Le logement est considéré comme un besoin vital protégeant la cellule familiale. Tout d’abord, il présente un intérêt social car il sert de refuge. Ensuite, un intérêt psychotechnique par le fait d’avoir un chez-soi et enfin un intérêt juridique par la possession d’un domicile fixe.
Malheureusement, la croissance rapide de la population, la diminution du pouvoir d’achat des ménages, le coût élevées constructions et logement, la prolifération de la construction anarchique, l’absence des conditions favorables à la promotion ou à l’autoconstruction de logements sont les principaux facteurs de dégradation de condition de logement. Evidemment, ces facteurs influent sur la qualité de vie de la population des grandes villes, et Antananarivo ne peut pas s’échapper à ces phénomènes.
Ainsi, pour résoudre ce problème, la participation de la population à tous les niveaux de décisions ainsi que la recherche d’une solution qui correspond à la conjoncture actuelle s’avère plus que nécessaire. C’est pourquoi nous apportons dans cette étude notre contribution à la « Conception de logement Evolutif dans les zones urbaines » en prenant comme exemple d’application le « cas d’Antananarivo Renivohitra ».
Avant d’entamer ce thème, nous voudrions d’abord éclaircir ce thème. Selon Larousse :
• La conception évoque les idées de naissance et de création d’un projet ou d’une hypothèse et d’invention.
• Le logement est le lieu d’habitation pour une personne ou pour plusieurs personnes vivant ensemble.
• Le terme évolutif indique tout ce qui est susceptible de transformation progressive et procure ces transformations.
Ainsi la conception d’un logement Evolutif consiste à faire valoir les causes, puis inventer un lieu d’habitation, qui est susceptible de se transformer progressivement. Elle a donc pour objectif d’offrir un logement adaptable, au cours du temps, aux besoins et aspirations des usagers, du fait de l’évolution de taille, de leur goût, de leurs aspirations et de leurs moyens financiers.
Pour atteindre cet objectif, nous devrions analyser les véritables problèmes de logement à Antananarivo, puis, proposer des solutions appropriées et accessibles financièrement pour une partie de la population.
En premier lieu, nous allons analyser la situation actuelle par l’intermédiaire des résultats d’une enquête que nous avons effectué et des récoltes des données auprès des divers organismes privés ou publics afin d’évoquer le problème de logement dans notre capitale. En second lieu, nous essayerons de proposer des solutions compatibles aux aspirations et aux possibilités financières d’une partie de la population tout en tenant compte les contraintes techniques. Ainsi, nous allons prendre le site d’Andranomena comme site d’étude pour permettre d’évaluer le coût d’aménagement et par la suite, le coût d’une parcelle aménagée.
Ensuite dans un souci d’assurer la réplicabilité de cette étude, nous essayerons d’établir le mode de recouvrement des coûts. Enfin nous allons étudier l’accessibilité financière afin de statuer les futures propriétaires, puis essayer de faire une approche sur une analyse économique de cette étude.
HISTORIQUE
Aux XVIème siècle, sous le nom d’Analamanga, Antananarivo était déjà la capitale d’un royaume et était concentrée sur la ville haute. Sa conquête par Andrianjaka (1610-1630) lui confère son nom actuel. Si les différents successeurs de ce roi n’ont pas changé le nom de la ville, il faut souligner que ses limites ont été étendues et son aspect transformé. Avant le XIXème siècle, à l’instar de toutes les anciennes villes malgaches, Analamanga était une ville fortifiée entourée de larges et profondes fossés dont sept portes permettaient l’accès. En ces temps la ville avait pour limites : Ambohipotsy au sud, Ambavahadimitafo à l’est et Andohalo au nord.
L’aspect des maisons était uniforme : elles étaient rectangulaire, sans étages, d’axes nord-sud, non pourvues de fenêtre à l’est, la porte du côté sud-ouest, et la toiture à deux pans. Ces maisons étaient en terre pisée, au toit de chaumes ou de roseaux, mais les riches pouvaient disposer des maisons en bois.
