Diagnostic clinique et biologique de la pollinose aux graminées

L’ATOPICITE DANS LA POLLINOSE

David Bernard a montré que la synthèse d’IgE s’effectue sous un contrôle génétique. La production globale d’IgE totales (non spécifiques) est sous le contrôle de gènes transmis sur le mode mendélien. Les sujets possédant un ou deux gènes autosomiques « dominants » RR (homozygotes) et Rr (hétérozygotes) ne synthétise que des faibles quantités d’IgE sériques. Tandis que les sujets ayant deux gènes « récessifs » rr produisent des quantités élevées d’IgE. Et par définition un individu « atopique » est un sujet ayant cette aptitude génétique.
D’autre part, certains allergènes ne vont induire une réponse immunitaire que chez les individus atopiques. Comme dans le cas de la pollinose, tout individu est exposé aux allergènes polliniques, mais seuls les 20% environ vont réagir[27].
Et le risque de développer une pollinose est plus fort si les ascendants directssontpolliniques.
Les atopicités se présentent en général sous forme de rhinite allergique, d’asthme, d’eczémaatopique,d’allergie digestive et d’ulcèregastrique.

TRAITEMENTS

EVICTION ALLERGENIQUE

L’éviction allergénique est le traitement de choix des maladies allergiques.
Dans certains cas, l’allergène en cause peut être totalement éliminé de l’environnement du patient(poils d’animaux,trophallergène).
Dans la plupart des cas, l’élimination de l’allergène ne peut pas être complète (acariens, pollens). Quand même, la diminution de l’exposition aux allergènes est important et utile.
Pour la pollinose cette éviction allergénique est très difficile,le patient pollinique doit se tenir à l’écart les zones à concentration élevée de pollens :
– éviter d’aller à la campagne surtout les jours d’ensoleillement,
– éviter les voyages en voiture avec vitres ouvertes ou tenir compte du calendrier pollinique des zones à visiter.

DESENSIBILISATION SPECIFIQUE

La désensibilisation spécifique est déjà introduite en 1911 par Noon [34] et Freeman [35] , puis Cooke [36] pour le traitement de la pollinose.
Nous savons que dans le cas de la pollinose, l’éviction des allergènes de nature pollinique étant impossible, la désensibilisation spécifique doit être donc considérée comme le seul traitement spécifique.
La désensibilisation spécifique consiste à administrer par voie sous cutanée au patient des doses croissantes d’allergènes auxquels il est sensible.
Les effetsthérapeutiquesde ladésensibilisationspécifiquesont :
− La diminution de la réponse lymphocytaire à l’antigène E spécifique due à une modification des cellules immunocompétentes en particulier apparition et augmentation des cellules T suppressives qui aboutira à une diminution de la synthèse des anticorpsIgE [37].
− La baisse des anticorpsréaginiques de type IgE [38].
− L’augmentation du taux des anticorps bloquants type IgG [39].
− La baisse de la sensibilité et de la réactivité leucocytaires [40].
Le succès dépend de la qualité de l’allergène utilisé. Nous disposons actuellement des extraits allergéniques standarisés pour la plupart des pollens.Maisil n’existe pas encore des extraits standarisés des pollens de Madagascar et en particulier nos graminées.

ETUDE DES GRAMINEES

Notre étude porte surtout sur les espèces de Graminées, pourtant nous avons inclus une espèce de Composées appelée Helianthusannus pour deux raisons :
– Sa répartitionrudérale particulièrement près des villages.
– Sa floraison est à la même époque que les Graminées étudiées.

L’ABONDANCE DE PRODUCTION DE POLLENS PAR CES ESPECES

Ce critère dépend de plusieurs facteurs : les facteurs morphologiques comme la grosseur et le nombre de panicules par pied, le nombre et la taille des anthères, les facteurs climatiques en relation avec les propriétés physiologiques propres à chaque espèce tels que la température et la vitesse du vent.
Le Pr RAMAVOVOLOLONA qui a effectué l’étude palynologique des espèces a adopté une méthode d’estimation simple en pesant la quantité de pollens obtenue sur 100 panicules sauf pour Zea mays où la pesée a été faite sur 10 panicules. L’obtention relativement facile
d’une certaine quantité de pollens étant considérée comme significative d’une production d’un grand nombre de pollens par l’espèce considérée.

LES POLLENS DE CES ESPECES SONT-ILS DISPERSES DANS L’ATMOSPHERE

Les pollens des graminées sont anémophiles. Et plusieurs études aéropalynologiques  internationales et nationales ont montré leur présence dans l’atmosphère.

PRESENCE DES ALLERGENES DANS LES POLLENS ET LES FRAGMENTS DE POLLENS

Les travaux de RAMAVOVOLOLONA, effectués à L’Institut Pasteur de Paris, ont montré la présence des allergènes majeurs dans chacune de ces espèces.
Dans le cas de Zea mays [44], ses pollens sont assez gros pour être dispersés dans l’atmosphère alors qu’il est responsable de plusieurs cas de pollinose. Les fragments de ses pollens portent sûrement des allergènespour pouvoir provoquerune pollinose.

CALENDRIER DE FLORAISON DES DIFFERENTES ESPECES ETUDIEES

L’observation de la floraison des différentes espèces étudiées a été effectuée sur le terrain dans les environs immédiats d’Antananarivo de mars 1996 à mars1997, sur les lieux de récolte des pollens. Ce calendrier est résumé sur la figure14.

PATIENTS

D’une part, nous avons recruté des patients dans trois services différents, sur lesquels nous avons pratiquésdes tests cutanés et des prélèvements sanguins :
• Service Pneumo-Allergologie de l’Institut d’Hygiène Social d’Antananarivo ;
• Service des Maladies Respiratoires du Centre Hospitalier Universitaire de Befelatanana ;
• Infirmeriedu TobyRATSIMANDRAVA.
Nous avons inclus les patients, de quinze à cinquante ans, présentant des manifestations allergiques susceptibles d’être une pollinose et résidant à Antananarivoau moins depuis 6 mois.
D’autrepart,nous avons relevépour chaque moisle nombrede maladesatteints :
• d’asthme et de rhinite du Service Pneumo-Allergologie de l’Institut d’Hygiène Sociale d’Antananarivo durant l’année 1996.
• d’affections respiratoires telles que la rhinite, la rhinopharyngite, la rhinobronchite, l’asthme et la conjonctivite du Dispensaire Adventiste de Manjakaray situé au centre ville d’Antananarivo, de l’année 1995 et de l’année 1996.

METHODE 

Toute intervention a été faite avec le consentement des patients. Leurs identités resterontconfidentielles,mais chaque patient est numéroté dans ce travail. La fiche d’enquête a été celui de l’Institut Pasteur de Paris Service Immunologie, établie par X. DESVAUX et G. PELTRE.Nous présentons cette fiche en annexe.
Chaque patienta passé :
• un interrogatoire portant sur :
 L’état civil du malade.
 Date et lieu de naissance.
 Lieux d’habitation.
 Description de chaque manifestation allergique:
– Saison de la première apparition des manifestations allergiques ;
– Gravité, durée et périodicité (dans l’année) de chaque manifestation ; et nous avons retenu les scores cliniques suivants pour la rhinite et l’asthme :
4 points : sévère
3 points : moyen
2 points : modéré
1 point :bénin
– Possibilité de facteurs déclenchants : professionnel, animaux domestiques,pollution ;
– Si le patient ne présente plus de crise : date de la dernière manifestation ;
 Autresallergies :d’originealimentaireetmédicamenteuse.
 Fumeurou non fumeur.
 Désensibilisationdéjà faite.
 Antécédentsfamiliaux : recherchedenotion d’atopicité.
 Autrespathologiesassociées.
• des tests cutanés de neuf extraits de pollens dont huit graminées et un composées existant à Antananarivo avec deux produits témoins : positif (histamine ou phosphate de codéine à 10 mg/ml) et négatif (liquide physiologique non allergénique : liquide d’extraction glycériné et phénolé à 4,5 %) [1].
Ces produits ont été préparés au laboratoire de la Faculté des Sciences au Département de Biologie et d’Ecologie végétale par le Pr Ramavovololona

RESULTATS

L’étudeestportéesur :
 Les quaranteun patientsrecrutésdans trois servicesdifférents:
− Service Pneumo-Allergologie de l’Institut d’Hygiène Social d’Antananarivo;
− Service des Maladies Respiratoires du Centre Hospitalier Universitaire deBefelatanana ;
− Infirmeriedu TobyRATSIMANDRAVA.
Au départ nous avons soixante-douze patients, mais nous avons exclus de notre étude :
− lespatientsmoinsde quinzeans etles patientsplus de cinquanteans.
− lespatientsrésidants en dehors dela régiond’Antananarivo.
− et les patient n’ayant pas des résultats de la détection des IgE spécifiques.
 Et leseffectifsmensuelsdes patientsatteints :
− d’asthme et de rhinite du Service Pneumo-allergologie de l’Institut d’Hygiène Sociale d’Antananarivodurant l’année1996.
− d’affections respiratoires telles que la rhinite, la rhinopharyngite, la rhinobronchite,l’asthme et la conjonctivite du Dispensaire Adventiste de Manjakaray d’Antananarivo durant l’année 1995 et1996.
Les résultats de l’études ont représentés sous forme de tableaux cartésiens.
 Les tableaux 7 et 8 montrent l’identification des patients et les manifestations cliniques qu’ils présentent.
 La profession et la zone d’habitation de chaque patient sont affichées dans les tableaux 9 et 10
 Les patients présentant de la rhinite sont regroupés sur le tableau 11, ce dernier affiche aussi les scores cliniques et la période de crise ou de recrudescence au cours de l’année.
 De mêmepour le tableau12, maisilconcerneles patientsasthmatiques.
 La période des manifestations autres que la rhinite et l’asthme se trouvent sur e tableau 13.
 Le tableau14 représenteles antécédentsallergiquesdes patients.
 Les antécédents pouvant avoir une relation avec la crise actuelle et la présence d’atopicitéfamiliale sont affichés sur les tableaux15 et16.
 Les résultats des tests cutanés sont sur les tableaux 17 et 18 et les résultats de la détection des IgE spécifiques sont sur les tableaux 19 et20.
 Les effectifs mensuels des patients présentant des maladies respiratoires et de la conjonctivite du Dispensaire Adventiste de Manjakaray sont affichés sur le tableau 21 pour l’année 1995 et le tableau 22 pour l’année 1996.
 De même pour le tableau 23, mais il concerne les patients allergiques duServicePneumo-Allergologie de l’Institut d’Hygiène Social d’Antananarivo.

