Leptospirose
La leptospirose est une infection bactérienne zoonotique qui sévit dans le monde entier, à dominante tropicale et constituant un enjeu de santé publique (Picardeau, 2015a). En 1886, Adolf Weil décrit les premiers cas cliniques (formation d’ictères) de ce qui s’appellera plus tard, la maladie de Weil (1886). Dès les années 1900, de premières descriptions des spirochètes sont relatées par Stimson, après observation de tissus de patients atteints de fièvre jaune (1907).
La responsabilité des leptospires dans la maladie de Weil ou leptospirose est relatée dans les publications de l’équipe de Inada (Inada and Kaneko, 1915) suivie par celle de Noguchi (Noguchi, 1919). Touchant plus d’un million de personnes par an dans le monde, elle entraine le décès d’environ 60 000 personnes (Costa et al., 2015; Ko et al., 2009). Le taux de mortalité peut varier d’un pays à l’autre et malgré qu’elle soit parfois sous-estimée du fait de la difficulté du diagnostic (Costa et al., 2015). La leptospirose est considérée comme une maladie émergente du fait du réchauffement climatique et de l’urbanisation grandissante notamment dans les pays tropicaux. L’ensemble des mammifères peuvent être porteurs de leptospires et principalement les rats, animaux ubiquitaires à travers le monde.
.Epidémiologie
L’épidémiologie étudie les facteurs qui entrent en jeu dans l’apparition et le développement des maladies, que ces facteurs soient individuels ou environnementaux.
Situation mondiale
La leptospirose est l’une des zoonoses les plus répandues à travers le monde. Par manque d’informations des populations et de données locales sur sa morbidité et sa mortalité, elle reste également une maladie tropicale négligée dans certaines zones géographiques. Dans leur étude, Munoz-zanzi et son équipe ont établis une carte recensant les différentes épidémies de leptospirose relatées dans la littérature, entre 1970 et 2012 (Munoz-Zanzi et al., 2020). Leptospirose 4 Figure 1. Carte des épidémies de leptospires relatées dans la littérature entre 1970 et 2012, en fonction des différentes écorégion définies par Olson 2001, tiré de Munoz-Zanzi 2020. Les zones géographiques ayant rapportés le plus grand nombre d’épidémies sont l’Amérique latine avec 35,8% (principalement au Brésil et à Cuba), l’Asie du Sud avec 12,9% et l’Amérique du Nord avec 10,7%. Même si cette étude ne mentionne pas les épidémies survenues depuis 2012, elle synthétise une quantité considérable d’informations relatives aux épidémies et donne un premier aperçu de la localisation de la plupart des études.
Il est important de faire la distinction entre les pays rapportant de nombreuses épidémies (Figure 1) et ceux dans lesquelles l’incidence est la plus élevée (Figure 2). Dans certaines régions, la littérature ne relate quasiment aucune épidémie de leptospirose par manque d’informations ou de méthodes de diagnostic, alors que l’incidence y est supposée très élevée comme en Afrique. Pour cela, Costa et ses collaborateurs ont mis en place une estimation mondiale de la morbidité liée à la leptospirose, ajustée en fonction de l’âge et du sexe (Costa et al., 2015). 5 Figure 2. Estimation de la morbidité annuelle de la leptospirose par pays ou territoire, tiré de Costa 2015.
L’incidence annuelle de la leptospirose est illustrée par une variation de couleur. Elle indique le nombre de cas pour 100 000 habitants : blanc (0–3), jaune (7–10), orange (20–25), rouge (>100). Les études recensées dans cette publication sont signalées par les différentes formes (cercle et triangle). Au niveau mondial, la morbidité et la mortalité annuelles incombant à la leptospirose sont respectivement estimées à 15 cas et 1 décès, pour 100 000 habitants (Tableau 1). Les incidences les plus fortes (nombre de cas pour 100 000 habitants) sont retrouvés en Océanie (151), en Asie du SudEst (56), aux Caraïbes (51) et en Afrique subsaharienne orientale (26).