La question du changement climatique constitue l’une des préoccupations des scientifiques. Elle intéresse de nos jours toute la communauté internationale. Malgré le sous-développement ou la pauvreté des Pays les Moins Avancés, la lutte contre les risques climatiques est aussi leur priorité. L’augmentation des températures, l’irrégularité ou l’insuffisance des pluies, les cyclones sont des facteurs qui compromettent sérieusement la sécurité des moyens de subsistance des personnes pauvres. Afin que les programmes du développement puissent réduire la vulnérabilité des personnes face aux risques climatiques, nous devons savoir quelle stratégie d’adaptation répond à leur besoin.
Les pressions des risques climatiques pèsent sur les systèmes agricoles, la santé publique, la région côtière, les ressources en eau et les ressources forestières (PANA, 2006). La Direction Générale de la Météorologie à Madagascar a observé qu’en 2000 la température moyenne de la Grande Ile a augmenté de 0,2°C et la projection pour l’année 2055 prévoit une hausse importante de 1,6°C dans la partie Sud de l’Ile, de 1,1°C à 1,8°C dans les régions côtières, et entre 1,3 et2,5°C pour le reste de l’Ile .
Cette situation a amené la ratification par Madagascar de la Convention Cadre de Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) en 1992 et le Protocole de Kyoto en 1997. Le pays a par la suite élaboré sa Politique Nationale de Lutte contre le Changement climatique (PNLCC), et procédé à la mise en œuvre du Plan d’Action Nationale d’Adaptation (PANA). L’adaptation vise à ajuster et changer le comportement des systèmes naturels ou humains pour répondre aux systèmes climatiques actuels ou attendus, en modérant les conséquences négatives et tirant profit des opportunités .Elle assure la résilience de la riziculture face aux risques climatiques présents et futurs, par l’augmentation de la productivité, même dans des conditions contraignantes, pour relever le défi de la sécurité alimentaire .
Le secteur agricole occupe une place importante dans l’économie du pays, fournissant 47% du PIB et conditionnant l’activité de subsistance des 80% de la population entière . Le riz représente l’aliment de base pour les Malgaches, or Madagascar n’arrive pas à satisfaire la demande et importe 5 à 10% de la consommation nationale . Aussi, le pays s’engage pour l’atteinte au moins du deuxième objectif inscrit dans les Objectifs du Développement Durable (ODD) : «en finir avec la faim, atteindre la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable ». Le premier grenier à riz de Madagascar, la Région Alaotra-Mangoro, plus précisément la zone du Lac Alaotra, subit les risques climatiques, tels que le déficit hydrique dans les rizières de haute altitude et l’inondation dans celles de basse altitude, le phénomène d’érosion causent de lourds dégâts sur les surfaces cultivées, les canaux d’irrigation et les cours d’eau. Il en résulte la diminution des rendements de 1 à 2 tonnes par hectare, qui allonge la période de soudure de 5 à 7 mois, aggravant l’insuffisance alimentaire.
Notion de l’adaptation au changement climatique
Définition de l’adaptation au changement climatique
D’après le rapport du Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Evolution du climat (GIEC) en 2001, l’adaptation est « l’ajustement des systèmes naturels ou humains pour répondre à des systèmes climatiques actuels ou attendus pour en modérer les conséquences négatives et tirer profit des opportunités ». MENDELSOHN a défini en 2006 les stratégies d’adaptation, comme « les changements que les personnes, les entreprises ou gouvernement encourent pour réduire des dommages ou augmenter des bénéfices du changement climatique ». MANSANET-BATALLER affirme en 2010 que les mesures d’atténuation permettent de limiter les changements climatiques, tandis que l’objectif des mesures d’adaptation est de réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et socio-économiques, et ainsi de faire face aux changements climatiques à moindre coût.
En bref, l’adaptation est donc un processus d’élaboration et de mise en place des mesures visant à changer le comportement, dans le but de réduire les impacts négatifs du changement climatique par une augmentation de la résilience d’un système.
Le fondement de l’idée d’adaptation au changement climatique
La raison d’être de l’adaptation se focalise sur l’idée de l’incertitude du niveau de changement climatique. Il faut par conséquent assurer la combinaison de l’atténuation avec l’adaptation.
L’incertitude du niveau de changement climatique
Le climat futur est différent du climat d’aujourd’hui. Le quatrième rapport du GIEC mentionne que le rythme d’accroissement actuel des concentrations de gaz à effet de serre(GES) provoquera un réchauffement moyen de 0,2°C par décade durant les vingt prochaines années, mais la projection à long terme du changement diverge selon les scénarii utilisés. Il précise également que pour avoir des chances de limiter cette augmentation à +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, la concentration de GES dans l’atmosphère ne devrait pas dépasser 450 parties par million (ppm). Ceci explique que le climat futur est donc fonction de la limitation du réchauffement et la maitrise de ses impacts.
Le changement climatique inévitable
Malgré les efforts pour la réduction des émissions des GES, le réchauffement est réel et pourrait avoir des conséquences brusques ou irréversibles selon son importance. On doit faire appel alors, aux mesures d’adaptation comme des moyens pour réagir à ses effets.
La complémentarité de l’atténuation et de l’adaptation
Selon MANSANET-BATALLER en 2010, « l’atténuation repose sur un principe simple de la nécessité de diminuer les GES et de stimuler leurs stockages dans des réservoirs naturels, tels que les forêts ; l’adaptation repose sur les impacts futurs inéluctables liés à la durée de vie importante (plusieurs décennies, voire plus) des GES dans l’atmosphère (…) l’objectif des politiques d’adaptation peut également s’interpréter comme l’évitement ou la réduction des coûts potentiels futurs des changements climatiques ». En somme, les mesures de réduction des émissions de GES sont nécessaires pour limiter le réchauffement climatique, mais ne sont pas suffisantes pour écarter tout danger. D’où l’essence des mesures d’adaptation qui devront permettre de limiter les conséquences des changements climatiques inévitables, notamment sur les populations les plus vulnérables.
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