Au XIXème siècle, en brisant les roches d’Ambatovinaky, Radama I avait permis à la ville de s’étendre vers le bas. Par ailleurs il avait essayé de faire raser la colline d’Ambohijanahary. Ainsi, la ville a dépassé la place d’Andohalo, allant d’un côté vers Faravohitra et de l’autre côté par Ambatonakanga. La promulgation en 1869 de l’autorisation de construire des maisons en ont beaucoup transformé l’habitat. Des maisons en briques se sont apparues alors, couvertes de tuiles, pourvues d’étages et parfois de véranda et de colonnes (les maisons des missionnaires).
Si Antananarivo avait été une « ville haute » jusqu’à la fin du XVIIème siècle, la période coloniale l’a transformée en récupérant les flancs des collines (ville moyenne) et les bas fonds (ville basse), et en délimitant les quartiers suivant des critères différents de la période précédente. Les premières rues d’Antananarivo remontent du temps de Galliéni et relient Ambohijatovo à Soarano (rue Galliéni) d’une part et Ambatonakanga d’autre part (rue Galliéni). L’urbanisation de 1920 à 1930 a donné naissance à la ville moyenne qui s’étend à Ambatovinaky à Isoraka et ses environs d’un côté et de Faravohitra à Ankadifotsy et ses environs de l’autre. L’extension prévue par Cassaigne a été conçude telle sorte qu’il y ait des quartiers pour des étrangers (Isoraka, Ambatonilita, Antaninarenina) et d’autres pour les Malgaches (Ambondrona, Isotry, Besarety). En ce qui concerne les quartiers des étrangers, les trois premiers furent exécutés. A partir de 1930, la métropole a créé les FIDES (Fonds d’Investissements pour le Développement Economique et Social) dans le financement des travaux des colonies.
SITUATION ACTUELLE
Le problème de logement figure actuellement parmi les premières préoccupations de la population urbaine à Madagascar. On entend souvent des familles en quête de logement à louer : Combien coûte le loyer ? Dans quel quartier ? Branché à l’eau ou à l’électricité ? Ce sont des questions familières qui se posent dans la quasi-totalité de la ville. Pour bien cerner ce problème, un aperçu de condition de logements ainsi que l’analyse des aspirations et besoins de la population en matière de logement sont primordiaux. De même, la connaissance des niveaux de vie et la capacité des ménages à contribuer à la construction de logement sont plus que nécessaire.
A ces fins, nous avons effectué une enquête ménage de type « questionnaire » dont nous trouverons en annexe un exemplaire. Nous l’avons conçue de manière à recueillir des données quantifiables sur mille exemplaires. Les questions sont alors orientées vers les objectifs de nos travaux. Pour cela, comme la promotion de logement implique toujours la récupération des coûts sur les bénéficiaires, nous avons éliminé les ménages ayant des ressources du secteur dit « informel ». La distribution s’est faite alors dans les lieux de travail (bureaux) des différentes sociétés ou entreprises (Banques, Sociétés) et aussi dans les ministères. Une partie a été distribuée par porte à porte.
Dans le souci de combler et de recueillir un maximum de renseignements, nous avons fait des investigations auprès des Ministères, à noter celui des Finances dans le Service des Contributions Directes, celui de la Population, de la Banque des Données de l’Etat et enfin dans les Fivondronampokontany d’Antananarivo Renivohitra.
OFFRE DE LOGEMENT
Actuellement, la promotion publique de logement est quasiment nulle. Quant à la promotion privée, une faible partie est assurée par des promoteurs professionnels mais la plupart est faite par des personnes privées qui ont recours à différents modes de production de logement et vont de l’autoconstruction ou du tâcheronnage à l’appel à des entreprises.
L’offre public en logement
Selon « L’Economie de la construction à Antananarivo », (1988), l’offre public en logement s’élève à Antananarivo à 8347 logements (Réf. Bib. n17) dont 4857 gérés par la SEIMAD. Ils ont été produits pendant une période s’étalant de 1960 à 1975. Nous verrons à l’annexe un tableau donnant la localité et la date de mise en service de ces opérations. La production annuelle était de 324 logements.
