A Madagascar, l’organisation mondiale de la santé a avancé à 10% de la population malagasy le nombre de personnes handicapées confondus. Parmi cette population, on peut dénombrer : entre 3 et 4% d’handicapés moteurs ; entre 3 et 4% d’handicapés sensoriels et entre 2 et 3% d’handicapés mentaux. Selon ces données, Madagascar compterait actuellement 2 000 000 d’handicapés sur une population évaluée à 20 000 000 d’habitants. L’importance de ce chiffre laisse à réfléchir et a suscité notre curiosité. De là est venu notre intérêt et nous sommes penchés sur le cas de ces handicapées dans leur éducation scolaire. Madagascar est signataire de la charte internationale de l’Education Physique et du Sport adaptée par la conférence générale de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture le 21 Novembre 1978. Cette charte ratifiée par la loi 79-018 du 15 Novembre 1979, dans son article1, paragraphe 1.1 qui stipule notamment que : « Tout être humain a le droit fondamental à l’éducation physique et au sport indispensable à l’épanouissement de sa personnalité. Ce droit doit être garanti tant dans le cadre du système éducatif que dans les autres aspects de la vie sociale ».
Ainsi, la loi n° 2008-011 du 17 Juillet 2008 modifiant certaines dispositions de la loi n° 2004-004 du 25 Juillet 2004 portant Orientation générale du système d’Education, d’Enseignement et de Formation à Madagascar garantit le droit et régit l’EPS partie intégrante de l’Education.
En effet, Michel PIEDNOIR Professeur agrégé d’EPS souligne que : « l’EPS se propose d’aider au développement parallèle et généralisé des aptitudes physiques et intellectuels des jeunes et à leur participation à la vie adulte ». La pratique de l’EPS est donc un droit pour chacun, pour favoriser son épanouissement.
Qu’en est-il de la pratique de l’EPS dans les établissements scolaires en générale à Madagascar, on assiste actuellement à des groupes d’élèves dispensés de cours d’EPS parmi lesquels ceux qui présentent des infirmités physiques.
Si on se réfère aux textes cités précédemment, nous constatons qu’il existe un certain décalage entre ces textes officiels et la pratique réelle dans les établissements. Car dans la pratique courante, les élèves handicapés physiques sont dispensés à la pratique de l’EPS, cette dispense devient indiscutable et semble même acceptée par les autorités compétentes, bien que cette non participation peut affecter sur le plein épanouissement de l’individu, et le met à l’écart de ses camarades.
INTERPRETATION
Les résultats et les analyses de l’enquête effectuée auprès des établissements scolaires nous a relevé quelques points essentiels sur la réalité de l’enseignement de l’EPS, et qui méritent certaines discussions en ce sens qu’ils présentent certainement des impacts constituant des sources de problèmes sur l’enseignement de l’EPS. Les données statistiques indiquent l’effectif des handicapés physiques dans les lycées de la CISCO d’Antananarivo ville ne représente que les 0,90% des affectifs totaux des élèves des six (6) lycées.
Si nous considérons ce chiffre, comme simple données statistiques, nous constatons qu’il est minime et ne constitue qu’une quantité très négligeable, et c’est ce que tous les enseignants d’EPS aussi ont tendance à croire, mais il ne faut pas perdre de vue aussi un certain état d’esprit jusqu’à devenir un préjugé que l’EPS à l’école est réservée aux élèves valides, ce qui peut expliquer les initiatives des enseignants à écarter d’office les élèves handicapés des activités sportives bien qu’il existe, ni des constructions officielles émanant de l’Administration, ni des avis des médecins scolaires.
Or, l’état soucieux d’être en désaccord avec une loi a pris soin tout simplement d’exiger une note obligatoire d’EPS à tous candidats au baccalauréat ; l’attribution de ces notes ne faisant pas état d’une instruction très stricte. Ce qui donne une grande liberté à cette notation, et c’est ainsi que nous assistons à des examens écrits portant essentiellement sur la réglementation technique du sport. Notre problème est de savoir dans quelle mesure ces cours théoriques d’EPS contribuent-ils au développement harmonieux du corps comme l’exigent les objectifs généraux de l’EPS, ne serait- ce que dans la compréhension même de ces règlements dispensés car comme disait Piaget : « Il n’y a pas de pensée sans acte », soit il n’y a pas de compréhension sans action.
Nous pensons donc qu’il est temps de revoir ou de reconsidérer cette pratique d’EPS pour cette partie de la population scolaire si minime soit-elle, mais qui tout de même aura le droit de pratiquer des APS comme tous ses pairs.
La reconsidération de la pratique d’EPS pour les élèves handicapés nous amène à voir l’organisation de l’enseignement de l’EPS dans les établissements scolaires en général, et en particulier l’évaluation des élèves handicapés. En effet, l’administration scolaire exige que chaque élève doit avoir une note dans chaque discipline enseignée. Ainsi, pour faciliter la notation des élèves handicapés, tous les enseignants enquêtés ont adopté des cours théoriques sur les règlements des disciplines sportives, et quelques uns ont combiné ces cours théoriques avec des cours pratiques directs, soit en les faisant arbitrer, soit en les responsabilisant à organiser des rencontres intergroupes. Donc, on peut résumer cette organisation de l’enseignement comme suit :
– apprentissage des tâches d’organisation de compétition.
– apprentissage des tâches techniques et connaissances des règlements sportifs.
En se référant à l’organisation et le contenu de l’enseignement de l’EPS qui est une pédagogie de la conduite motrice, on constate qu’il n’y a pas de correspondance entre ce qu’on fait dans la pratique et ce qu’on doit faire.
Cette réalité sur le cours d’EPS n’indique pas la vraie valeur éducative de l’EPS mais se limite seulement à l’enseignement des techniques sportives. Ce qui nous amène à se demander si les enseignants maîtrisent-ils vraiment le concept de l’EPS. En effet, selon notre enquête sur le terrain, la pratique est axée sur l’enseignement sportif. Cette conception a un impact sur la participation des handicapés et les cours d’EPS ce qui implique une élucidation des concepts EPS et de le mettre en valeur pour que tout le monde jouisse ses effets bénéfiques.
LE CONCEPT « ENSEIGNEMENT »
DEFINITION « ENSEIGNEMENT »
« L’enseignement est l’action, l’art de transmettre des connaissances selon la dictionnaire Larousse. Selon Jean Beauté : « L’enseignement désigne le plus souvent l’action du maître, il s’agit de transmettre des savoirs et des faire, par la mise en place des programmes et organisations du travail, ainsi que les méthodes et moyens utilisés ».
En EPS, selon A. Hebrard : « l’enseignement de l’EPS est la science de la construction de savoir, dans la pratique de cette science, l’enseignant est sans cesse confronte à la difficulté de choisir les activités, les démarches, les situations qui emmèneront l’élève à apprendre et à réutiliser les connaissances acquises » A partir de ces trois références, nous pouvons déduire que le rôle de l’enseignant est de stimuler, enrichir et multiplier les expériences de l’enfant, de veiller à son développement harmonieux tant sur le plan moteur que cérébral. La tâche de l’enseignant en EPS sera résumée par le schéma tiré du livre : « La guide de l’enseignant ». Ecrit par l’Association des enseignants d’EPS 1994.
LES FINALITES ET OBJECTIFS DE L’ENSEIGNEMENT
Les finalités
Les finalités expriment les buts de l’éducation à l’issue des décisions politiques et selon les besoins de la société. A Madagascar la loi n°2008- 011 du 17 Juillet 2008 portant orientation générale du système d’Education, d’enseignement et de Formation à Madagascar détermine les finalités de l’éducation et la formation surtout dans les articles qui suivent :
– Article 3 : « L’Etat s’engage à instaurer un système d’éducation, d’enseignement et de Formation capable d’assurer l’épanouissement intellectuel, physique, moral, civique et artistique de chaque individu ».
– Article 4 : « L’Education, l’enseignement et la Formation malagasy doivent préparer l’individu à une vie active intégrée dans le développement social, économique et culturel du pays.
Pour la réalisation de cet objectif, ils sont notamment tenus de :
– Promouvoir et libérer l’initiative individuelle et des communautés de base
– Favoriser la créativité
– Cultiver le goût de l’effort
– Développer l’esprit d’entreprise et de compétition, le souci de l’efficacité, le sens de la communication, la recherche de l’excellence dans le résultat et
– Parvenir à produire des citoyens suffisamment instruits et aptes à assurer l’exploitation personnelle des richesses naturelles potentielles, afin de hisser notre pays au rang des Nations les plus développées, tout en conservant sa sagesse légendaire.
Ainsi, l’enseignement dispensé dans les établissements scolaires malagasy doit avant tout viser la formation d’un type d’individu autonome et responsable, imbu des valeurs culturelles et spirituelles de son pays, notamment le « Fihavanana garant de l’unité nationale », autant que des valeurs démocratiques. L’identification de soi, autre avec de l’éducation, doit déboucher sur l’épanouissement physique, intellectuel et moral. Formé à la liberté de ce choix, le futur citoyen sera amené à participer à la vie culturelle de la communauté, au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent, promouvoir et protéger le patrimoine culturel national, accéder à la production artistique et littérature, et être apte à contribuer au développement économique et social de Madagascar.
Il est donc nécessaire d’organiser l’éducation et la formation pour pouvoir arriver aux fins visées par la société. De cette organisation verront apparaître les objectifs généraux et intermédiaires de l’éducation.
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