CONDUITE A TENIR EN ODONTOLOGIE
Répercutions orales de la polyarthrite rhumatoïde
Polyarthrite rhumatoïde et parodontite
Les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde souffrent plus tôt, plus souvent, et de formes plus sévères de parodontites que le reste de la population (27). De plus, la pathogénie des parodontites et des polyarthrites rhumatoïdes présente des similitudes notamment par les mécanismes de résorption osseuse aboutissant aux érosions en cas de polyarthrite rhumatoïde et à l’alvéolyse en cas de parodontite (28).
Corrélation épidémiologique
Les différentes études menées concordent quand à une prévalence accrue des parodontites chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, et dans des formes généralement plus sévères. L’étude la plus importante portait sur 4461 personnes âgées de 60 ans ou plus, dont 103 patients étaient atteints de polyarthrite rhumatoïde. Après les ajustements de l’âge, du sexe, et du tabagisme réalisés, les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde avaient deux fois plus de chance d’être édentés ou d’avoir une parodontite tout cela indépendamment de la présence d’une xérostomie due à un syndrome de Sjögren associé (29).
Corrélation physiopathologique : facteurs pathogéniques communs
La parodontite est, de même que la polyarthrite rhumatoïde, une pathologie multifactorielle. Une association entre le gène HLA-DR4 et la présence d’une pathologie parodontale a été mise en évidence chez de nombreux patients. Celui ci serait donc un facteur de risque de la parodontite (30,31). Il a également été mis en évidence une association chez les patients atteints de PR entre la présence de destructions aux poignets et la présence d’une alvéolyse, l’association étant également favorisée par la présence de l’épitope partagé (32).Chez les patients atteints de PR, une corrélation a été mise en évidence entre les scores de parodontites et le nombre d’articulations gonflées, le taux de protéine C réactive et la vitesse de sédimentation (33). Le mécanisme des alvéolyses dentaires est semblable à celui des érosions articulaires et aboutit dans les deux cas à une résorption osseuse. Le ratio RANK-L/OPG nous permet d’estimer la sévérité d’une parodontite. En effet, l’OGP se lie à RANK-L et empêche ainsi l’interaction RANK-L/RANK qui induit la différentiation d’ostéoclastes. Plus le ratio RANKL/OPG est élevé, plus la parodontite sera sévère (34). Une étude du profil bactérien dans les poches parodontales a confirmé la surreprésentation de divers germes dont P.gingivalis, P.intermedia, et B.forsythus, chez les patients présentant une parodontite (35). Une étude par PCR a mis en évidence la présence d’ADN de bactéries parodontales dans les synoviales de rhumatismes inflammatoires, notamment chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. En effet les germes P.intermedia (73%) et P.gingivalis (42%) ont étés retrouvés dans leurs synoviales. Une migration de l’ADN de ces germes de la sphère orale vers les synoviales semble donc fréquente malgré la réponse immunitaire humorale (36). Le tabac est considéré comme un facteur de risque majeur de la maladie parodontale, entrainant une augmentation de sa prévalence et de sa sévérité par une facilitation du développement bactérien (37), il en est de même pour la PR (6).
Effets bénéfiques du traitement parodontal sur la polyarthrite rhumatoïde
La relation épidémiologique et pathogénique entre polyarthrite rhumatoïde et parodontite étant établie, une étude a été menée afin de déterminer si la réalisation d’une thérapeutique initiale parodontale pouvait atténuer la sévérité de la polyarthrite rhumatoïde. 40 sujets atteints de polyarthrite rhumatoïde modérée à sévère et présentant une parodontite sévère ont été sélectionnés. Parmi ces sujets, 20 d’entre eux sélectionnés au hasard ont reçu une thérapeutique parodontale initiale. Au bout de 6 semaines, les patients ayant reçu la thérapeutique parodontale ont montré une diminution significative de l’activité de la polyarthrite rhumatoïde basée sur la vitesse de sédimentation (38). 24 Une autre étude affirme que le traitement parodontal non chirurgical est associé à une diminution de la VS, et une tendance à la diminution du TNF et du DAS28 (39). La recherche d’une pathologie parodontale et la mise en place d’une thérapeutique initiale si nécessaire devront donc être favorisées chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde.