Les circonstances à l’origine de l’augmentation de la production

Les circonstances à l’origine de l’augmentation de la production 

L’amélioration de la production journalière de la manufacture d’épingles est due à trois facteurs inhérents à la division du travail :l’habilité de plus en plus de l’ouvrier du fait de la simplification de sa tâche, le gain de temps perdu auparavant pour le changement continuel de tâche, l’utilisation des machines que la division du travail rend possible.

L’habilité de plus en plus de l’ouvrier du fait de la simplification de sa tâche 

En effet, une tâche élémentaire est facile à exécuter à tel point que l’ouvrier devient de plus en plus rapide dans son acte. Il en découle, de la même manière, que l’entreprise n’aura plus besoin de recruter des travailleurs qualifiés.

2 le gain de temps perdu auparavant pour le changement continuel de tâche 

En effet, chaque fois que l’ouvrier change de tâche, il demande un temps d’adaptation pour pouvoir atteindre un rythme déterminé. Il existe même des temps où l’ouvrier, pour avoir le courage et la concentration dans la nouvelle tâche, reste pendant une durée importante dans les toilettes ou éventuellement en dehors de l’atelier pour fumer ou se détendre.
La division du travail permet d’éviter cette gêne en donnant à chaque ouvrier une tâche spécifique.

3 l’utilisation des machines que la division du travail rend possible 

La division du travail favorise la création des nouvelles machines. En effet, au fur et à mesure que l’ouvrier répète la même opération, ilélabore dans sa tête un outil capable de le remplacer dans son travail. C’est ainsi que « dans les premières machines à feu, il y avait un petit garçon continuellement occupé à ouvrir et à fermer alternativement la communication entre la chaudière et le cylindre, suivant que le piston montait ou descendait ; L’un de ces camarades, observa qu’en mettant un cordon au manche de la soupape qui ouvrait cette communication, et en attachant cette cordon à une autre partie de la machine, cette soupape s’ouvrirait et se fermerait sans lui, et qu’il aurait la liberté de jouer tout à son aise. »2
C’est pour cette raison que la plupart des machines utilisées dans les entreprises à fort degré de division du travail ont été découvertes par des ouvriers. Un des avantages de ces découvertes en est que le nouveau matériel s’adapte correctement à la tâche visée.
Ainsi, l’entrepreneur n’aura plus à allouer une somme importante dans la formation des ouvriers lors de l’acquisition des nouveaux matériels car ici, ce sont les ouvriers même qui ont inventé ces machines. Nous pouvons dire alors que, selon Adam Smith, le progrès technique est endogène dans la mesure où c’est la division du travail qui favorise l’intégration des machines au processus de production.

Du taylorisme au fordisme

Le taylorisme

Malgré les avantages apportés par la division du travail prévus dans l’analyse d’Adam Smith, celle-ci n’a connu un développement considérable qu’au cours du XIXème siècle avec l’OST (organisation Scientifique du Travail) de l’américain Taylor.
En effet, le taylorisme vise à fragmenter les activités au sein d’une entreprise dans le but d’éviter les flâneries des travailleurs et parvenir à une amélioration de la production. Taylor a classifié deux sortes de division de travail : la division verticale et la division horizontale du travail.
Dans la division verticale du travail, il distingueles rôles des bureaux et ceux des ateliers. Ainsi, ce sont dans les bureaux que s’effectuent la conception, la division du travail ; et c’est dans les ateliers que s’exécutent les activités.
La division horizontale du travail, quant à elle, vise à fractionner le travail en des tâches aussi élémentaires que possible.
Mais, malgré la spécialisation de chaque ouvrier dans une tâche spécifique, le transport des produits en cours de fabrication à l’intérieur de l’atelier ou entre deux ateliers entraîne une perte de temps importante. D’où la nécessité du travail à la chaîne de Henry Ford.