REPARTITION DES PATIENTS SELON LE DIAGNOSTIC

Ces différentes résultats (antécédents, signes cliniques, tests cutanés et révélation des IgE spécifiques dans les sérums) nous permettent de répartir les patients en trois grands groupes.

POLLINOSEEVIDENTE

Dans ce groupe nous avons les patients à tableau clinique saisonnier, à tests cutanés positifs et à révélationpositive des IgE spécifiques.
Nous les présentons dans les deux tableaux suivants :
• Le tableau 49 affiche les patients polliniques où le rôle des pollens est exclusif :les manifestations sont saisonnière pure.
• et le tableau 50 montre les patients polliniques à polysensibilité où le rôle des pollens n’est pas exclusif : l’une des (ou les) manifestations sont perannuelles avec une recrudescence saisonnière.

Table des matières

I. INTRODUCTION 
II. RAPPELS 
II.1. ETUDE DE LA POLLINOSE
II.1.1. DEFINITIONS
II.1.2. LES MANIFESTATIONS CLINIQUES
II.1.2.1. LESMANIFESTATIONS RESPIRATOIRES
II.1.2.2. LESAUTRES MANIFESTATIONS
II.1.3. IMMUNOLOGIE DE LA POLLINOSE
II.1.3.1. CLASSIFICATION DE L’ALLERGIEAUX POLLENS
II.1.3.2. MECANISME ETPHYSIOPATHOLOGIEDE LA POLLINOSE
II.1.3.3. L’ATOPICITEDANS LA POLLINOSE
II.1.4. LES EXAMENS ALLERGOLOGIQUESA PRATIQUER
II.1.5. TRAITEMENTS
II.1.5.1. EVICTION ALLERGENIQUE
II.1.5.2. TRAITEMENTPHARMACOLOGIQUE
II.1.5.3. DESENSIBILISATION SPECIFIQUE
II.2. ETUDE DES GRAMINEES
II.2.1. LA LISTE DES ESPECES
II.2.2. CLASSIFICATION BOTANIQUE DES ESPECES
II.2.3. LES CRITERES DE CHOIX
II.2.3.1. L’ABONDANCE DE CES ESPECES
II.2.3.2. L’ABONDANCE DE PRODUCTION DE POLLENS PAR CES ESPECES
II.2.3.3. LES POLLENS DE CES ESPECESSONT-ILS DISPERSES DANS L’ATMOSPHERE
II.2.3.4. PRESENCE DES ALLERGENESDANS LESPOLLENSET LESFRAGMENTSDE POLLENS
II.2.4. CALENDRIER DE FLORAISON DES DIFFERENTES ESPECES ETUDIEES
III. MATERIELS ET METHODE
III.1. PATIENTS
III.2. METHODE
IV.RESULTATS 
V.COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
V.1.REPARTITION DES PATIENTS SELON L’AGE
V.2.REPARTITION DES PATIENTS SELON LA ZONE D’HABITATION
V.3.REPARTITION DES PATIENTS SELON LES ANTECEDENTS ALLERGIQUES PERSONNELS ET FAMILIAUX
V.4.REPARTITION DES PATIENTS SELON LES MANIFESTATIONS CLINIQUES
V.5.REPARTITION DES PATIENTS SELON LES TESTS ALLERGOLOGIQUES
V.5.1. LESTESTS CUTANES
V.5.2. LA DETECTIONDES IgE SPECIFIQUES SERIQUES
V.6.REPARTITION DES PATIENTS SELON LE DIAGNOSTIC
V.6.1. POLLINOSE EVIDENTE
V.6.2. POSSIBLITEDE POLLINOSE
V.6.3. PAS DE POLLINOSE
V.7.COMMENTAIRES SUR LES ENQUETES
VI.CONCLUSION 

projet fin d'etude

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