées et le tronc enfoui dans le sol ; – la classe 2 est formée de jeunes rôniers dont le tronc a émergé du sol et le bourgeon terminal est situé à une hauteur inférieur à 2 m ; – la classe 3 est constituée de rôniers dont le bourgeon terminal est situé à plus de 2 m ; – la classe 4 est représentée par des rôniers dont le tronc a commencé à se libérer des vestiges des pétioles où il est nu. Elle renferme aussi des rôniers dont le renflement est ou non formé. Elle permet aussi de différencier les pieds mâles et femelles avec l’apparition, entre 20 et 25 ans, des premières fleurs et fruits (Bellouard, 1950).
Le rônier est une espèce qui se développe dans les zones dépressionnaires périodiquement inondées et en bordure des cours d’eau. Les peuplements de rônier sont présents dans plusieurs écosystèmes. En effet, ils se rencontrent dans les régions sahélo – sahariennes, plus précisément dans les interdunes du Trarza au nord de Rosso Mauritanie (Kone, 1988), dans les zones soudaniennes et dans les savanes côtières de Côte d’Ivoire selon Aké Assi et Guinko (1996). Au Sénégal Borassus aethiopum est présent dans plusieurs régions.
Les rôneraies plantées se localisent dans les régions de Thiès et de Fatick. Quant aux peuplements naturels de rôniers, ils se trouvent dans la partie Sud-Est (berges du Niériko, de la Gambie, du Niokolo-Koba) et dans le Sud (Ziguinchor, Bignona, Oussouye). Le rônier est une ressource très utilisée par les populations locales. Ses différentes parties font l’objet de multiples usages.
Composantes du rônier et leur valeur économique
Dans la CR de Dialacoto presque toutes les parties du rônier sont exploitées par les populations pour des raisons économiques ou alimentaires. Les feuilles, la sève, le stipe et le chou palmiste sont utilisés de différentes manières.
La feuille
Elle est composée de deux parties que sont le pétiole et le limbe (figure 8) 31 amidiax@yahoo.fr Le pétiole Le pétiole a une longueur variant de 150 à 220 cm. Cependant chez les rôniers de classe 2 et 3, il peut dépasser 3m (Senghor, 2001). Il est aplati sur la partie supérieure et convexe sur la partie inférieure. Le pétiole présente une marge garnie d’épines irrégulières disposées dans le prolongement de la face inférieure (Thione, 2000). Il est utilisé pour confectionner plusieurs articles tels que les éponges, les tamis, les meubles.
Les éponges
Dans la CR de Dialacoto, la fabrication d’éponges est une activité exercée exclusivement par les femmes mandingues des villages de Badi, Nionghany Babako, Nionghany Niériko, Wassadou et Laboya. Cependant dans les deux derniers villages, cette activité est de plus en plus délaissée au profit du commerce de la banane. Les jeunes filles et les femmes se rendent, pour des raisons de sécurité, en groupe de 5 à 10 personnes sur les lieux de prélèvement. Les sites se situent, pour la plupart du temps, à plus de 5km de leurs habitations. Les femmes exploitent les jeunes rôniers à cause de leur accessibilité et de la qualité de leurs pétioles (flexibles, souples, longs). Dans la CR de Dialacoto, les pourcentages d’exploitation sont de 55% pour la classe 1 et 44% pour la classe 2.