Le fordisme 

Le travail de Henry Ford n’est qu’une continuation de celui de Taylor. Ainsi, pour assurer la rapidité de la production, il a mis en place un convoyeur mécanique permettant la suppression des temps de déplacement des produits intermédiaires entre deux postes de travail.
Dans une certaine mesure, l’invention du convoyeur mécanique par Henry Ford démontre l’affirmation d’Adam Smith selon laquelle la division du travail est à l’origine des découvertes des nouvelles machines.
En bref, nous pouvons classer aussi bien le taylorisme que le fordisme comme étant l’organisation scientifique du travail. Ils sont tous les deux des applications de la division du travail préconisée par Adam Smith.
L’application de l’organisation scientifique n’est pas sans limite. En effet, une division trop poussée du travail pourrait entraîner la diminution de la productivité.
Ainsi, le fait de ne faire qu’un seul type d’opération durant toute la journée est ennuyeux et monotone pour l’ouvrier. La monotonie lui enlève l’amour du travail. De plus, il n’occupe qu’une partie très moindre dans l’élaboration du produit final, ce qui ne lui donnera pas la satisfaction du travail achevé. Tous ces facteurs peuvent démotiver les ouvriers. Par conséquent, de la division du travail provient l’accentuation du turnover, de l’absentéisme. Toutefois, cet écoeurement peut emmener jusqu’à la malfaçon, au gaspillage et au sabotage de production. D’où l’absorption des gains de productivité engendrée par la division du travail.
En ce qui concerne l’utilisation de transporteur machinal de Henry Ford, en particulier, il n’est pas sans inconvénient. Les ouvriers, obligés de suivre le convoyeur plaignent de devoir faire des kilomètres à pied au cours de la journée. Conscient de cette situation, l’inventeur espère motiver ses salariés par un niveau de salaire suffisant : c’est le fameux « Five Dollars day3».
Les incommodités de l’organisation scientifique du travail ne sont pas seulement sur la productivité de l’ouvrier, elles ont des répercussions sur la personnalité même de l’ouvrier.

Les Nouvelles Formes d’Organisation du Travail (NFOT) 

Le recul de la productivité observé dans les années 1960 n’est pas de nature à remettre en cause la division du travail. Ainsi, les entreprises, vu les gains de productivité obtenus grâce à cette dernière, ne vont pas renoncer à la division du travail. Plutôt, elles vont cherchent d’autres moyens pour éviter les effets néfastes.
Dans la nouvelle forme d’organisation du travail, il ne s’agit plus de procéder sans limite à la division du travail, il y a un certain optimum de division du travail. C’est-à-dire que ce n’est pas la division du travail qui est la cause des la non productivité mais c’est la spécialisation trop poussée de l’ouvrier. Rappelons que l’optimum n’est pas nécessairement le maximum.
Dans la recherche de cet optimum, l’entrepreneur doit faire un raisonnement à la marge. En effet, il doit observer les gains de productivité engendrés par une division supplémentaire du travail. L’optimum est obtenu lorsque la division du travail marginale s’annule, c’est-à-dire, le supplément de fragmentation de tâche n’entraîne plus d’effets positifs. Au-delà de ce seuil, toute tentative de division de travail sera vouée à l’échec.
Néanmoins, l’entrepreneur pourrait dépasser ce seuil moyennant quelques précautions. Ainsi, il pourrait le faire en procédant à la rotation des postes, à la création des cercles de qualité, etc.

Les mesures compatibles avec la division du travail

La rotation de postes 

Pour remédier la démotivation engendrée par la monotonie du travail de l’ouvrier, les chefs d’atelier procèdent à la rotation de postes. En effet, si dans la forme ancienne d’organisation du travail, un ouvrier qui s’est spécialisé, et ce, éternellement, dans le découpage des fils (dans une manufacture d’épingles) n’aura pas la chance de se trouver dans le poste de perçage, la rotation de postes dans la nouvelle forme de travail lui offre cette opportunité.

La création de cercles de qualité 

Les cercles de qualité sont des groupements d’ouvriers dans lesquels ils discutent librement de la vie de l’entreprise. De cette façon, les ouvriers sentent leur appartenance à l’entreprise. C’est donc une forme d’organisation axée sur l’approche participative.
Notons que la rotation de poste et la création des groupements d’intérêts ne vont pas à l’encontre de la division du travail. Elles sont des mesures pouvant être prises en même temps que le chef d’atelier procède à une division supplémentaire du travail.

Les mesures anti-division du travail 

Lorsque la rotation de poste ainsi que la création des groupes d’expression n’arrivent pas à empêcher la perte de productivité due à la division du travail, l’entrepreneur sera obligé de recomposer le travail.
Certaines circonspections ont pour objectif de réduire le degré de division du travail dans l’atelier. L’élargissement des tâches et l’enrichissement des tâches en sont les plus adoptés.

