Etude Econométrique sur les facteurs déterminant du taux de change
Une revue de la littérature et présentation du modèle théorique
Une revue de la littérature sur le comportement du TCR à long terme Sur le plan théorique, plusieurs modèles ont analysé l’impact de différents variables sur le taux de change réel. La littérature, dans ce domaine, nous montre que le taux de change réel d’équilibre est fonction de variables macroéconomiques observables, et que le taux de change réel s‘approche de son taux d’équilibre avec le temps (Edwards (1989), Devarajan, Lewis et Robinson (1993), Montiel (1997). (Edwards, 1989, Elbadawi, 1994), Selon Edwards, une augmentation des tarifs douaniers peut mener à une appréciation réelle du taux de change. Dornbusch (1977) a développé un modèle qui montre que l’augmentation des tarifs entraîne une appréciation réelle du taux de change réel si les produits non échangeables sont substituables. Khan et Ostry (1992) montrent, dans leur modèle, que le taux de change réel sedéprécie en réponse à une réduction des tarifs. Calvo et Drazen (1998) ont, toutefois, montré que la libéralisation des échanges pourrait conduire à une hausse de la consommation (y compris pour les biens non échangeables) et peut induire, par conséquent, une appréciation réelle du taux de change réel. Sur le plan empirique, Edwards (1989) a vérifié l‘impact de la restriction du commerce sur le taux de change réel pour douze pays en développement et sur la période 1962-1984. Elbadawi (1994) a illustré la pertinence opératoire du modèle d‘Edwards et a déterminé le taux de change réel d‘équilibre de long terme en fonction de variables réelles dites fondamentales, le sentier du taux de change réel étant affecté par les valeurs courantes des fondamentaux et par les anticipations relatives à l‘évolution future de ces variables.
Sa modélisation devrait permettre une dynamique d‘ajustement du taux de change réel, et l‘étude de l‘influence des politiques macroéconomiques (dont la politique commerciale) et de change dans le court moyen terme sur le taux de change réel. Elbadawi (1994) a procédé à une analyse en termes de cointégration pour estimer les taux de change réels d‘équilibre pour le Chili, le Ghana sur la période 1965-1990, et pour l‘Inde sur la période 1965-1988. L‘auteur a trouvé, d‘une part, que les taux de change réel ne sont pas constants au cours du temps et, d‘autre part, que sa méthode permet de connaître la trajectoire temporelle des taux de change réels courants que certains qualifient d‘effectifs (TCRC) et d‘apprécier s‘ils convergent ou non vers le taux de change effectif réel , c‘est à dire de mesurer le «mésalignement» du taux de change réel courant par rapport au taux de change réel d‘équilibre. Alper and Erzan (1999) estiment le taux de change réel (TCR) pour l‘Egypte, la Jordanie et la Turquie. Dans leur étude, l‘ouverture a un impact significatif sur la dépréciation du TCR. Bruno (1976) montre que l’effet de la libéralisation dépend de la relation entre le taux d’intérêt prévalant avant la libéralisation et la dépréciation du taux étranger ajusté : quand le taux d’intérêt domestique excède la dépréciation du taux étranger ajusté, suite à une suppression du contrôle des mouvements de capitaux, le taux de change réel commence par s’apprécier face à l’excès de la demande domestique, et un déficit du compte courant apparaît. Dans un modèle plus général, Obstfeld (1984) montre que la libéralisation du compte capital conduit à une période initiale d‘appréciation réelle, mais à long terme à une dépréciation réelle. L‘auteur montre que, avec le transfert de la demande vers les secteurs de production domestiques, un accroissement du TCR conduit directement à augmenter les importations de biens intermédiaires. L‘effet total de la variation des prix relatifs est lié à la condition de Marshall-Lerner qui suppose que, pour un niveau de consommation donné, une dépréciation réelle du taux de change a un effet positif sur le compte courant. Le TCR commence par s‘apprécier dans le cas d‘un excès de demande domestique et un déficit du compte courant apparaît. Comme la richesse et les dépenses baissent, l‘appréciation du TCR évolue alors en sens inverse.
