La tuberculose représente encore un grave problème de santé publique dans le monde, un tiers de la population mondiale étant actuellement infecté par le bacille tuberculeux (1). Elle a gagné un regain d’intérêt par la survenue de la pandémie du HIV (Human Immunodefiscience Virus) et des conditions socio-économiques précaires surtout dans les pays en développement dont fait partie Madagascar (2). Cette maladie y est endémique et atteint environ 25000 personnes par an soit une incidence de 0,12% de la population malgache. Elle est la principale cause de morbidité et de mortalité pour les individus de 15 à 50 ans à Madagascar (3) c’est à-dire la classe d’âge la plus productive de la population, contribuant ainsi au freinage du développement du pays.
Parmi les formes cliniques de la tuberculose, la forme pulmonaire est de loin la plus fréquente soit 85% des cas de tuberculose retrouvés dans le monde. Mais les formes extrapulmonaires considérées comme très rare sont revenus à l’ordre du jour avec une fréquence qui augmente d’année en année bien qu’encore sous évaluée (4). Ces dernières constituent 20% des cas de tuberculose retrouvés à Madagascar, leur localisation la plus fréquente est ganglionnaire et dans la plupart des cas cervicale (1). Par ailleurs, les adénopathies cervicales constituent un motif de consultation médicale fréquente dans les services ORL (5). A Madagascar, comme dans plusieurs pays du monde, la tuberculose constitue la première étiologie d’adénopathie cervicale, suivi par les lymphomes et les adénopathies métastatiques .
Les adénopathies cervicales d’origine tuberculeuse sont la forme de tuberculose extrapulmonaire la plus retrouvée. Plusieurs auteurs dans la littérature ont étudié le sujet et il semblerait que le nombre de cas augmente progressivement et proportionnellement à la prévalence de la tuberculose dans le pays (8) mais également par rapport à la prévalence de l’infection par le HIV et au niveau de développement du pays (9). Aussi, orienté sur ce sujet, notre thèse s’intitule « les adénopathies cervicales d’origine tuberculeuse: aspects épidémiologique, diagnostique et thérapeutique » vus au service Oto-Rhino-Laryngologie (ORL) du Centre Hospitalier Universitaire d’Antananarivo Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUA-JRA). D’une manière générale, la présente thèse vise à répertorier les cas d’adénopathies cervicales d’origine tuberculeuse observés dans le service ORL et spécifiquement, elle a pour objectif d’améliorer l’attitude des médecins devant les adénopathies cervicales.
RAPPEL ANATOMIQUE
LE COU EN GENERAL
Le cou est la région du corps humain située entre l’extrémité céphalique et le tronc, il donne à la tête sa mobilité. Ce n’est pas une unité embryologique: le cou n’existait pas chez l’embryon. Il emprunte à la tête des structures d’origine branchiale et au tronc, des structures d’origine somatique (10). Différents éléments vasculaires, nerveux, musculaires ou encore viscéraux y passent.
Ses limites sont :
– en avant et en haut, la dépression semi-circulaire qui répond profondément à l’os hyoïde
– en avant et en bas, la fourchette sternale et les clavicules
– en arrière et en haut, la protubérance occipitale externe et la ligne nucale supérieure
– en arrière et en bas, une ligne menée de l’extrémité latérale de la clavicule au processus de la 7ème vertèbre cervicale .
Nous distinguons au cou :
– une région antérieure
– deux régions latérales: régions du sterno-cléido-mastoïdien (SCM)
– une fosse supra-claviculaire bilatérale
– une région postérieure: la nuque .
La région cervicale antérieure ou infra-hyoïdienne médiane
• Situation et limite: elle occupe la partie médiane et antérieure du cou et est limitée en haut par l’os hyoïde, en bas par la fourchette sternale et latéralement par les bords antérieurs des muscles SCM .
