« Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes afin d’éliminer les disparités dans les enseignements primaire et secondaire d’ici 2005, si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement, en 2015 au plus tard », tel a été l’engagement de Madagascar afin d’atteindre l’Objectif Millénaire pour le Développement (OMD).
Par ailleurs, dans son article 6, il est stipulé dans la Constitution de la République de Madagascar que « La Constitution garantit l’égalité de droits entre tous les individus et les mêmes libertés fondamentales protégées par la loi, sans discrimination fondée sur le sexe. La loi favorise l’égalité d’accès et la participation des femmes et des hommes dans les emplois publics, et les fonctions dans le domaine de la vie politique, économique et sociale ». (Ministère de la Justice, 2010). Cependant, aucune disposition juridique ne prévoit la discrimination positive pour accélérer la parité hommesfemmes dans les instances de décision alors que la participation des femmes au développement économique est primordiale pour le développement.
En effet, sur le plan mondial, la résolution de la Commission l’ONU 54/4 stipule que le renforcement du pouvoir économique des femmes est essentiel à la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale et contribue à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Y est abordée également la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que la nécessité de renforce rle pouvoir économique des femmes. En outre, les engagements pris par les États de placer l’être humain au centre du développement et d’orienter leurs économies de façon à mieux satisfaire les besoins des populations, ainsi que de reconnaître que donner aux personnes, notamment aux femmes, les moyens de renforcer leurs propres capacités constituent des objectifs primordiaux du développement .
Développement et concept
Développement Humain
Si le développement humain n’est pas uniquement la croissance du revenu par tête ni même sa « juste » distribution entre les personnes, qu’est-il donc ? Le titre de « Development as Freedom » dit en trois mots ce que Sen affirme : « Le développement peut être considéré comme le processus par lequel les libertés réelles des personnes s’accroissent ». C’est en poursuivant les libertés politiques, sociales et économiques que l’on promeut une société dans laquelle chaque personne peut être l’agent de la formulation et de la réalisation des valeurs qu’elle poursuit, ainsi que son bénéficiaire. SEN laisse à chacun le soin de définir ces valeurs. La liberté pour chacun de les poursuivre, individuellement et collectivement, dans la mesure de leur compatibilité réciproque, est ce que vise le développement.
Cette approche est nouvelle : l’objectif du développement n’est pas la poursuite d’un état quelconque de « bonheur national brut » mais la possibilité pour chacun de poursuivre son bonheur multidimensionnel, grâce aux libertés individuelles et associatives. Le bonheur n’est pas définissable, mais bien la liberté de le poursuivre ; c’est donc à l’aune de la liberté que l’on pourra mesurer le développement. La liberté est centrale pour deux raisons : parce qu’elle est le critère global permettant d’évaluer le bien-fondé de toute action, et parce qu’elle est l’état social le plus efficace pour permettre à chacun de contribuer lui-même à la poursuite de son épanouissement.
Les libertés à poursuivre peuvent et doivent se décliner dans de nombreux domaines : la liberté de « ne pas mourir de faim », de disposer d’un revenu comme moyen d’accéder à un certain nombre de biens, à la santé, à l’éducation, à la culture, à une spiritualité choisie, quels que soient son sexe, sa religion, sa tribu, sa nationalité etc. Dans bien des cas, les actions de développement commenceront par une lutte contre les non-libertés évidentes dans les domaines politique, social et économique (notamment la non-liberté de la pauvreté), dans celui de l’égalité des chances, de la protection et de la sécurité.
La poursuite de la liberté sur tous ces fronts en même temps est indispensable, parce que les libertés se confortent et se renforcent l’une l’autre. La liberté politique formelle est vide sans liberté d’entreprendre et d’utiliser son revenu ; celle-ci sera précaire sans liberté de recourir à la justice ou de bénéficier de sécurité. De même, la liberté de s’associer, de parler, de publier, d’être partie prenante et entendue du système de gouvernement est indispensable pour contribuer à la formulation des valeurs qui seront socialement poursuivies et collectivement acceptées. Développer, c’est donc agir pour que tout type de liberté s’accroisse, en commençant par celles qui sont le plus évidemment bafouées.
Sen se rend bien compte qu’il ne donne pas une recette facilement applicable à toute société. Il ne pense pas qu’on puisse arriver, dans le domaine du développement, à un indicateur aussi simple que le revenu par tête, qui prétendait tout mesurer. En prenant la liberté comme étalon, il donne un référentiel qui met sur pied d’égalité toute action « économique ou sociale » contribuant à la liberté. La liberté économique d’entreprendre est affirmée mais n’est plus seule, loin s’en faut. Cet étalon de liberté permet de guider les choix et de faire les arbitrages par rapport aux contraintes inéluctables.
Les Indicateurs de Développement Humain
L’Indicateur de Développement Humain (IDH) a pour ambition de mieux évaluer le niveau humain de développement d’un pays donné. Il combine le produit national avec le niveau d’éducation et l’espérance de vie ; Madagascar se situe 154ème sur 188 en termes d’IDH (DGB, 2016) .
La croissance économique reste un moyen capital pour le développement humain, néanmoins, les enjeux du développement humain ne dépendent pas uniquement de la croissance économique et des niveaux des revenus nationaux. Ils découlent aussi de la manière dont on utilise ces ressources pour satisfaire les besoins fondamentaux de chaque individu sans compromettre les besoins des générations futures, et de promouvoir la capacité humaine.