Présentation du modèle théorique et des variables retenus
Nous avons sélectionné les variables du modèle en fonction des travaux empiriques traitant de l‘identification d‘un lien de long terme entre le taux de change réel algérien et certains facteurs fondamentaux. Les facteurs qui reviennent le plus souvent sont les suivants : les termes de l‘échange, le taux de croissance de la monnaie et de la quasi-monnaie (% annuel) ; l‘ouverture commerciale, les réserves de change ; la dette extérieur, et le crédit intérieur. Le but de ce chapitre consiste à décrire brièvement les principaux canaux de transmission prévus par la théorie. Elle est réalisée sur la période de 1986 jusqu‘à 2010, les données sont de fréquences annuelles36 Nos données sont issues de la base de données de la banque mondiale (WDI 2011)36 Chapitre 4 : Etude Econométrique sur les facteurs déterminant du taux de change du Dinar Algérien 176 Le taux de change réel est un taux corrigé par l‘écart de hausse des prix entre le pays considéré et ses partenaires, afin de rendre compte de l‘évolution de la compétitivité prix et du change. Il permet de mesurer la compétitivité relative d‘un pays par rapport à un autre, en tenant compte du rapport des prix entre ces pays. Il permet de surmonter le problème que représente la mesure nominale du taux de change c‘est à dire d‘être invariable à l‘inflation.
En Algérie le TCR (taux de change effectif réel) est déterminé mensuellement par la Banque d‘Algérie, et dépend à la fois des indices des prix en Algérie et chez les partenaires, de la structure du commerce extérieur, et du taux de change nominal par rapport au dollar US. L‘objectif de la politique des changes est la stabilité du TCR. Trois phénomènes sont à l‘origine de la variation du taux de change du dinar : le TCR de référence fixé par les autorités, les variations provenant de la libre fluctuation des devises entre elles, et enfin les variations causées par le jeu de l‘offre et de la demande sur le marché interbancaire des changes. Sur ce dernier, la Banque d‘Algérie agit en tant qu‘offreuse de devises, ce qui lui permet de peser sur l‘orientation des cours : elle alimente le marché en devises nécessaires et y réduit les surliquidités éventuelles. Nous présentons la formule théorique appliquée à notre modèle où le TCR est exprimé en fonction d‘une batterie de variables susceptibles de l‘influencer : TCR = f (fondamentaux), soit : TCRt = c + β1 V1t +β2 V2t + … + βn Vnt + εt Où TCR est le taux de change réel, β sont les coefficients que nous cherchons à estimer, V sont les N variables indépendantes choisies; c est une constante et ε est une variable i.i.d. (random) stationnaire de moyenne nulle.
Plus explicitement, la relation de long terme à tester du TCR en fonction de ses fondamentaux s‘écrit comme suit : TCRt = β0+ β1 TEt + β2 Ouvert + β3 AENt + β4 Rdettet + β5 Dept + β6 NDCt+εt t = 1, 2, 3…, T Dans cette relation : TCR désigne le taux de change réel ; TE : les termes de l‘échange ; Ouver : l‘ouverture commerciale; AEN : Avoir Extérieur Net ; Rdette : le ratio de la dette extérieur au PIB.et Dep :le ration depense au PIB ;NDC : Crédit Intérieur Net Le TCR est expliqué par ses fondamentaux qui sont théoriquement justifiés : le termes de l’échange : Selon la valeur de l‘élasticité de substitution entre les importations et les biens non échangeables, les termes de l‘échange ont une influence tantôt positive, tantôt négative sur le taux de change effectif réel (DEVARAJAN et alii, 1998). Une détérioration des termes de l‘échange entraîne généralement deux effets : un effet de revenu ou effet de recettes lié à la baisse du revenu réel du consommateur, d‘une part, un effet de substitution des biens étrangers par les biens domestiques, d‘autre part. Si l‘effet de revenu est dominant, le TCR se déprécie car le pays réduit la production des biens domestiques et accroît celle des marchandises exportées. En revanche, lorsque l‘effet de substitution est plus fort, le TCR tend à s‘apprécier et les exportations diminuent. Ce qui favorise la production des biens domestiques de substitution. La demande des biens non échangeables augmente alors, entraînant une hausse des prix de ces derniers.