Les Ressources Naturelles
Plusieurs auteurs essaient de donner une définition des Ressources Naturelles mais ici nous retenons celle de FAUCHEUX S. et NOËL J. F: « …les ressources agricoles et forestières et leurs multiples produits et services; les zones naturelles préservées dans un b ut esthétique, scientifique ou de loisirs; les pêcheries en eau douce ou salée; les ressources minérales énergé tiques ou non énergétiques; les ressources d’énergie solaire, éolienne ou géothermique; les ressources d e l’eau et la capacité d’assimilation des déchets p ar l’ensemble des parties de l’environnement».
Elles sont donc un ensemble de potentialités qu’offre le milieu physique, notamment dans le domaine énergétique, minier ou forestier. Ainsi, l’Economie des Ressources Naturelles classifie les Ressources Naturelles en deux grandes catégories : les ressources renouvelables et les ressources non renouvelables.
Les ressources renouvelables regroupent l’ensemble de la faune et toute la végétation, elles peuvent être remplacées plus ou moins rapidement. Le sol peut, lui aussi, être considéré comme une ressource renouvelable, bien qu’il soit difficile de remédier à des dégâts importants du fait de la lenteur du processus de formation des sols . Par exemple, l’irrigation naturelle à partir du bassin hydrographique d’une région peut être maintenue indéfiniment par une gestion judicieuse de la végétation et des sols, et le contrôle de la pollution permet de vérifier la qualité de l’eau. Cependant, ces ressources renouvelables peuvent être surexploitées ou dégradées si elles sont utilisées à un taux supérieur à leur taux de renouvellement naturel . Quant aux ressources non renouvelables, elles sont celles qui ne peuvent pas être remplacées ou qui ne peuvent l’être qu’au bout d’une période extrêmement longue. Ce sont les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) ainsi que les minerais, métalliques ou non. Elles se renouvellent en plusieurs centaines voire quelques milliers d’années. Etant donné cette période de renouvellement très longue, on considère que ces ressources existent enquantité fixe. Par conséquent, ces ressources peuvent être consommées plus vite qu’elles se renouvellent. En plus de ces deux catégories, certains auteurs ajoutent une troisième catégorie de ressources naturelles celle des ressources perpétuelles ou ressources environnementales par exemple l’énergie solaire qui dure et se renouvelle continuellement.
A la différence des ressources naturelles, les ressources environnementales sont fournies par la nature mais elles ne sont pas divisibles, ni mesurables avec les unités de mesure comme la tonne, le mètre cube…
De ce fait, les ressources environnementales forment un tout et sont non quantifiables telle que la couche atmosphérique, l’écosystème, la mer… Selon NOËL J.F., la gestion de ces ressources environnementales échappe à la maîtrise des hommes.
Comme les ressources environnementales constituent un moyen d’existence et de durabilité des ressources naturelles , leur dégradation va entraîner également des dommages sur ces dernières.
Les externalités
Les externalités ou effets externes existent quand la fonction de production d’un agent affecte la fonction de production d’un ou plusieurs autres agents . Pour les ressources naturelles, chaque individu impose des coûts aux autres exploitants car le stock étant limité, chaque unité de ressource prélevée présente une diminution de la quantité totale donc une élévation de coût unitaire de collecte pour un même niveau d’effort. La présence d’externalité est considérée dans la théorie néoclassique comme une défaillance du marché, car le prix de marché ne reflète plus l’ensemble des coûts/bénéfices engendrés, et que l’équilibre auquel le marché conduit n’est plus un optimum de Pareto, du fait de la différence entre coûts ou bénéfices des participants au marché et de la société en général.
Une forme d’externalité négative se produit, par exemple, par un agriculteur qui a enlevé les arbres dans la partie supérieure d’une colline ou d’un bassin versant afin de s’ouvrir un champ peut provoquer des phénomènes d’érosion qui conduiront l’envasement des terres situées en contrebas.
Conservation et préservation
Durant plusieurs années, les activités économiques n’ont pas pris en compte la destruction des richesses naturelles induite par la production ; alors que la croissance économique avait des effets négatifs sur le stock de ressources naturelles. Face à cette tendance, la conservation devient le maître-mot pour la gestion de l’environnement. Elle est une science multidisciplinaire qui a évolué pour faire face à l’actuelle crise de la diversité biologique (Wilson 1992, Meffe et Carroll 1997, Primack 1998) . Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature etses ressources (UICN 1980), la conservation est définie comme « la gestion de l’utilisation par l’homme de la biosp hère de manière que les générations actuelles tirent le maximum d’avantage des ressources vivante s tout en assurant leur pérennité pour pouvoir satisfaire aux besoins et aspirations des génératio ns futures».
La conservation a trois objectifs spécifiques : d’abord décrire et étudier la diversité du monde vivant; ensuite comprendre les impacts des activités humaines sur les espèces, les communautés et les écosystèmes ; et enfin concevoir des approches pratiques interdisciplinaires pour préserver et restaurer la diversité biologique. Le premier objectif consiste à faire des inventaires de toutes les biodiversités et leurs interdépendances. Le deuxième objectif est d’analyser les pressions humaines sur ces biodiversités. Le troisième objectif cherche des méthodes pour concilier développement et protection de la biodiversité.Un des défis majeurs pour la conservation de la nature est la maîtrise de la déforestation. Dans les pays du Sud, cette dernière se fait souvent illégalement, au profit des agricultures dont la technique de culture la plus utilisée reste le « tavy » alors que celui-ci s’avère non durable.
Il est à noter que préservation et conservation n’ont pas le même sens bien que certains auteurs confondent souvent ces deux termes. D’après Takforyan 2000, la préservation correspond à « l’exploitation nulle des ressources naturelles qui doit entraîner un niveau de stock de ressource égal à sa capacité de charge».
Elle se réfère normalement à la protection d’un site donné contre les activités humaines telles que l’exploitation forestière et minière . Cette approche préservation concerne plus particulièrement les espèces très menacées dont leur non exploitation permet leur croissance en nombre. Alors que la conservation consiste en une gestion prudente et mesurée des ressources naturelles, c’est-à-dire une utilisation de la nature avec une finalité explicite de protection destinée à assurer des usages futurs.
Protection
La « protection » est le terme le plus générique pour désigner toute action – politique, économique, technique ou autre – visant à maintenir ou à améliorer des systèmes écologiques naturels. Elle renvoie directement à l’idée de défense des éléments naturels contre des dynamiques anthropiques jugées négatives. A l’opposé, l’idée « d’exploitation » définit une utilisation de la nature effectuée sans considération des impacts portés aux écosystèmes. La «gestion » désigne toute utilisation organisée de la nature, sans faire référence à une orientation protectionniste, conversation ni ste ou exploitante.
Les activités humaines présentent toujours un danger pour l’environnement aussi bien en amont, par l’utilisation des ressources naturelles comme matières premières, qu’en aval par le rejet des déchets après production sur l’environnement. L’économie de l’environnement est l’une des disciplines qui essaie de trouver des solutions pour que l’activité humaine ne se réalise pas au détriment de l’environnement et aussi pour que la gestion de l’environnement ne constitue pas une entrave au processus de développement. C’est à partir de ce constat que la notion de développement ne suffit plus et qu’il faut parler de développement durable qui dans son processus, met toujours en jeules ressources naturelles.
Progrès technique et croissance
La critique apportée au modèle de Solow par Romer (1986) réside dans le fait que Solow considère le progrès technique comme un facteur exogène de la croissance. Autrement dit, tous les pays ont lemême accès au progrès technique. Or, la réalité montre le contraire, l’écart technologique entre les pays développés et les pays en développement est grand.Pour Romer, le progrès technique est endogène, il est le fruit des investissements des agents économiques.
La productivité d’un pays est fonction de l’innovation technologique. Cette innovation se présente sous la forme de nouveaux produits, de nouveaux processus de production et de nouvelles formes d’organisation de la production.
Pour cela, on pose la question, d’où viennent les innovations technologiques, comment les pays développés arrivent-ils à innover?
La plupart des innovations sont issues d’activités d’entreprises ou d’investissements en Recherche et Développement (R&D) qui impliquent des expérimentations et de l’apprentissage. Kevin J. S. souligne que « La création de connaissance est une importante sour ce de la productivité et de croissance économique et l’investissement en R&D engendre de n ouvelles connaissances ».
La création de connaissance se développe au moyen de l’éducation et de la formation. Théodore W. S en 1961 observe que l’éducation explique la plus grande partie de la productivité totale des facteurs de production.
L’homme, au centre de cette analyse devient un capital humain qui doit faire l’objet d’investissement. Dans ce cas, le rôle de l’Etat est important pour la mise en place d’un système éducatif qui permet d’augmenter le niveau d’éducation. Ce dernier contribue en grande partie à la production des idées et à l’accumulation des connaissances. De plus, il détermine la capacité d’assimilation et d’apprentissage de nouvelles connaissances et /ou technologies diffusées. Pour les tenants de la nouvelle théorie de la croissance, les connaissances et les activités de recherche induisent des externalités positives : plusieurs producteurs peuvent utiliser simultanément la même idée et il est difficile de s’en approprier leurs rendements.
Pour cette analyse, on assiste à une extension de la notion d’investissement, l’investissement ne se limite pas seulement en biens matériels pour augmenter la production, mais aussi en capital humain lié à l’éducation, à la formation des travailleurs, l’effort de R&D et les dépenses en infrastructures publiques. Pour cela, l’Etat joue donc un rôle important dans la croissance économique en créant une structure incitative pour promouvoir l’investissement dans le progrès technique par exemple l’augmentation de niveau d’éducation via un système éducatif efficace, la mise en place d’un environnement légal qui permet aux entreprises de s’approprier une fraction significative des revenus générés par leurs investissements innovants.
Théorie de la croissance faible
La théorie de la croissance faible part du principe que le capital naturel détermine le bien-être de l’homme et devient un facteur limitant de la croissance. En effet, la dégradation continuelle de l’environnement due aux prélèvements des ressources naturelles et aux déchets rejetés dans la nature aboutirait progressivement à une décroissance. Cette vision s’explique par le fait que les ressources naturelles seraient épuisées à cause de la croissance démographique qui entraînerait une hausse des besoins humains en ressources naturelles. Les modes de consommation actuels sont caractérisés par l’utilisation sans frein des ressources naturelles dans la fabrication des biens manufacturés et la production d’aliments, des volumes croissants de déchets et de pollution, des produits à obsolescence rapide et un comportement général qui ne se préoccupe pas de la dilapidation des ressources.
Les tenants du malthusianisme affirment que le monde est surpeuplé et donc condamné au désastre, soit par l’épuisement des ressources, soit par la surexploitation des systèmes naturels dont dépend la vie sur notre planète.
Cette situation ne permettrait pas de perpétuer le développement, la croissance économique ne leur semblait donc pas possible dans un long terme. Si les tendances actuelles (économiques et environnementales) se perpétuent, beaucoup de ressources naturelles seront épuisées, ce qui limitera, voire empêchera toute croissance future.
Pour surmonter ce problème et pour atteindre le développement durable, les théoriciens de la croissance faible préconisent une croissance économique conditionnée par la croissance des ressources environnementales. Par conséquent, la consommation et l’exploitation de ces ressources ne doivent pas excéder leur taux de renouvellement. Ainsi, les penseurs qu’on peut dire pessimistes, regroupés au sein du Club de Rome, qui ont publié en 1972 le livre « Limits to Growth » et vingt ans plus tard, sa suite : « Beyond the Limits » préconisent sous le Rapport Meadows de se limiter à une croissance zéro, pour éviter d’épuiser les ressources naturelles. La théorie de la croissance zéro est un concept qui met en avant un niveau de croissance économique qui, au maximum, s’alignerait avec le taux de croissance démographique au niveau mondial et sous la condition toutefois que le taux de croissance des ressources environnementales ou le taux de régénération des ressources naturelles serait en mesure de soutenir ce taux de croissance.
Théorie de la croissance soutenue
A l’opposé de la théorie de la croissance faible, celle de la croissance soutenue est plus optimiste. Les tenants de cette théorie comme Julian Simon (« the Ultimate Resource ») ou Lomborg (« The Skeptical Environmentalist ») notent que les problèmes environnementaux actuels sont moindres qu’avant et que ce qui est généralement décrit, que la rareté des ressources va s’inverser grâce aux ressources alternatives qui pourront économiquement se développer et que la croissance économique favorise la qualité de l’environnement au delà d’un certain niveau de développement.