Certains enjeux humains tels que la participation démocratique aux décisions politiques ou l’égalité des droits entre hommes et femmes ne dépendent pas du revenu. Selon le Rapport Mondial sur le développement humain 2002, la politique a son rôle à jouer dans le développement humain car, partout, les individus désirent être libres de décider de ce qu’ils veulent faire de leur existence, exprimer leurs opinions et prendre part aux décisions qui les touchent directement. Ces capacités comptent autant que le niveau d’éducation et la santé pour le développement humain.
De ce fait, tous les Rapports sur le Développement humain présentent une série d’indicateurs relatifs aux enjeux humains les plus importants dans les pays du monde entier, comme l’espérance de vie à la naissance, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans, qui reflètent la capacité à survivre, ou encore le taux d’alphabétisation, qui reflète la capacité à apprendre. Ils comprennent aussi des indicateurs relatifs aux moyens les plus importants mis en œuvre pour renforcer ces capacités, comme l’accès à l’eau potable, à l’égalité des chances, comme les différences de traitement entre les hommes et les femmes concernant la scolarisation ou la participation à la vie politique.
Développement : capacité de faire des choix
Le développement revêt plusieurs aspects ; mais ce qui est à retenir, c’est qu’il devrait y avoir un changement positif à partir d’un certain point. Ainsi, plusieurs auteurs ont proposé des définitions y afférentes aussi bien des théoriciens chercheurs que d’organismes de développement :
– Le développement humain est « le processus d’amplification des choix de l’individu » (PNUD, Rapport National sur le Développement Humain, 2008). Le concept de développement humain vise à placer l’Homme au centre du développement, avec comme principal objectif d’améliorer sa qualité de vie et ses opportunités de choix ;
– Pour un autre auteur, l’évolution du vivat se caractérise par sa capacité à multiplier les façons d’entrer en contact avec son environnement (Vendryes, 1981).
Ceci rejoint un autre point de vue quant au fait que le développement surgit avec la considération que l’humain se développe avec son environnement. En effet, d’après Joël de ROSNAY, un bond qualitatif arrive avec l’homme qui au cours de son évolution, et surtout de son évolution récente, multiplie les contacts de toute nature avec son environnement : il explore physiquement les terres, les mers, l’air et même le cosmos… Mais ce qui est encore plus important et plus déterminant c’est que ces hommes découvrent pour la première fois l’ensemble des très nombreuses civilisations anciennes et actuelles. Cette multiplication des contacts et ces découvertes lui permettent de mieux se situer dans l’univers et de mieux se connaître, fût-ce avec le macroscope (DE ROSNAY, 1975).
Le fait est que ce sont les pays les plus développés qui ont permis ces découvertes et ce sont ces mêmes pays qui offrent le plus haut degré de satisfaction à leurs habitants. De nombreuses enquêtes montrent que dans les démocraties occidentales européennes, par exemple, environ 90% des hommes et des femmes se disent satisfaits ou très satisfaits et même heureux ou très heureux, ce qui est un résultat impressionnant. Si l’on analyse les facteurs qui, d’après les enquêtes justifiant ce bonheur, on s’aperçoit que le matériel se mêle au spirituel : la santé est certes très importante mais elle est suivie de près par la famille, le travail, les amis, les loisirs. Ce sont les interactions positives entre ces différents facteurs qui indiquent la relation bonheur-développement.
Indicateur de la participation des femmes (IPF)
L’Indicateur de Participation Féminine (IPF) à Madagascar est encore faible car en 2008 il était de 0,406. En effet, les opportunités offertes aux femmes pour s’introduire dans les domaines clés de la participation et de la prise de décision politique et économique restent limitées. En 2008, seulement 7,8% des sièges parlementaires étaient occupés par les femmes, et seulement 30% des postes de direction et de cadres supérieurs sont occupés par des femmes, tandis qu’on retrouve des femmes dans plus d’un tiers des postes d’encadrement et de fonctions techniques. Les femmes subissent encore des traitements inégalitaires dans le domaine des potentialités économiques en particulier. Malgré son niveau relativement faible, l’IPF est le seul indicateur de développement humain qui a évolué de façon substantielle car il est passé de 0,368 en 2005 à 0,408 en 2008, soit une augmentation relative de 10,3%. Néanmoins, beaucoup d’efforts restent à faire pour une plus grande participation des femmes dans le monde politique et économique. (PNUD, 2010) .
Certes, il a y eu une augmentation de taux de 13,2% pour des femmes parlementaires car elles représentent 20% de l’effectif actuellement mais cette proportion n’arrivent pas à « asseoir ses notoriétés » vu qu’il y a les consignes des partis à prendre en compte, et des disparités des points de vue entre les femmes parlementaires. Pour les travaux de commission, la proportion est faible à raison de 2 femmes et 6 hommes dans une commission en moyenne, et les femmes de surcroît doivent intégrer plusieurs commissions à la fois. Ceci nuit à la qualité de travail des femmes parlementaires et en cas de vote elles sont toujours minoritaires.(Thérèse, 2016) .
D’après le Global Gender Gap Report 2013, 85% des femmes malgaches sont actives économiquement, par rapport à 90% des hommes (World Economic Forum, 2013). Si la situation est équilibrée en termes de participation à la force de travail, les inégalités de salaires sont importantes (AFD, 2012) car les femmes gagnent 34% de moins que les hommes en moyennes (Banque Mondiale, 2014) .
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