POLLUTION DE L’AIR INTERIEUR

POLLUTION DE L’AIR INTERIEUR

Définition et origine

L’air intérieur est parfois plus pollué que l’air extérieur. Trois sources essentielles contribuent à la contamination de l’atmosphère intérieure :  la pollution en provenance de l’extérieur ;  la pollution due aux occupants et à leurs activités telles que le bricolage, le ménage, lacuisine, l’utilisation d’appareils de combustion et la présence d’animaux domestiques ;  la pollution imputable à certains matériaux de construction et au mobilier. De plus, les teneurs en polluants sont influencées par le taux d’humidité, la température et le renouvellement de l’air.

L’environnement intérieur est donc un univers dynamique caractérisé par un nombre important de sources polluantes dont les émissions peuvent être continues, sans variation brutale d’intensité (cas des matériaux) ou discontinues et irrégulières en intensité, en relation avec les activités humaines (Le Moullec, 1995). L’environnement intérieur est affecté par l’augmentation des coûts de l’énergie, depuis la crise pétrolière des années 70, qui a généré une demande d’amélioration de l’isolation des bâtiments et une diminution de l’aération afin de limiter les pertes de chaleur (Grimaldi et al, 2003)

Un tel confinement a conduit à une dégradation de la qualité de l’air intérieur. Dans le même temps, des technologies et des matériaux de construction se développent, permettant des constructions rapides, apportant des avantages techniques et économiques évidents, mais participant également à l’émission de nombreux polluants nouveaux dans l’air intérieur. Dans les pays développés, la modernisation s’est accompagnée d’un changement de combustibles, et les populations sont passées de l’utilisation de la biomasse, le bois par exemple, à celle des dérivés pétroliers et de l’électricité.

Dans les pays en voie de développement, cependant, même lorsqu’il existe des combustibles plus propres et plus sophistiqués, les biocombustibles primaires restent utilisés à grande échelle. Plus de 3 milliards d’individus dans le monde dépendent encore de combustibles solides, y compris dérivés naturels (bois, fumier, résidus agricoles) et charbon pour leurs besoins énergétiques (OMS, 2008).

La pollution de l’air intérieur par les combustibles ligneux

Cette forme de pollution provient principalement de l’utilisation domestique de combustibles solides et plus généralement de la biomasse. D’après le rapport sur la santé dans le monde 2010, la pollution de l’air à l’intérieur des habitations est responsable de 3,1 millions de morts prématurés par an (OMS, 2009) et elle est responsable pour 3,2 % de la charge globale des maladies. En effet, les fumées issues du chauffage ou de la cuisine au bois ou à d’autres combustibles (globalement désignés sous le terme de biomasse), dans des lieux mal aérés ont des effets pro-inflammatoires sur le poumon, similaires au tabac.

Deux méta-analyses ont trouvé un risque augmenté des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) pour les personnes exposées à la pollution atmosphérique intérieure. Hu et coll. ont méta-analysé quinze études et rapportent un risque augmenté de deux fois et demie pour les personnes exposées à la fumée provenant de la biomasse (Hu G et al, 2010). Kurmi rapporte un risque équivalent mais causé en premier lieu par les fumées provenant du bois (Kurmi et al, 2010). L’exposition à des niveaux élevés de polluants issues de la combustion de biomasse a été associée aux BPCO, aux infections respiratoires, à l’asthme, à la pneumonie et à la tuberculose (Fullerton et al, 2010).

L’exposition à la fumée issue de la combustion des combustibles solides en utilisant des foyers 12 traditionnels très simples augmente plus que trois fois la probabilité d’atteindre le BPCO pour les femmes de plus de 30 ans. On retrouve des études radiologiques chez des patients non fumeurs et obstructifs qui démontrent des signes d’emphysème ou des altérations des bronches comparables à ceux de patients BPCO fumeurs (Bumbacea et al, 2004). I.3 Les contaminants physico-chimiques La multitude de substances contenues dans la fumée de la biomasse sont nuisibles pour la santé humaine.

Parmi celles-ci, Les plus importantes sont les particules, le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, les oxydes de soufre (en particulier du charbon), les composés organiques volatils tels le benzène, le formaldéhyde et des matières organiques polycycliques, qui contiennent des substances cancérogènes comme le benzo[a]pyrène. Les particules dont le diamètre est inférieur a` 10 microns (PM10), et notamment celles de moins de 2,5 microns de diamètre (PM 2,5), peuvent pénétrer profondément dans les poumons et semblent pouvoir gravement nuire à la santé. (De Koning et al, 1985) 

Le monoxyde de carbone

Le monoxyde de carbone (CO) est un toxique redoutable, constituant un poison mortel lorsque inhalé à forte dose. Ses sources majeures sont les appareils de chauffage à combustion lorsque celle-ci est incomplète. Même bien réglés, ces appareils émettent du CO qui peut s’accumuler lorsque le renouvellement d’air est insuffisant. Ainsi, beaucoup de personnes sont exposées de manière chronique à de faibles doses, entraînant fatigue, maux de tête, nausées et vomissements.

Par ailleurs, plusieurs études ont montré qu’à des concentrations suffisantes pour entraîner une concentration de carboxyhémoglobine HbCO (molécule d’hémoglobine associée au CO) supérieure à 2 à 3 %, le CO est susceptible de provoquer des effets négatifs sur la santé des malades cardiaques (diminution de l’intensité de l’effort nécessaire pour déclencher une crise) (Lévesque et coll, 2003). Par contre, le CO ne semble pas avoir d’effets sur le système respiratoire proprement dit (Viegi et coll, 2004).

L’intoxication par le CO est un problème important mais mal connu, notamment pour ce qui concerne les expositions chroniques. On suspecte que beaucoup de gens sont exposés quotidiennement à des niveaux n’entraînant pas d’effets aigus, or on ne connaît pas bien les effets d’une exposition à long terme à ces niveaux. (Gourier-Fréry et coll, 2004).

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