En se référant au rapport Brundtland, la définition de développement durable peut être vu comme ayant proposé une définition assez économique en acceptant la croissance à condition de gérer les ressources pour maintenir une capacité de production, et donc un bien-être au moins équivalent dans le futur. Comme le capital donne la possibilité de générer du bien-être économique par la création de biens et services, la croissance soutenue exige que le stock de capital ne diminue pas dans le temps. Ce stock de capital comprend à la fois le capital physique, construit (écoles, routes, bâtiments,…) et le capital naturel, englobant les actifs naturels fournissant des services économiques et écologiques dans le temps.
Ici, l’avancée de la science, le progrès technique ainsi que les innovations technologiques rendent possible la substitution entre le capital naturel et le capital physique. L’un peut diminuer à condition que l’autre augmente au moins d’autant afin de maintenir l’agrégat constant ou en croissance. Autrement dit, la réduction de capital naturel – utilisation d’une ressource épuisable par exemple – peut être compensée par un accroissement du capital physique de la même valeur, ce qui permettra de garder le stock de capital constant et partant, la possibilité de créer dans le futur au moins autant de biens et services. De ce fait, ce concept ne partage pas les idées selon lesquelles le mode de vie des pays industrialisés, qui forment une société de consommation et de gaspillage, devra changer car il constitue une menace à la durabilité des ressources environnementales.
La théorie de la croissance soutenue admet que le marché par l’intermédiaire du prix, permet la compensation entre capital naturel et capital physique. Si la tendance est qu’une ressource naturelle devient rare, cela implique automatiquement que son prix va augmenter. Cette information par le prix entrainerait une offre de produits de substitution sur le marché. Le marché s’avère donc un outil efficace pour l’allocation des ressources naturelles.
Protocole de Kyoto
Historique
L’objectif de réduire la pauvreté et de promouvoir un développement durable est indissociable au problème du changement climatique. Ce dernier comme étant une évolution naturelle du climat, désormais fortement influencée par les activités humaines résulte de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Conséquence, la température à la surface du globe augmente de façon très rapide : depuis le début du XXe siècle, elle s’est accrue de 0,6°C (0,9°C en France) et pourrait prendre de 1,8 à 4°C supplémentaires au XXIe siècle selon les scientifiques du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat (GIEC).
Ce réchauffement risque à son tour d’entraîner d’importantes modifications climatiques, les phénomènes extrêmes (tornades, cyclones, inondations, sécheresses, etc) augmenteraient en fréquence et en intensité. Des maladies, jusque-là confinées aux régions tropicales (comme le paludisme), gagneraient les zones tempérées où vit la majorité de la population mondiale. L’agriculture, secteur largement touché, connaîtrait une baisse significative de ses rendements.
Pour résoudre ce problème de changement climatique, les pays industrialisés, pays dits de l’Annexe I (OCDE et pays de l’Europe de l’Est) ont pris d’initiative, au travers le protocole de Kyoto de réduire les gaz à effet de serre.
Entre autres, Madagascar fait partie des pays signataires en ayant ratifié ce protocole en juillet 2003.
Dans son esprit, cette convention invite principalement les pays industrialisés à réduire le volume total de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les mécanismes axés sur le marché offrent le potentiel de jouer un rôle important dans l’effort mondial pour la lutte contre le changement climatique, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Trois de ces instruments – le Système International d‘Échange (SIE), la Mise en œuvre conjointe (MOC) et le Mécanisme pour un développement propre (MDP), ont été introduits dans le Protocole de Kyoto pour aider les pays à atteindre leurs objectifs et ont effectivement créé le « marché du carbone ».
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE LA CONSERVATION ET DU DEVELOPPEMENT LOCAL
CHAPITRE I : LES CONCEPTS THEORIQUES LIES A LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT
CHAPITRE II : MODELES DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
CHAPITRE III : PROTOCOLE DE KYOTO
PARTIE II : CONSERVATION ET DEVELOPPEMENT RURAL : ETUDE DE CAS DU PROJET TAMS (PROJET DE REFORESTATION) DANS LA COMMUNE RURALE D’ANDASIBE
CHAPITRE IV : PRESENTATION DE LA COMMUNE RURALE D’ANDASIBE ET DU PROJET TAMS
CHAPITRE V : DIMENSIONS ENVIRONNEMENTALES ET ECONOMIQUES DU PROJET TAMS.
CHAPITRE VI ANALYSES ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION