Considérations générales sur la médecine traditionnelle

GENERALITES

Les questions relatives à la santé ne touchent plus uniquement le domaine médical mais se sont élargies vers d’autres champs tant anthropologique, philosophique, psychologique que sociologique vu qu’elles englobent toutes une dimension de la vie de l’homme. D’où notre intérêt pour la médecine traditionnelle malgache qui est une culture encore maintenue et pratiquée par une large population .

Madagascar, une grande île de l’Océan Indien, se caractérise par la présence de nombreuses richesses naturelles avec ses faunes et ses flores spécifiques. Il s’agit d’un pays qui se singularise des autres îles et de l’Afrique par sa culture particulière et de sa langue unifiée. Plusieurs recherches ont été effectuées sur l’histoire de Madagascar, sur l’origine de son peuplement et de ses cultures. En effet, la population Malgache possédait autrefois ses propres us et coutumes, sa tradition ainsi que sa croyance. Elle avait sa propre conception du monde et ses manières d’interpréter les choses qui l’entouraient, d’où sa pluralité des modes de croire et des modes de penser. Cependant, les idées religieuses des malgaches semblent confuses et ne nous permettent pas d’avoir une idée précise sur leur véritable croyance. Et cela demeure encore un débat jusqu’à l’heure actuelle.

ESQUISSE GLOBALE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE

La médecine traditionnelle, comme la médecine moderne se fixe pour objectif de guérir et de prévenir les maladies. Bien avant l’apparition de la médecine moderne, les gens utilisaient déjà des remèdes médicinaux provenant de la forêt pour se soigner et quelques personnes avaient une certaine connaissance leur mode d’emploi.

Définitions des concepts clés

Avant d’entrer dans les explications détaillées concernant la médecine traditionnelle malgache, il est essentiel de connaître au préalable les concepts que nous utiliserons le plus souvent dans notre travail pour plus de clarté.

Médecine traditionnelle

Le terme « médecine traditionnelle » est plus ou moins complexe, il renferme des connaissances, des savoirs faire, des comportements de la part du pratiquant. Ce qui fait que plusieurs éléments entrent en jeu. Sa traduction en malgache s’avère même difficile. En effet, d’une part, il peut être synonyme de « soin » ou « médecine » qui est l’équivalent de « Fitsaboana », et d’autre part comme synonyme de « guérison » se traduisant par « Fanasitranana ». Toutefois, ce sont ces deux notions dont le « Fitsaboana » et le « Fanasitranana » qui vont se regrouper pour la constitution de la médecine traditionnelle malgache.

Suivant l’article 96 du code de la santé à Madagascar, la médecine traditionnelle est la somme totale de toutes les connaissances et pratiques, utilisées en diagnostic, prévention et élimination des déséquilibres physique, mental et social et reposant exclusivement sur les expériences pratiques et les observations transmises de génération en génération, oralement ou par écrit, permettant de prévenir, de guérir les maladies et d’alléger les souffrances. La médecine traditionnelle est effectuée en fonction du bien être de la personne.

Suivant la politique nationale de la médecine traditionnelle à Madagascar, la médecine traditionnelle est la somme totale des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales.

Tradipraticien ou guérisseur traditionnel

Tradipraticien et guérisseur traditionnel sont deux termes ayant généralement le même sens mais qui présentent tout de même quelques nuances. C’est ainsi que nous allons les voir un à un pour éviter qu’il y ait confusion.

Guérisseur
Le terme « guérisseur » est imprécis car englobe de nombreuses pratiques thérapeutiques et donc a plusieurs définitions. Selon le dictionnaire Le Robert, guérisseur ne signifie « personne qui guérit ». Il s’agit d’une personne prodiguant des soins à des malades sans avoir la qualité de médecin. Il se spécialise donc en opposition à médecin, réservé aux thérapeutes formés et reconnus par l’institution universitaire, et peut-être avec une intention ironique à leur égard, pour désigner une personne qui fait profession de guérir, sans avoir la qualité officielle de médecin.

En général, le guérisseur apparaît donc comme un personnage mystérieux qui se différencie du commun des mortels parce qu’il possède le « DON » dans la guérison. D’après BERTRAND , un psychologue, le guérisseur est l’ « héritier des pratiques de la médecine populaire », il reste un personnage mystérieux et puissant investi par le groupe d’un pouvoir magico religieux appelé « le Don » mais par ailleurs menacé des foudres de la loi pour exercice illégal de la médecine.

Autrement dit, il existe différents types de spécialisation selon les guérisseurs. En effet, nous l’avons confirmé au cours de nos entretiens car tous ne soignent pas la même chose et ont par ailleurs leurs spécialités. Certains utilisent des techniques d’ordre magico religieux tandis que d’autres préfèrent des procédés plus empiriques. En milieu rural, le guérisseur traditionnel se situe la plupart du temps dans le domaine du sacré et du secret. Le mot « guérisseur » englobe alors de multiples facettes où l’on peut apercevoir différents types de techniques suivant la spécialisation.

Tradipraticien

Le terme « Tradipraticien » a par contre d’autres significations. Tout comme le guérisseur, le tradipraticien revendique l’héritage d’un don mais également comme le détenteur des secrets ancestraux qui se sont transmis de façon continue de génération en génération. C’est cet héritage qui lui confère donc un pouvoir de guérison. Le don peut être inné ou acquis. Lorsqu’il est acquis, il sera légué par un parent ou un voisin lors d’un rituel initiatique. Le tradipraticien ainsi formé se doit de respecter à la lettre les lois médico-magiques avec les interdits qui s’en suivent, qui pourront garantir l’efficacité de ses pouvoirs. Le simple fait de ne pas suivre ces règles peut amener jusqu’à la perte de ses facultés.

Ainsi, le tradipraticien se doit d’exercer son métier en respectant les règles exigées de son don. Il peut alors avoir des gestes spécifiques dans l’exercice du rituel de guérison qui peuvent être interprétés de manières diversifiées avec leur signification.

A partir du code de la santé, est considéré comme Tradipraticien en matière de santé : toute personne qui pratique la Médecine Traditionnelle selon la définition et les principes que nous avons énoncés. Le tradipraticien peut alors être :

• une Accoucheuse traditionnelle : un terme désignant toute personne reconnue comme compétente pour prodiguer à une femme et à son nouveau né, avant, pendant et après l’accouchement, des soins de santé de basés sur les concepts prévalant dans la collectivité où elle vit < ;
• un ou une Tradithérapeute : un terme désignant toute personne reconnue par la collectivité dans laquelle elle vit, comme compétente pour dispenser des soins de santé basés sur les concepts de la maladie et des invalidités prévalant dans ladite collectivité. Ces Tradithérapeutes sont désignés par différentes appellations selon la région.
• Un ou une Herboriste : un terme désignant toute personne qui vend des plantes médicinales ;
• Un ou une Médico-droguiste : un terme désignant toute personne qui commercialise des substances médicinales autres que les plantes (d’origine animale ou minérale).

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1ère Partie : Considérations générales sur la médecine traditionnelle
Chapitre I : Présentation du terrain
Chapitre II : Esquisse globale de la médecine traditionnelle malgache
Chapitre III : Balises théoriques
2ème Partie : Résultats d’enquêtes
Chapitre IV : Présentation des données recueillies sur le terrain
Chapitre V : Représentations sociales de la médecine traditionnelle
3ème Partie : Analyse et réflexion
Chapitre VI: Analyse des résultats
Chapitre VII : Discussion sur la médecine traditionnelle malgache
Chapitre VIII : Approche prospective et piste de réflexion.
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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