UN SYSTEME DE SANTE ET SOINS SELON UN MODELE HIERARCHIQUE PYRAMIDAL
La politique sanitaire et l’offre de soins sont organisées et exécutées suivant un modèle hiérarchique pyramidal.
Sur le plan de l’organisation administrative, le système de santé est entièrement sous la responsabilité du ministère de la Santé, structurée en trois niveaux : il y a, au niveau central, des directions et structures organisées autour du cabinet du Ministre et du Secrétariat général ; au niveau intermédiaire, on retrouve les 13 directions régionales de la Santé qui ont pour mission de traduire en actes la politique du Gouvernement dans les régions sanitaires ; au niveau périphérique, il y a les districts sanitaires (au nombre de 70 depuis avril 2011) qui relèvent hiérarchiquement des directions régionales de la Santé. Chaque district englobe toutes les structures sanitaires situées dans ses limites territoriales (provinces ou arrondissements).
Les structures publiques de soins sont organisées également en trois niveaux qui assurent des soins primaires, secondaires et tertiaires.
Le district sanitaire, qui est le premier niveau de soins, comprend : à un premier échelon, les dispensaires, les centres de santé et de promotion sociale (CSPS), ainsi que les centres médicaux (CM), en somme les structures sanitaires de base du système de santé ; à un deuxième échelon, il y a les centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA), désormais appelés hôpital de district (HD), qui sont les structures de référence pour les formations sanitaires relevant du district. Le deuxième niveau de soins est représenté par les centres hospitaliers régionaux (CHR) qui servent de référence aux CMA.
Le troisième niveau est composé par des centres hospitaliers universitaires (CHU) nationaux (CHN) qui sont les structures nationales de référence les plus élevées en matière de prise en charge des malades.
Chacun des niveaux et des échelons, en fonction de ses moyens humains et matériels, exerce des responsabilités différentes.
DES ROLES PROPRE ET DELEGUE DE L’INFIRMIER
Le Code de la santé publique traite, entre autres, des conditions d’exercice de la profession infirmière au Burkina Faso. À ce sujet, on peut y lire : « Nul ne peut exercer la profession […] d’infirmier(e) au Burkina Faso, s’il n’est titulaire d’un diplôme d’État […] d’infirmier(e) ou d’un certificat reconnu et jugé équivalent par le Gouvernement du Burkina Faso, [s’il n’est] de nationalité Burkinabé, [s’il n’est] inscrit au tableau de l’ordre des infirmiers(es) » (extrait de l’Article 126) ; « Les devoirs moraux et professionnels des membres des professions médicales et paramédicales seront
déterminées par des codes de déontologie établis par les ordres au fur et à mesure de leur création et approuvés par voie réglementaire » (Article 127) ; « Les conditions générales d’exercice de la profession […] d’infirmier(e) seront fixées par décrets pris en Conseil des Ministres » (extrait de l’Article 129). S’agissant des prescriptions médicales, il est dit, à l’Article 130, que « […] les infirmiers(es) ne peuvent prescrire que dans les conditions fixées par Arrêté du Ministre chargé de la Santé ». Jusqu’à présent, soit près de deux décennies après, ces conditions n’ont toujours pas été fixées. Quant au décret portant organisation des emplois du ministère de la Santé, il ne s’intéresse qu’aux attributions, aux modes et conditions d’accès et à la classification catégorielle des infirmiers.
LES ATTRIBUTIONS DE L’INFIRMIER BREVETE
L’emploi d’infirmier breveté comprend les attributions suivantes : « exécuter les soins curatifs ; exécuter des soins préventifs ; effectuer les prélèvements prescrits ; préparer la visite médicale ; effectuer la prise et la surveillance des constantes biologiques ; pratiquer le nursing ; organiser des séances d’éducation sanitaire dans sa structure de soins ; effectuer l’entretien de premier niveau et la stérilisation du matériel technique ; dépister et référer les grossesses à risque, les accouchements dystociques et les suites de couches pathologiques ; remplir tous les documents prescrits dans le cadre de ses activités ; pratiquer des accouchements eutociques ; conseiller les méthodes contraceptives non prescriptibles ; surveiller l’évolution de la grossesse normale ; dispenser les soins aux nouveau-nés et aux accouchées ; effectuer la consultation postnatale ; collecter les données statistiques ; fournir les comptes rendus des activités menées ; participer à l’encadrement des stagiaires ».
LES ATTRIBUTIONS DE L’INFIRMIER DIPLOME D’ETAT
Les attributions suivantes relèvent de l’emploi d’Infirmier diplômé d’État : « effectuer la prise en charge infirmière du patient ; diagnostiquer et traiter les affections et lésions courantes ; référer les cas dépassant sa compétence ; préparer la visite médicale ; exécuter les prescriptions médicales ; dépister et référer les grossesses à risque, les accouchements dystociques et les suites de couches pathologiques ; concevoir des programmes d’Information, d’Éducation et de Communication (IEC) en santé ; exécuter des activités d’IEC ; effectuer la vaccination des groupes cibles ; exécuter des protocoles de recherche en santé ; collecter les données statistiques ; superviser les agents de santé placés sous sa responsabilité ; effectuer la formation continue non diplômante des agents de santé placés sous sa responsabilité ; fournir les comptes rendus des activités menées ».
À quelques exceptions près, les attributions professionnelles des IB et des IDE sont quasiment identiques, du point de vue du contenu. De plus, ces attributions ne tiennent pas compte des différents niveaux de soins, comme le constate Robert Ouédraogo : « Notre préoccupation, en tant que Ordre des infirmiers, c’est d’arriver à un référentiel d’actes infirmiers par rapport au niveau de soins où ces professionnels exercent ; par exemple que doit faire l’infirmier dans un CSPS, dans un CMA ou dans un CHU ? ».
Aussi il n’apparaît clairement dans aucune des attributions que l’infirmier peut mener des consultations médicales et faire des prescriptions médicales. Pourtant, constate Oumarou Badiel, «L’infirmier fait la consultation qu’on nous dit que c’est un acte médical, si l’on veut suivre l’orthodoxie. On reconnaît à l’infirmier la possibilité de consulter mais par délégation» ; délégation, par ailleurs verbale, précise Robert Ouédraogo : « Les gens sont bien contents quand ils vous délèguent le travail dans l’anonymat mais ne sont pas prêts à le matérialiser sur un document. Une délégation n’est pas verbale. C’est un acte écrit ».
DES FORMATIONS PROFESSIONNELLES CONTINUES NON DIPLOMANTES DES INFIRMIERS
Dans les districts sanitaires de la région du Centre, les infirmiers bénéficient régulièrement de FPC non diplômantes. Il faut noter que ces formations sont de courte durée, en général moins d’une semaine.
Les formations sont dispensées à l’interne, c’est-à-dire organisées et assurées par les formateurs de chaque district sanitaire, à l’intérieur de ses propres locaux. Pour certains thèmes, le district peut faire appel à des personnes ressources, spécialisées dans le domaine. Toutefois il arrive que le district désigne des agents pour suivre des formations à l’extérieur.
Les coûts des FPC non diplômantes des districts sont financés sur fonds propres ou sont, très souvent, supportés par des partenaires (programmes et projets s’investissant dans le domaine de la santé). Par ailleurs, les participants n’ont aucun effort financier à fournir en dehors de leurs frais de déplacement. Toutefois cet effort est tout de suite et largement compensé par les indemnités de présence perçus quotidiennement par les formés. Plus précisément, comme cela est de coutume au Burkina Faso et dans presque tous les secteurs, le participant ne paie pas pour bénéficier de FPC non diplômante, mais il est plutôt payé pour y participer : 5000 francs CFA par jour de formation pour le participant résidant sur place et 15000 francs CFA45 pour le participant déplacé. Ce montant n’est pas dérisoire, au regard du niveau de vie dans la région et de celui de l’infirmier.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONSTRUCTION DE L’OBJET DE RECHERCHE
CHAPITRE 1 : LE CADRE GENERAL DE LA RECHERCHE
1.1 La situation géo-climatique
1.2 La carte administrative du pays
1.3 La situation socioéconomique
1.4 Une situation sanitaire peu reluisante
1.4.1 Un système de santé et soins selon un modèle hiérarchique pyramidal
1.4.2 Quelques indicateurs de santé
CHAPITRE 2 : LA PROFESSION INFIRMIERE AU BURKINA FASO
2.1 Histoire de la profession infirmière au Burkina Faso
2.1.1 Du temps de la médecine traditionnelle exclusive
2.1.2 La naissance et l’évolution du corps d’infirmiers
2.2 Rôles et attributions professionnels aux contours imprécis
2.2.1 Des rôles propre et délégué de l’infirmier
2.2.2 Des attributions professionnelles de l’infirmier
2.3 De la formation des infirmiers
2.3.1 Des formations professionnelles diplômantes
2.3.2 Des formations professionnelles continues non diplômantes des infirmiers
CHAPITRE 3 : LA MOTIVATION A LA FORMATION
3.1 Généralités sur la motivation
3.1.1 De la complexité de l’étude de la motivation
3.1.2 Bref historique du concept : ses racines dans la philosophie
3.1.3 De la définition de la motivation
3.1.4 Des types de motivation
3.2. La motivation à se former
3.2.1 Qu’est-ce que la motivation à se former ?
3.2.2 Rappel des approches théoriques de la motivation
3.2.3 De l’impact de la motivation en éducation
CHAPITRE 4 : DE LA PROBLEMATIQUE AUX HYPOTHESES
4.1 La problématique
4.2 La question de recherche et l’objectif de recherche
4.3 Des hypothèses de recherche
4.3.1 Hypothèses formulées
4.3.2 Justification du choix des hypothèses
4.3.3 Clarification terminologique
CHAPITRE 5 : CADRE METHODOLOGIQUE
5.1 Le terrain d’investigation : la région sanitaire du Centre
5.1.1 Généralités sur la région du Centre
5.1.2 Organisation administrative de la direction régionale de la Santé du Centre
5.1.3 Les infrastructures et ressources humaines
5.2 Stratégie de recherche : Méthodologie aprioriste, quantitative et qualitative
5.3 De la population d’étude à l’échantillon
5.3.1 La population à l’étude
5.3.2 Élaboration de l’échantillon
5.4 Les outils
5.4.1 Le questionnaire
5.4.2 Les guides d’entretien semi-directif
5.5 La collecte des données
5.6 De La saisie au traitement des données
5.6.1 La saisie des données
5.6.2 Le traitement des données
5.7 L’analyse des résultats
5.8 Les conditions de validation des hypothèses
5.8.1 Conditions de validation de l’hypothèse 1
5.8.2 Conditions de validation de l’hypothese 2
5.8.3 Conditions de validation de l’hypothese 3
5.9 Les difficultés rencontrées
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS, VERIFICATION DES HYPOTHESES
ET ANALYSE CRITIQUE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE 6 : ANALYSE DES RESULTATS
6.1. État de la collecte des données
6.2. Présentation et analyse des résultats
6.2.1 Profil des enquêtés au questionnaire
6.2.2 Les motifs d’engagement en FPC des infirmiers
6.2.3 Le jeu des rapports aux motifs epistémique, économique et opératoire professionnel
6.2.4 L’attitude des infirmiers face au motif économique
CHAPITRE 7 : VERIFICATION DES HYPOTHESES ET ANALYSE CRITIQUE DE LA RECHERCHE
7.1 La vérification des hypothèses 2
7.1.1 De l’Hypothèse 1
7.1.2 De l’Hypothèse 2
7.1.3 De l’Hypothèse 3
7.2 Analyse critique de la recherche
7.2.1 Des outils de collecte de données
7.2.2 Du traitement des données
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE