UTILISATION DE L’ESPACE URBAIN PAR LE RENARD ROUX

UTILISATION DE L’ESPACE URBAIN PAR LE RENARD ROUX

La contamination environnementale est assurée par le dépôt de fèces des hôtes définitifs

Les déplacements réalisés par le renard roux peuvent donc être considérés comme déterminants le processus de dispersion des oeufs du parasite. De par la grande fexibilité de l’espèce Vulpe vulpes, différents comportements ont été observés dans les environnements urbains. La superficie des domaines vitaux, fonction de la ressource alimentaire disponible mais également de la disponibilité en gîtes est très variable d’une ville à une autre, de 29,5 ha jusqu’à 165 ha (Trewhella et al. 1988, Saunders et al. 1993). La plupart des travaux réalisés sur la sélection d’habitat mettent en évidence une préférence du renard roux pour les milieux relativement calmes et abrités (Harris et Rayner 1986, Adkins et Stott 1998). Cependant, les populations vulpines préfèrent des milieux d’urbanisation variable. Alors que les renards de Zürich évoluent dans des quartiers à forte densité humaine (Hegglin et al. 1998), les renards étudiés à Bristol présentent une préférence pour les quartiers résidentiels calmes, à densité humaine moyenne ou faible (Harris et Rayner 1986) et ont tendance à éviter les secteurs à forte densité de chiens (Harris 1981a). La superficie des domaines vitaux, ainsi que le mode d’exploitation de ces domaines sont autant d’indicateurs de l’éventuelle répartition spatiale du stade œuf du parasite. De plus, les trajectoires des renards ne sont pas seulement induites par l’environnement mais également par l’état interne de l’animal (recherche de nourriture, repos, recherche de partenaires sexuels, etc..). La probabilité d’infection du renard roux est dépendante de la consommation d’hôtes intermédiaires. Les diffèrences de probabilité d’infection entre individus, pourrait donc être estimée par comparaison du type de ressource alimentaire séléctionné lors des trajectoires. L’écoéthologie du renard roux n’a que rarement été intègrée aux études épidemiologiques du parasite, le but de ce chapitre est donc d’inclure cet aspect en répondant aux questions suivantes: Quelle est la superficie des domaines vitaux des renards roux de l’agglomération de Nancy ? Existe-t’il des individus évoluant strictement dans un environnement urbain?   Existe t-il des sélections particulières d’habitats au sein de la population vulpine urbaine ? A l’échelle d’une nuit, existe-t’il des sites particulièrement exploités et par quel type de ressource alimentaire sont-ils caractérisés ?

 Colliers GPS

Le suivi télémétrique des renards roux a été réalisé à partir de colliers GPS (Lotek 3300SL). D’un poids initial de 200g, ils permettent d’équiper des individus de plus de 4kg. Afin de ne pas perturber le comportement de l’animal pisté, le collier émetteur ne doit pas dépasser 5% du poids de l’animal (Cochran 1980). Les colliers GPS utilisés enregistrent la position de l’animal par satellite mais disposent également d’un émetteur VHF permettant de localiser l’animal en temps réel. La durée de vie de la batterie et donc la durée pendant laquelle l’animal a été suivi varient suivant le nombre de localisations GPS réalisées par jour (par exemple : pour 4 positions par jour, environ 8 mois de durée de vie alors que pour 24 positions par jour, environ 3 mois de durée de vie). A l’arrêt de la batterie GPS, le système VHF reste encore utilisable un minimum de 6 mois et les données sont ensuite stockées pendant encore 5 ans, laissant a priori un intervalle de temps suffisant pour retrouver le collier et en extraire les données enregistrées. L’utilisation des systèmes GPS (Global Positioning System), dans l’étude de l’utilisation de l’espace par la faune sauvage, permet d’obtenir des localisations nombreuses et précises tout en évitant de nombreuses difficultés inhérentes à l’utilisation des systèmes VHF (Harris et al. 1990). Le système GPS est actuellement l’outil de suivi télémétrique qui est considéré comme le plus précis (Hulbert et French 2001). Dans cette étude, seules les données issues du système GPS ont été exploitées. Le système VHF permettait de localiser le secteur sur lequel évoluait l’animal et de cibler le piégeage afin de récupérer le collier. Partie V : Utilisation de l’espace urbain par le renard roux 109 Six colliers GPS ont été utilisés pour cette étude. Trois de ces colliers permettaient la correction différentielle différée qui permet d’atteindre une précision de 4 à 8 mètres selon les auteurs (Moen et al. 1997, Rempel et Rodgers 1997). 

Programmation des colliers

Une partie de la programmation des colliers a été réalisée de manière à obtenir des points indépendants afin d’estimer le domaine vital. Si les observations successives sont assez proches dans le temps, les données sont probablement autocorrelées positivement et la superficie du domaine vital peut-être sérieusement sous-estimée (Swihart et Slade 1985). Pour pallier ce problème, il est préférable de prendre un intervalle de temps assez long pour que l’animal puisse théoriquement traverser son domaine vital de part en part. Cet intervalle de temps à été définit à un minimum de 1h pour le renard roux (Harris et al. 1990). Dans cette étude les intervalles de temps utilisés dans le but d’estimer les domaines vitaux étaient de 4 heures. En plus des localisations toutes les quatre heures, la programmation de chaque collier permettait d’obtenir des suivis de trajectoires pendant 24h une fois par semaine. Le suivi des trajets a été réalisé à partir d’intervalles de prise de point de 15 minutes pour les colliers sans correction diffèrentielle et de 5 minutes pour les colliers à correction différentielle.

Précision des mesures

Un récepteur GPS placé en un point de coordonnées connues, fournit des localisations distribuées aléatoirement autour de la position réelle. Le CEP (Circular Error Probable) est un estimateur de l’exactitude des localisations correspondant au rayon d’un cercle centré sur le point exact. Il contient, selon les cas, 50%, 95% ou 99% des localisations. Des tests de performances de colliers GPS ont montré que 95% des localisations se situaient dans un cercle de 31m alors que 1% se trouvait entre 85 et 924 m (D’Eon et al. 2002). Ainsi, les localisations GPS peuvent être altérées par deux types d’erreurs: les localisations manquantes (échecs de prise de point) et les erreurs de localisations (D’Eon et al. 2002, Frair et al. 2004). Deux principaux facteurs sont à l’origine de ces erreurs : la vitesse de propagation des ondes dans les différentes couches de l’atmosphère n’est pas constante et la traversée de l’ionosphère et de la troposphère ralentissent la propagation des signaux. L’erreur devient alors d’autant plus grande que la distance à Partie V : Utilisation de l’espace urbain par le renard roux 110 parcourir est grande ce qui est le cas lorsque les satellites sont proches de l’horizon. La deuxième source d’inexactitude est la configuration des satellites utilisés. De leur distribution dans l’espace va dépendre l’exactitude de la mesure. En effet, plus les satellites sont espacés dans le ciel, meilleure est la mesure. Plus le nombre de satellites accessibles dans le ciel est important (supérieur à quatre = position 3D), plus le système pourra sélectionner les satellites présentant un bon espacement, plus le succès de prise de point et la précision seront importants. Informé par ces caractéristiques, le GPS calcule pour chaque localisation un paramètre d’exactitude de la localisation : la DOP (Dilution of précision). La DOP est composée de différents éléments dont la PDOP (Position Dilution of Precision) qui est utilisée pour éliminer les localisations issues d’une mauvaise configuration géométrique des satellites. D’autres facteurs relatifs au terrain d’étude sont susceptibles de modifier le nombre de localisations réalisées ou l’exactitude du collier GPS. La topographie induit souvent une mauvaise PDOP. En effet, en réduisant la proportion apparente du ciel, le relief augmente la probabilité que la localisation soit déterminée à partir d’un nombre insuffisant de satellites et augmente aussi les chances d’obtenir une mauvaise configuration géométrique des satellites (PDOP>10). Le couvert végétal est également une autre limite à l’usage du GPS (Di Orio et al. 2003). Le type de canopée (Moen et al. 1996, Moen et al. 1997), le pourcentage de recouvrement de la canopée (Rempel et al. 1995, D’Eon et al. 2002), la densité des arbres (Rempel et al. 1995), la hauteur des arbres (Rempel et Rodgers 1997, Dussault et al. 1999), l’interaction entre la canopée et le type de terrain (D’Eon et al. 2002), sont autant de facteurs qui ont été démontrés affecter l’acquisition des données GPS. Ainsi en milieu forestier continental, le nombre d’échecs de prise de point est plus important lorsque la taille des arbres augmente et lorsque les peuplements de conifères sont couverts de neige, alors qu’elle diminue lorsque les arbres sont dépourvus de feuilles (Janeau et al. 2004). La période de la journée, du mois ou de l’année, à laquelle le point est pris constitue également une source de variation de la précision, puisque la configuration et le nombre de satellites dans le ciel sont variables dans le temps (Moen et al. 1997, Dussault et al. 2001, Frair et al. 2004). 

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