Intermédiation bancaire Détour théorique
Banque comme intermédiaire d’information et de risques
Dans le monde des affaires, il est difficile de distinguer une bonne qualité d’une mauvaise à cause de l’incertitude qui règne entre les agents1 . En effet, comme dans la plus part des marchés, celui des banques est confronté au problème de l’information imparfaite, c’est à dire que l’information n’est pas complète et disponible pour tous les acteurs présents dans le marché. Selon 782 , c’est cet environnement incertain marqué par l’asymétrie d’information et la préférence pour la liquidité qui fait de l’intermédiation bancaire un besoin inévitable. Les banques n’ont pas l’information parfaite sur leurs clients mais doivent continuellement sélectionner les emprunteurs et garder une relation durable avec les clients (en besoins et/ou en excès de financement). Les banques sont alors constamment confrontées au problème du risque de sélection adverse et du risque d’aléa moral qui engendrent des coûts d’agences. Dans cette sous section, nous évoquons la théorie de la banque comme intermédiaire d’information. A cet effet, on ne peut ignorer le problème de l’asymétrie d’information (le risque de sélection adverse et d’aléa moral) et comment peut-il être résolu ? Aussi, le modèle de la panique bancaire constitue l’un des piliers du fondement théorique de l’intermédiation bancaire. A la fin de la section, nous introduisons d’autres cas dans la banque (des situations d’aléa moral) où peut apparaitre une asymétrie d’information.
Le risque de sélection adverse et intermédiation bancaire
Comme il a été cité auparavant, l’asymétrie d’information peut perturber la relation entre préteur et emprunteur, lorsque ce dernier possède une information privée avant la signature du contrat. Dans ce cas, l’asymétrie d’information est ex ante. Par exemple, seul l’emprunteur connait la probabilité de réussite de son projet. Dans tous les cas, et en face d’un marché de plus en plus incertain, la banque reste sous informée par rapport à l’emprunteur. L’information transmise par ce dernier est souvent partielle et sujette à caution1 . Si la banque ne peut distinguer les risques de chaque emprunteur, elle accorde les mêmes taux à toutes les entreprises; or les projets les moins risqués dégagent généralement les rendements les plus faibles. Ainsi, ces projets sont évincés du marché du crédit2 . On assiste alors au phénomène de la sélection adverse3 . Pour remédier au risque de sélection adverse, il nous semble indispensable d’évoquer l’étude de Stiglitz et Weiss (1981).
Le modèle de Stiglitz et Weiss (1981)
Ce modèle trouve que la banque doit rationner le crédit de façon à ce qu’il y a toujours des clients qui n’obtiennent pas de crédit. Le taux d’intérêt appliqué n’est plus le taux qui égale l’offre des fonds à la demande mais un taux d’intérêts optimum pour la banque ; r*. A ce taux, la demande des fonds excède l’offre. En d’autres termes, il y a toujours des clients qui n’obtiennent pas de crédit même s’ils acceptent des taux d’intérêts plus élevés que r*. La banque juge qu’à ces taux, les clients sont plus risqués et le revenu espéré du crédit pour la banque devient inférieur au crédit que la banque offre à un taux de r*. Les auteurs donnent plus d’arguments pour que la banque rationne le crédit et applique un taux d’intérêt inférieur au taux d’équilibre tout en évitant d’augmenter les garanties exigées. De ces arguments, on peut citer:4 – Les projets à deux résultats sont les projets avec deux scénarios probables : succès / défaut. Les auteurs prouvent que le profit récolté d’une hausse en taux d’intérêt en cas de succès est complètement annulée par le poids des pertes des crédits risqués. La banque maximise alors ses revenus en appliquant un taux d’intérêt inférieur au taux maximum possible. Car seuls les projets avec une grande probabilité de défaut s’engageraient dans des crédits avec des taux d’intérêts élevés. Les individus demandeurs de crédits sont différents dans leur aversion au risque. Ces différences affectent le choix des projets et le taux d’intérêt optimal pour la banque. En effet, à un taux d’intérêt élevé, les projets peu risqués et donc peu rentables (entrepris par des individus prudents) deviennent pratiquement infaisables. – Le taux d’intérêt peut affecter le revenu espéré du crédit en changeant l’attitude de l’emprunteur. En augmentant le taux d’intérêt, la banque incite les emprunteurs à s’engager dans les projets les plus risqués qui sont peu rentables pour la banque. – Afin de protéger ses intérêts en cas d’échec du projet financé, la banque peut exiger plus de garanties. Cependant, les exigences en garanties peuvent induire à des effets de sélection adverse. C’est uniquement les clients qui sont plus tolérant au risque et qui avaient réussit à collecter des richesses qui peuvent présenter ces garanties et accepter le crédit.
Le modèle de Bester (1985)
Le modèle de Stiglitz et Weiss (1981) introduit un équilibre avec rationnement, intitulé un équilibre « mélangeant »1 dans la mesure où la stratégie de la banque se résume en un seul type de contrat à tous les emprunteurs potentiels. Bester (1985)2 a proposé une possibilité de discrimination des emprunteurs avec des niveaux différents de risque. Sachant que le marché de crédit est caractérisé par une asymétrie d’information, une banque peut différencier les emprunteurs potentiels à partir d’un ensemble de contrats déterminés par un taux d’intérêt et une garantie qui reviendrait à la banque dans le cas d’une défaillance de l’emprunteur. Plus tard, Bester (1987)3 considère la possibilité du risque d’aléa moral à cause de l’asymétrie d’information ex ante. Il conclue que les garanties demandées par la banque atténuent les effets de l’aléa moral. En effet, des garanties élevées incitent les emprunteurs à choisir des projets qui impliquent moins de risques ex post.