• Forme extérieure: la région a la forme d’un triangle à base supérieure. On reconnait l’os hyoïde au toucher à l’extrémité supérieure de la région, et au-dessous de lui, une dépression transversale thyro-hyoidienne en rapport avec l’espace compris entre l’os hyoïde et le bord supérieur du cartilage thyroïde. Au-dessous et sur la ligne médiane se voit la proéminence laryngée. Plus bas, le doigt sent la dépression intercrico-thyroidienne et le cartilage cricoïde. Enfin, la partie inférieure de la région est occupée par la fossette supra-sternale.
La région du SCM ou région carotidienne
• Situation et limite: elle occupe la partie antérolatérale du cou en arrière et en dehors des régions parotidienne supra-hyoïdienne et cervicale antérieure, en avant de la région supra-claviculaire. Elle répond au muscle SCM et ses limites superficielles sont représentées par les bords et les extrémités de ce muscle. Sa limite antérieure est marquée par la saillie du bord antérieur du muscle SCM et la partie inférieure de la région présente une dépression correspondant à l’intervalle comprise entre le chef sternal et les chefs claviculaires du muscle SCM .
• Forme extérieure: la région est quadrilatère.
La fosse supra- claviculaire
• Situation et limites: elle se situe sur les parties latérales du cou au-dessus de la clavicule, en arrière de la région du SCM et en avant de la région de la nuque. Elle est limitée en avant par le bord postérieur du muscle SCM, en arrière par le bord antérieur du trapèze et en bas la clavicule.
• Forme extérieure : triangulaire, sa base est en bas tombant sur la clavicule et le sommet en haut à l’angle de jonction des muscles SCM et trapèze. Elle est occupée dans toute son étendue par une dépression dont la profondeur varie selon les individus et s’accroit de haut en bas.
La région cervicale postérieure ou nuque
• Situation et limite: elle occupe la partie postérieure du cou. Les limites antérieures de la région sont de chaque côté, le bord antérieur du muscle trapèze séparant la nuque de la région du SCM et de la fosse supraclaviculaire, les limites supérieure et inférieure se confondent avec celles du cou.
L’AXE VISCERAL DU COU
L’axe viscéral du cou est contenu dans la région infra-hyoïdienne médiane qui occupe la partie médiane et antérieure du cou. L’axe viscéral du cou fait suite à l’oropharynx en haut et se poursuit par l’œsophage et la trachée thoracique en bas. Il comporte un axe respiratoire antérieur constitué par le larynx en haut et la trachée cervicale en bas et un axe digestif postérieur constitué par l’hypopharynx en haut et l’œsophage cervical en bas.
LES VAISSEAUX SANGUINS DU COU
Artères du cou
La vascularisation de la tête et du cou est assurée par les branches de l’artère carotide commune et l’artère subclavière. A droite, ces branches naissent de la bifurcation de tronc artériel brachiocéphalique tandis qu’à gauche, elles naissent séparément, directement à partir de la crosse de l’aorte.
• La carotide commune
Elle nait à la base du cou, se divise en deux branches qui sont l’artère carotide interne et l’artère carotide externe. Cette dernière donne plusieurs branches collatérales et à la fin de son trajet, l’artère se divise en deux branches terminales qui sont l’artère temporale superficielle et l’artère maxillaire.
• L’artère subclavière
Elle nait à droite du tronc brachiocéphalique et à gauche de la crosse de l’aorte. Elle passe entre les muscles scalènes antérieur et moyen. L’artère donne plusieurs collatérales et se termine au-dessous de la partie moyenne de la clavicule pour se continuer par l’artère axillaire.
Veines du cou
Toutes les veines de la tête et du cou sont tributaires du système cave supérieur. Le système veineux est formé d’aval en amont par :
– la veine jugulaire interne drainant le sang veineux venant de ses collatérales par l’intermédiaire du tronc thyro-lingo-facial
– la veine subclavière qui reçoit la veine jugulaire antérieure et la veine jugulaire externe
– le tronc veineux brachiocéphalique
– la veine cave supérieure.
INTRODUCTION |