Étude des besoins et pratiques relatifs à l’organisation de l’observation

Étude des besoins et pratiques relatifs à l’organisation de l’observation

Objectifs et défis en relation avec l’organisation de l’observation

Dans le cadre de nos travaux de recherche, l’enseignant-concepteur est au centre de l’activité d’observation. Notre objectif vise à lui permettre d’organiser l’observation de manière stratégique en l’adaptant à ses objectifs et aux particularités de ses scénarios pédagogiques. L’enseignant-concepteur devrait avoir la possibilité de créer des stratégies d’observation et de les capitaliser pour les partager et les réutiliser. Il devrait aussi avoir la possibilité de modifier des stratégies capitalisées par l’ajout d’indicateurs ou par la suppression d’autres, par exemple. Notre objectif consiste aussi à proposer à l’enseignant-concepteur des moyens de restitution pour les résultats de l’observation, sous une forme compréhensible et adaptée afin de lui permettre de les analyser. Pour répondre aux attentes des enseignants-concepteurs, il sera nécessaire de répondre à l’objectif suivant : Identifier les besoins et pratiques des enseignants-concepteurs en terme d’organisation de leurs activités d’observation. Nous avons émis un certain nombre d’hypothèses concernant les besoins et pratiques des enseignantsconcepteurs pour organiser l’observation de leurs situations d’apprentissage : définition d’objectifs d’observation variables d’une session à une autre, organisation de l’observation en fonction de ces objectifs, organisation de l’observation en terme de restitution des indicateurs pédagogiques, etc. L’enquête présentée dans les sections suivantes a pour objectif de vérifier ces hypothèses et de dégager des pistes quant aux éléments constituants d’une stratégie d’observation, ainsi qu’à l’activité même de conception de ces stratégies l’observation. 

Cadre théorique et scientifique de l’enquête

Il existe, dans la littérature, deux familles d’approches pour le recueil, l’analyse et le traitement des données : l’approche exploratoire et l’approche confirmatoire [Pasquier et Gras, 2012], chacune ayant des démarches de recueil différentes et des outils d’analyse différents. L’approche exploratoire est plutôt ouverte et a pour objectif la richesse de la représentation. Elle utilise des outils d’analyse permettant de décrire un 72 Étude des besoins et pratiques relatifs à l’organisation de l’observation   phénomène [Le Roux & al., 2004] [Lebart & al., 1995]. L’approche confirmatoire est, quant à elle, plutôt fermée et a pour objectif la validation d’une théorie ou d’une hypothèse. Ses outils d’analyse sont, donc, explicatifs et cherchent à établir des relations entre variables [Wilkinson, 1999] [Droesbeke et al., 1997]. Quand on commence une recherche, il est, donc, intéressant de se poser la question suivante : Conduit-on une étude exploratoire (décrire, expliciter une situation) ou une étude confirmatoire (vérifier une idée, un modèle) ? Si l’objectif est de décrire un phénomène et de l’explorer, on entreprend alors une étude exploratoire dans laquelle on utilise des outils de la statistique descriptive, par exemple, l’Analyse Factorielle des Correspondances [Le Roux &al., 2004]ou l’Analyse en Composantes Principales [Lebart& al., 1995]. On peut aussi passer par l’analyse de contenu des entretiens ou de documents. En revanche, si l’objectif est de tester une corrélation entre n variables ou de valider un modèle défini par la théorie, on réalise alors une étude confirmatoire en utilisant des tests, par exemple, des tests statistiques comme l’analyse de la variance [Wilkinson, 1999] ou des plans d’expériences [Plan, 2012]. 4.2.1 Intérêt de l’adoption d’une approche d’analyse L’adoption d’une approche de recueil et d’analyse de données permet de donner à l’étude un cadre scientifique la dotant de critères de scientificité. Ceci permet d’offrir à l’étude les principes de validité scientifique que sont le principe faillibiliste (il faut partir de l’hypothèse que tout énoncé est faillible et qu’aucune connaissance n’est définitive), le principe criticiste ou de la critique permanente (les sciences progressant par élimination des erreurs, il faut que les théories soient soumises à la critique ) et le principe falsificationniste (pour qu’une théorie puisse être jugée scientifique, elle doit pouvoir être réfutée et fournir les éléments pour cette réfutation) [Popper, 1972]. 