La SEIMAD a commercialisé et commercialise toujours son parc de deux (2) façons :
– la location simple concernant 3917 logement soit 80% du parc
– la location vente pour 910 logements qui représente 20% du parc .
Les loyers ont été fixés au départ en n’ont pas été révisés depuis.
L’offre par des promoteurs privés
Les promoteurs privés assurent l’essentiel de la production de logements. Le «promoteur » pouvant être aussi bien le ménage fortuné qui fait construire une villa de grand luxe par des entreprises ou le ménage pauvre qui réalise lui-même, ou éventuellement avec l’aide d’un tâcheron, une pièce unique sommaire de 12m² .
Mode de production
D’une manière générale, les modes de production sont au nombre de quatre et se font par :
1) La petite entreprise : (se range dans le secteur structuré)
Elle emploi au minimum 5 personnes, a un capital et possède du matériel. Elle se range dans le secteur « structuré » : elle a une existence légale du fait qu’elle paie la patente, les impôts, et les charges comme le CNaPS, OSTIE, vêtement du travail, congé, préavis, etc… Elle s’intéresse surtout aux marchés de gré à gré et fournit un travail propre mais cher.
2) Le tâcheron déclaré : (se range dans le secteur structuré)
Il a des employés mais n’a pas ni capital ni matériel (les ouvriers viennent avec leurs matériels). Il fait partie du secteur structuré mais n’est redevable d’aucune autre charge. L’obtention du marché se fait de gré à gré et il fournit un travail propre et assez cher.
3) Le tâcheron non déclaré : (reste dans le secteur non structuré ou informel)
Il n’a ni capital ni matériel, ni d’existence légale et rentre dans le secteur dit « informel » : il ne fait aucune déclaration légale, et de ce fait, échappe à toutes charges et patente. Il travaille pour des particuliers et des ménages qui lui paient de la main à la main et fournit un travail aléatoire et plutôt bon marché.
4) Le travailleur isolé :
Il appartient au secteur informel. Les familles modestes font appel à lui pour se faire aider dans la construction de leurs petites maisons. Il apporte leur matériel et ne s’occupe pas de la fourniture des matériaux. Leur travail est très bon marché et assez aléatoire. Cependant, il peut être cher et de meilleure qualité dans le cas d’ouvriers spécialisés.
Les différents types de produits
Concernant les types de logement, il est difficile de poser des définitions rigoureuses. Cependant nous allons les classer par quatre grand types :
• Les logements conventionnels :
Ils correspondent à l’idée que l’on se fait généralement d’un logement et est caractérisé par une certaine conformité aux normes : durabilité, matériaux de bonne qualité, pièces spacieuses ou au moins des surfaces normales, équipement en cuisine et sanitaire, branchés à l’eau et à l’électricité. Ce type est exécuté par des petites entreprises ou des tâcherons déclarés.
• Les logements intermédiaires :
Ils correspondent au premier degré d’abaissement du coût par rapport au logement conventionnel. Leurs matériaux et leurs procédures de mise en oeuvres sont simples mais corrects (briques cuites, mortier de terre, emploi de ciment, peu ou pas de moellons…). Ils ne sont pas raccordés à l’eau, sauf quelques exceptions, mais ont souvent l’électricité.
• Les logements élémentaires :
Ils sont réduits à leurs simples expressions. Les matériaux avec lesquels ils sont édifiés sont la plupart de basse catégorie (briques crues, panneaux légers, toitures végétales ou en fûts déployés,…). Ils n’ont ni l’eau ni électricité, sauf exceptionnels sont édifiés par leurs propriétaires avec l’aide des manœuvres qu’ils encadrent.
• Les logements rudimentaires :
Ils correspondent au degré zéro du logement. Dans ce type de logement, on utilise surtout des matériaux récupérés ou fabriqués par les membres de la famille. L’exécution se fait par autoconstruction et ils ne possèdent aucun équipement : pas de cuisine, ni eau, ni électricité. En connaissant les modes de production et les différents types de logement, il serait intéressant de savoir combien en sont construits annuellement.
INTRODUCTION |