Evolution de la politique monétaire algérienne 1962-1990

 Evolution de la politique monétaire algérienne 1962-1990

Situation monétaire de 1962 à 1990

Dans les pays développés, les banques sont insérées dans une structure hiérarchisée dont les règles sont précises. Mais l’histoire des pays du Tiers Monde n’a pas pu permettre cela. Sur une longue période, ces pays n’ont connu que la domination étrangère, ce qui a fait du système économique un système totalement composé de filiales capitalistes étrangères orientées vers la promotion de l’économie coloniale. L’Algérie n’a pas échappé à ce genre de système. A : Evolution du système bancaire algérien : 1962-1986 Après son indépendance politique, la mise en place d’un système bancaire adéquat était l’un des objectifs de base du gouvernement. Pour ce faire, le pouvoir a été conduit à s’accaparer des moyens de décision économique et, en particulier à maitriser les variables monétaires, en créant des institutions aptes à s’acquitter de cette mission. Ce choix était motivé par le besoin d’une industrialisation naissante exigeant des apports en capitaux important. Des capitaux provenant surtout de l’emprunt et d’une création monétaire abusive.

Mise en place du système bancaire

Un système hybride : De 1962 à 1966, le système financier algérien n’existait pas. Il était plutôt hybride et libéral. Le système bancaire hérité se comptait exclusivement de banques étrangères qui n’étaient que de simples succursales des banques françaises dont le principal souci était de : -rentabiliser le réseau algérien -de favoriser les activités complémentaires à l’économie française. Il est donc évident que les objectifs de développement de l’Algérie ne pouvaient reposer sur un système bancaire basé exclusivement sur la sécurité et la rentabilité des emplois, ce qui ne pouvait favoriser l’expansion d’un secteur industriel naissant. L’Algérie à l’instar des pays en voie de développement, « pour affirmer sa volonté d’indépendance économique et sa souveraineté nationale, a opté,…, pour un modèle de développement socialiste, tourné vers l’intérieur et centré sur une forte industrialisation. L’un 175 des grands axes de ce modèle de développement était la mise en place d’un vaste secteur public s’étendant pratiquement à tous les secteurs d’activité selon la stratégie des industries industrialisantes. ».2 Il a paru nécessaire dés lors, de se doter d’un organe national destiné à jouer un rôle dans la promotion des investissements, et ce, d’autant plus que le pays n’avait pas réuni les conditions d’une planification centralisée. b**Création de la Banque Centrale Il est incontestable que la monnaie et donc l’institut d’émission sont parmi les principaux attributs de la souveraineté nationale et qu’il fallait recouvrer le plus rapidement possible. Alors dés 1962, l’Algérie se dote des instruments juridiques et institutionnels nécessaires à l’établissement de sa souveraineté monétaire. Cela se traduit par la création d’une monnaie nationale, le dinar Algérien, et par là la création de la banque centrale algérienne. Pour financer le développement économique du pays, l’Algérie va opérer progressivement une algérianisation d’un secteur bancaire et financier qui, jusqu’à la fin des années 1960, est largement composé d’opérateurs privés et étrangers.3 Ce fut la création de plusieurs banques. – L’Algérie a mis en place dès le 29 août 1962, un Trésor public qui prend en charge les activités traditionnelles de la fonction Trésor, ainsi qu’une fonction exceptionnelle du « crédit à l’économie ». La Banque Centrale d’Algérie ayant été instituée le 12 décembre 1962, fut dotée de tous les statuts d’un institut d’émission, afin de créer les conditions favorables à un développement ordonné de l’économie nationale. La Banque Centrale exerce les fonctions d’émission de la monnaie fiduciaire, de direction et de surveillance du crédit, ainsi que la gestion des réserves de change. « Celle-ci (entendre la BCA) serait constituée sous forme d’établissement public national doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Ce choix est entièrement justifié, puisque l’Etat délègue à la Banque Centrale un de ses droits régaliens (entendre le privilège de battre monnaie, article 37) et qu’il importe que cette délégation soit assortie de garanties visant d’une part, à réglementer les opérations permises à la Banque Centrale et à donner au gouvernement les moyens de contrôle requis et d’autre part, à assurer à la direction de la Banque la stabilité et l’indépendance indispensable à  l’exercice objectif de sa mission, tout en organisant une liaison permanente et une collaboration active entre les pouvoirs publics et l’institut d’émission »4 . c**Création de plusieurs Banques -La caisse algérienne de développement crée le 07 mai 1963 « qui apparaît comme une direction du plan, par son rôle dans l’établissement des programmes d’investissements publics ou d’importation, à la direction du Trésor, par son rôle de gestion du budget et de la contre valeur des aides étrangères, à une banque d’affaires, par la participation qu’elle est habilitée à prendre ; à un établissement de crédit à court, moyen et long terme ; à une banque de commerce extérieur et une caisse des marchés de l’État »5 . Elle avait donc pour mission principale de concourir au financement des investissements productifs, et la mise en œuvre des plans et des programmes d’investissements en vue de la réalisation des objectifs du développement économique Algérien. L’ampleur de sa mission, « est donc d’œuvrer efficacement à lancer l’industrialisation, et surtout de contribuer à la création des premières entreprises algériennes. »6 . La Caisse Nationale d’Épargne et de Prévoyance (C.N.E.P) créée le 10 août 1964, avait pour rôle, la collecte de l’épargne destinée à la construction du logement. Son activité sera orientée par la suite vers le financement des programmes planifiés d’habitat collectif. Les entreprises algériennes devaient assurer leurs financements auprès de la CAD et auprès des banques primaires encore sous contrôle étranger. La Banque Centrale et la CAD avaient du mal à assurer le financement des entreprises naissantes, du fait qu’elles étaient soumises aux lois de l’économie libérale imposés par les institutions monétaires et financières étrangères qui se basaient sur les règles liées à l’étude du risque, de la rentabilité financière et de sécurité des emplois. Puis, n’étaient intéressées que par les aspects de commerce extérieur, rentables pour elles, et par ce qui avait trait aux hydrocarbures, le reste de l’économie se trouvant quasiment hors de leur champ d’action 7 . 

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