Platon est né en l’une de ces deux années : 428 ou 427 avant Jésus-Christ, à Athènes, et mort en 348 ou 347 avant Jésus-Christ. Descendant de Solon par sa mère, il est issu d’une famille riche et illustre. Son père est Ariston et sa mère Perictioné. D’après Diogène Laërce (écrivain grec de la première moitié du IIIe siècle après JésusChrist), Platon aurait dû s’appeler Aristoclès, mais par sa taille de large carrure, son maître de gymnastique a changé son nom en Platon qui veut dire individu avec une taille de large carrure.
LES CONTEXTES SOCIO-POLITIQUES DE LA SOCIETE ATHENIENNE
Athènes avant et au temps de Périclès
Pendant plusieurs siècles, la ville, organisée sous un système monarchique primitif, ne connut pas de développement particulier. A partir du premier millénaire avant Jésus-Christ, elle se forgea une solide réputation dans le commerce des céramiques, et consolida ses routes maritimes vers les autres villes de la région. Rapidement, l’agriculture prit de l’ampleur dans les échanges, et la population athénienne se mit à croître considérablement.
Deux siècles plus tard, comme dans la plupart des cités grecques, le régime évolua graduellement vers un pouvoir aristocratique, jusqu’à l’avènement de la démocratie athénienne (environ 650 – 500 avant JésusChrist). C’est la naissance de la πολις (cité) grecque où l’aristocratie prend le pouvoir. La victoire sur les Perses repoussés en 490 à Marathon, puis battus à Salamine en 480, va auréoler Athènes d’un prestige considérable, l’exploitation de nouvelles mines d’argent au sud-est de l’Attique fournissant, quant à elle, le nerf de la guerre.
C’est en 630 avant Jésus-Christ qu’Athènes prend une importance historique capitale. Un aristocrate appelé Cylon parvient à prendre l’Acropole et tente d’imposer la tyrannie à Athènes. Assiégé, il est rapidement contraint de s’enfuir en abandonnant ses partisans. Cet épisode sanglant est rapidement suivi de réformes dans la ville. Un législateur appelé Dracon rédige les premières lois écrites dont la sévérité est passée à la postérité sous l’adjectif « draconien ». Ces lois marquent le début d’une justice d’Etat et un premier pas vers la démocratie. Après les préceptes de Dracon, viennent des réformes instituées par le sage Solon. Ce dernier effectue une certaine redistribution sociale et édite des lois qui bénéficient aux plus pauvres. Désormais, le peuple commence à avoir un droit de regard sur la politique : c’est l’avènement progressif de la démocratie.
Grâce à Dracon et à Solon, Athènes devient, au Ve siècle avant Jésus-Christ, une cité où les individus sont gouvernés par un cortège d’élus et non plus par un monarque dont le pouvoir se fait par filiation. La justice n’est plus arbitraire, mais elle est inscrite dans la loi. Athènes se dote rapidement d’une monnaie, améliore son commerce, notamment de céramique, et consolide son pouvoir politique.
Le tournant démocratique de la politique athénienne est stoppé en 561 avant Jésus-Christ par l’arrivée de Pisistrate au pouvoir. Soutenu par le peuple, il instaure une tyrannie qui, étrangement, se révèlera plutôt raisonnable. Pisistrate ne change pas les institutions de la πολις, mais poursuit au contraire la conception démocratique de Solon. Il favorise par ailleurs les arts et les lettres, et offre à Athènes sa première grande période de rayonnement culturel. Cette période est également marquée par de grands changements architecturaux dans la ville : les palais sont embellis, tandis que l’Acropole devient officiellement un grand temple en hommage à Athéna.
Après la chute de la tyrannie, la démocratie athénienne va s’établir pour de bon grâce à Clisthène qui décide une totale réorganisation politique de la ville. Athènes se retrouve divisée en de multiples circonscriptions et les citoyens sont répartis en dix tribus élisant chacune des conseillers siégeant dans le conseil des cinq cents ; ce conseil fait les lois, tandis qu’un conseil restreint de dix archontes se charge de les faire exécuter. Cette séparation des pouvoirs est le symbole de la démocratie athénienne et empêche, par le vote des citoyens, le retour de la tyrannie. Ce changement extraordinaire dans la politique athénienne va être accompagné d’un rayonnement politique et culturel sur toute la Méditerranée orientale, favorisé par différents facteurs extérieurs. En 490, pour s’opposer à l’avancée de Darius, roi des Perses, les armées athéniennes déclenchent la première guerre médique. Le choc a lieu sur le territoire grec, à Marathon, et les Athéniens sont parvenus à faire fuir l’envahisseur.
D’après la légende, un soldat fut chargé de porter la bonne nouvelle à la population inquiète d’Athènes. Ayant parcouru les 42,195 km qui séparent les deux villes avec trop de hâte, il mourut d’épuisement à Athènes, juste après avoir annoncé la victoire. Cet épisode donne lieu aujourd’hui, en sports, à l’épreuve de marathon.
Dix ans plus tard, les Perses décident de prendre leur revanche. Cette fois-ci, Athènes organise avec différentes petites villes, une véritable alliance de guerre. L’armée grecque décide d’abandonner la ville aux envahisseurs pour mieux les surprendre en pleine mer. Les Perses dévastent la cité et détruisent presque entièrement les temples de l’Acropole, mais sont définitivement battus à Salamine à l’occasion d’une bataille navale mémorable. Jouissant d’un prestige considérable et désormais débarrassés de toute menace extérieure, les Athéniens deviennent maîtres d’une grande confédération et se consacrent pleinement au rayonnement de leur cité.
La plus glorieuse époque d’Athènes, appelée « siècle de Périclès », s’étale en fait sur une cinquantaine d’années, vers environ 480 à 430 avant Jésus-Christ. Périclès est l’un des aristocrates élus qui dirige la cité pendant cette période. Au cours de ses mandats, il assure le fonctionnement des institutions démocratiques et la répartition des richesses culturelles et intellectuelles de la cité. Ce demi-siècle est à juste titre considéré comme le zénith du rayonnement d’Athènes. La ville bénéficie d’une démocratie directe non parlementaire, avec un fonctionnement particulièrement évolué. Une véritable séparation des pouvoirs y est exercée, même si les institutions démocratiques souffrent de dysfonctionnements en faveur des plus riches.
Environ 150 000 habitants vivent alors dans la cité, laquelle attire des artistes, des mathématiciens et des philosophes de tout le monde antique. Périclès fait reconstruire totalement les temples de l’Acropole par Phidias, le plus grand sculpteur de l’Antiquité. Celui-ci se consacre notamment à la construction du plus glorieux et du plus achevé des monuments de la colline : le Parthénon, grand temple dédié à Athéna.
Athènes après Périclès : le déclin de la ville
Les Athéniens vont pécher par orgueil : organisateurs d’une confédération basée sur l’île de Délos dans les Cyclades, ils sont accusés de conserver le trésor de guerre que les autres cités avaient constitué pour affronter les Perses afin de financer, par eux-mêmes, des expéditions militaires dans une vaste politique impérialiste en Méditerranée orientale . Ce « vol » provoque la colère des autres cités, notamment Corinthe et surtout Sparte, la grande rivale d’Athènes, et la seule cité dotée d’une puissance militaire au moins comparable à celle d’Athènes. Organisées en ligue, les anciennes cités alliées à Athènes se révoltent et Sparte déclenche des hostilités en 431 avant Jésus-Christ.
Cette guerre dite du Péloponnèse va embraser toute la région pendant une trentaine d’années. Avant la mort de Périclès, l’épidémie de peste, la famine et l’épuisement du trésor, affaiblissent considérablement Athènes. Malgré quelques succès et une paix temporaire, la ville doit se rendre en 404 avant Jésus-Christ, devant Sparte.
Sa grande rivale entre triomphalement dans la ville, fait détruire la flotte athénienne, abat les murailles et rend leur indépendance aux colonies. Jamais Athènes ne retrouvera son importance politique. Les Spartiates vont imposer à Athènes la dictature de trente tyrans choisis avec soin, communément appelés les Trente. Ce régime sévère va durer un peu plus d’un an, après quoi, la démocratie est de nouveau rétablie, mais sans le prestige de celle de Périclès. Athènes retrouve en un siècle une certaine vitalité, mais Sparte reste la plus puissante cité de la région. Après l’avènement et le triomphe de Philippe de Macédoine sur les cités grecques, Athènes doit docilement se rallier aux autres cités dans la ligue de Corinthe, contrôlée par ce dernier. Afin de contrôler le pouvoir, la puissante Macédoine impose dans la ville d’Athènes, la présence constante d’une garnison lui appartenant. La démocratie n’est donc plus qu’une illusion. Athènes conserve tout de même un certain prestige intellectuel et continue d’être le centre de la pensée philosophique du monde antique.
Les sophistes
Les sophistes sont des maîtres de rhétorique et de philosophie qui enseignaient au Ve siècle avant Jésus-Christ l’art de parler en public et de défendre toutes les thèses, même contradictoires, avec des arguments subtiles. Leur enseignement avait pour but de préparer l’élève contre d’éventuels conflits de pensée ou d’action par l’antilogie. Leur méthode visant la controverse, avait pour avantage de développer l’esprit critique, et par le fait même, de faciliter la rationalité. De plus, les sophistes agissaient en tant que diffuseurs de la culture et des connaissances. Cela favorisait un fonds culturel commun. Finalement, ils préparaient leurs élèves à la logique par leur analyse de l’argumentation ainsi que par leur préoccupation pour la grammaire et le langage en tant que base de la pensée.
Pour eux également, le problème de Dieu est une question délicate, et que la vie si courte ne permet ni de le connaître ni de croire en lui. La vérité dépend donc uniquement de l’homme, et elle peut varier d’un sujet à l’autre ; en un mot, tout est relatif et rien n’est absolu. Telle est l’essence de la célèbre formule de Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose » .
Il faut aussi signaler que l’enseignement des sophistes n’est pas donné gratuitement et ils vont de ville en ville chercher leur auditoire, généralement des jeunes riches qui peuvent payer très chers les frais des cours qu’ils dispensent. En résumé, les sophistes se considèrent donc comme des maîtres d’une sagesse universelle, des éducateurs qui savent tout. Mais aux yeux de Platon, l’enseignement des sophistes conduit la cité athénienne à la décadence. C’est pourquoi son maître Socrate et lui jugent injuste cet enseignement. « Les sophistes mettaient en danger chacun, à leur manière et les conduites sur lesquelles reposait l’ordre politique de la cité étaient odieuses et ridicules » . Avec tout cela, c’est-à dire avec toutes ces sortes de maux dans l’éducation des sophistes, on peut dire que la cité au temps de Platon est atteinte par une crise de moralité. Cette crise morale est due à l’enseignement des sophistes, tandis que la crise politique est due aux dirigeants de la cité de cette époque. Pourquoi cela ? Parce que ceux qui se chargeaient des affaires publiques et collectives de la cité étaient des hommes incompétents. Par conséquent, la corruption, le désordre politique, voire la partialité s’observent quotidiennement dans la cité .
Mais puisque la politique est l’art de diriger la cité, selon Platon, elle doit être l’affaire de ceux qui ont la compétence qu’il faut.
Platon voulait donc procéder à une restauration des affaires politiques, cherchait à rendre harmonieuse la cité en essayant de comprendre les causes qui font que la cité est mal gouvernée. Autrement dit, Platon se préoccupe de la manière dont la cité peut sortir de cette double crise. De ce fait, on définit le platonisme comme étant un programme politique qui cherche la justice et l’ordre social, qui sont les meilleurs remèdes pour faire sortir la cité athénienne de ces crises.
« Ce qui distingue radicalement la politique de Platon des régimes totalitaires, c’est qu’elle n’a pas pour fin la puissance de l’Etat, mais la justice, c’est-à-dire l’harmonie sociale obtenue par la perfection morale de la cité » .
On comprend donc pourquoi Platon se déploie beaucoup dans le but de faire cohabiter tout le monde dans le bonheur et dans la stabilité. Son souci est de faire vivre les hommes dans la paix.
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