Méthodes de collecte de données

Il existe quatre grandes familles de méthodes de collecte de données : l’analyse de données secondaires, l’observation directe, les entretiens et les questionnaires [Beaud & Weber, 1997].Ces différentes méthodes peuvent être combinées, on parle alors de triangulation. L’analyse des données secondaires est basée sur le corpus des données existantes comme les données de sites web, d’articles de journaux, archives, bases de données existantes, etc. Son but est d’extraire les idées exprimées dans un texte. L’observation directe, quant à elle, s’intéresse aux données collectées visuellement ou par le vécu d’une situation. Elle se base sur la captation d’un comportement au moment où il se produit plutôt qu’à sa reconstitution à partir de déclarations. Ces deux méthodes peuvent s’avérer chronophage et constituer un biais du fait de l’implication personnelle et du fait de la reproduction des données due aux rôles d’observateur et acteur dans lesquels elles nous placent. Dans le cadre de notre enquête sur les besoins en stratégie et en organisation de l’observation des situations d’apprentissage par les enseignants-concepteurs, nous avons eu recours à l’utilisation de « l’entretien ».

L’entretien

La deuxième méthode adoptée est « l’entretien »[Harvatopoulos et al., 1989]. Ce choix aussi est motivé par l’accès à un public cible parmi les enseignants-concepteurs de situations d’apprentissage et le souci de gain de temps. C’est une méthode permettant de s’adapter en cours de réalisation (selon les réponses, les attitudes, le temps disponible, etc.) et de traiter certains sujets en profondeur. Pour Blanchet et Gotman« L’entretien est une démarche paradoxale qui consiste à provoquer un discours sans énoncer les questions qui président à l’enquête. » [Blanchet et Gotman, 1992]. Un entretien est caractérisé par un contact direct et personnel. C’est une méthode de recueil de données qui ne s’improvise pas et qui nécessite un guide d’entretien précisant les points à traiter, les questions à poser et les documents à obtenir. C’est une démarche qui nécessite une prise de note et/ou un enregistrement audio ou vidéo. Lors du déroulement de l’entretien, le spectre des données obtenues est très large : faits, comportements, avis, jugements et opinions, croyances, émotions, etc. Un aspect important de l’entretien  est la possibilité de répétition et d’utilisation de plusieurs angles d’approche d’une même question afin d’encourager l’interlocuteur à s’exprimer. Cette méthode est délicate du fait de l’attitude qu’elle exige de l’enquêteur qui doit encourager l’expression sans l’influencer et surtout maitriser l’art de la reformulation 1 [Muchielli, 1998]. Cinq objectifs importants sont visés à travers la reformulation : effet de relance (engage à aller plus avant, à approfondir), effet de clarification (engage à aller à l’essentiel, à se dégager du secondaire), effet de précision (suscite le réajustement et l’approfondissement des informations et des connaissances), effet d’apaisement (le sujet a le sentiment de conserver la maitrise de son propos. Il éprouve de la confiance dans la mesure où il sait qu’il n’est pas jugé. Il sent qu’il peut dire (ou taire) ce qu’il souhaite), effet de réflexion et d’apprentissage (le sujet entend ce qu’il dit en miroir ; et l’entendant, il comprend son propos d’une autre manière). Différents types d’entretien existent : entretien ouvert ou non directif (qui permet une richesse des données collectées mais qui peut générer des quantités importantes de données qui soient difficile à exploiter du fait de leur hétérogénéité), entretien fermé (proche du questionnaire où la discussion suit un fil bien prédéfini) et entretien semi-directif centré qui est un compromis entre les deux types précédemment cités.

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