L’élargissement des tâches 

Un riz cantonnais est certainement plus appétissant que du riz cuit simplement à l’eau. De même, dans son travail, l’homme est plus productif si l’on ajoute dans ce qu’il fait journellement quelques ingrédients. C’est dans cette optique que vient l’idée de l’élargissement des tâches.
L’élargissement des tâches vise à renoncer à la division horizontale du travail. Dans cette mesure, il faut bien analyser jusqu’à quel degré de décomposition du travail l’ouvrier reste plus productif. Les chefs d’atelier détecteront ce seuil grâce à différents indices telque l’importance des malfaçons, l’absentéisme, les turn-over.

L’enrichissement des tâches 

L’enrichissement des tâches consiste à donner à l’ouvrier une activité attrayante. Parfois, les entrepreneurs séduisent son salarié par un poste plus qualifié. Désormais, l’ouvrier a la possibilité de prendre en charge une activité depuis la conception jusqu’au contrôle final. Dans cette condition, l’enrichissement des tâches vise à une recomposition verticale.

La division du travail entre les entreprises : les externalisations

La logique de la division du travail dépasse largement le cadre de l’atelier, elle se pratique aussi entre les entreprises. Nous parlons alors de « sous-traitance » et d’ « externalisation ».

Qu’est ce que la sous-traitance ?

Il y a sous-traitance lorsqu’une entreprise (donneur d’ordre), souci de rentabilité ou satisfaction de sa clientèle oblige, confie à une autre entreprise (sous traitant ou preneur d’ordre) une partie ou toute la production d’un produit intermédiaire ou d’un produit fini. Nous pouvons regrouper la sous-traitance en « sous-traitance conjoncturelle ou de capacité » et en « sous-traitance structurelle ou de spécialisation ».

La sous-traitance conjoncturelle ou de capacité 

Une entreprise a recours à la sous-traitance de capacité quand, à un moment donné, son unité de production n’arrive pas à produire la quantité demandée par sa clientèle. Cette limite provisoire de la capacité de production de l’entreprise est due soit à un problème technique soit à la saturation provisoire de son appareil de production.
En effet, ne voulant pas décevoir sa clientèle, l’entreprise concernée donne l’ordre à une autre entreprise preneur d’ordre de produire le hiatus.
La première forme de sous-traitance ne vise pas vraiment l’amélioration de la productivité de l’entreprise, donc de sa compétitivité. Nous pouvons donc dire que cette catégorie de sous-traitance déborde notre domaine de réflexion. Pourtant, pour bien comprendre le phénomène de l’externalisation, il s’avérait nécessaire de l’analyser.
Néanmoins, la sous-traitance de spécialisation entre bien dans notre préoccupation

La sous-traitance structurelle ou de spécialisation

Il est rare qu’une entreprise de fabrication d’automobile, par exemple, soit la plus habile aussi bien dans la pneumatique que dans le travail des métaux. Or, la concurrence impose son efficacité et son efficience dans ces deux domaines. Donc, pour atteindre son
objectif de maximisation de profit, elle doit faire appel à des spécialistes pour la production des matières intermédiaires dans laquelle elle n’est pas la plus productive. Notons que le choix de spécialisation d’une entreprise dépend de sa propre stratégie. Par conséquent, la sous-traitance de spécialisation est une forme de division de travail dans la mesure où elle répartit les différentes spécialisations (ou les tâches) à différentes entreprises selon sa dextérité.

La dimension locale, régionale, nationale et internationale de la division sociale du travail 

Notons que la division sociale du travail se rapporte toujours à un produit. C’est-à dire, il y a cette catégorie de division du travail lorsqu’un agent économique laisse aux autres agents la fabrication d’autres produits pourqu’il puisse se spécialiser dans l’un ou quelques produits. Remarquons encore qu’un produit peut être soit un bien (réel) soit un service.
Une entreprise peut, alors se spécialiser dans la fabrication d’un produit pour assurer une certaine compétitivité sur le marché. Il ne s’agit surtout pas, dans ce cas, de division technique du travail, c’est plutôt la division sociale du travail.
Si Ambatolampy nous rappelle les cocottes minutes, Ambohijafy les orangers, c’est grâce à la division sociale du travail cette fois ci au niveau local. Ainsi, la réputation de ces localités n’a qu’une seule explication : leur spécialisation dans un produit spécifique.

Table des matières

LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION 
PARTIE I. : CONSIDERATIONS GENERALES 
CHAPITRE 01:LA DIVISION TECHNIQUE DU TRAVAIL
Section 1: La division du travail chez Adam Smith
I .Etude comparative de la production sans et avec division du travail
II .Les circonstances à l’origine de l’augmentationde la production
II 1 L’habilité de plus en plus de l’ouvrier du fait de la simplification de sa tâche
II 2 le gain de temps perdu auparavant pour le changement continuel de tâche
II 3 l’utilisation des machines que la division du travail rend possible
Section 2: Du taylorisme au fordisme
I Le taylorisme
II Le fordisme
Section 3: Les Nouvelles Formes d’Organisation du Travail (NFOT)
I Les mesures compatibles avec la division du travail
I 1 La rotation de postes
I 2 La création de cercles de qualité
II Les mesures anti-division du travail
II 1 L’élargissement des tâches
II 2 L’enrichissement des tâches
Section 4: La division du travail entre les entreprises : les externalisations
I La sous-traitance conjoncturelle ou de capacité
II La sous-traitance structurelle ou de spécialisation
CHAPITRE 02:LA DIVISION SOCIALE DU TRAVAIL
section 1: description et élargissement du domaine de la division sociale du travail
I Qu’est ce que la division sociale du travail ?
II La dimension locale, régionale, nationale et internationale de la division sociale du travail
Section 2: Les avantages que la division sociale apporte à l’économie
I Les gains de productivité
I 1 Adam Smith et la théorie des avantages absolus
I.1.1. Détermination des avantages absolus
I.1.2. Production avec spécialisation
I.1.3. La division du travail entraîne une amélioration du niveau de consommation
I 2 Les gains de productivités selon la théorie desavantages comparatifs
I.2.1. David Ricardo et la théorie des avantages comparatifs
i Niveau de production sans spécialisation
ii Détermination des avantages comparatifs
iii La division du travail permet d’économiser le temps de production
I.2.2. La théorie des coûts d’opportunité
II La division du travail et la possibilité de faire une économie d’échelle
Section 3: Les entraves à la division sociale du travail
I L’étendue du marché, un facteur limitant la division sociale du travail
II Le rapport de prix sur le marché
III La dotation en facteurs de production
Section 4: Pistes de réflexion
I Les avantages comparatifs et la dotation en facteurs de production ne sont pas les seuls critères de spécialisation
II La division du travail dans un contexte de la mondialisation et de la nouvelle économie
PARTIE II. : LA DIVISION DU TRAVAIL EN PRATIQUE
CHAPITRE 01: ETAT DES LIEUX
Section 1: La division technique du travail à Madagascar
I Des entreprises à forme traditionnelle d’organisation du travail
II Des entreprises appliquant le taylorisme, le fordisme ainsi que le toyotisme
Section 2: Le commerce entre les 22 régions de Madagascar
I De l’économie de subsistance à l’économie de marché
II Les régions et ses secteurs d’activités principaux
III La nécessité du commerce interrégional
Section 3: Madagascar et le Reste du Monde
I Les exportations
II Les importations
Section 4: Synthèse
CHAPITRE 02: QUE FAIRE ?
Section 1: Les contraintes politico-économiques
I Le marché et le système d’information
I 1 Les signaux du marché et le marché défaillant
I 2 L’importance des informations
II Le système de transport
I 1 Le gisement de transport et les coûts de transport
I 2 La recherche de mode de transport adéquat
III Les moyens financiers
Section 2: Les contraintes sociales
I Exemples introductifs
I 1 L’aviculture à Mahitsy sur la RN4 (PK 30)
I 2 La région Menabe et la filière pois du cap
II Les institutions
II 1 Les normes et pensées
II 2 Une approche en fonction du domaine considéré
III Les rôles des coopératives
III 1 La facilité d’incitation, d’encadrement et decoordination de la division du travail
III 2 Les coopératives assurent l’absence de spéculations
III 3 Un cadre permettant la possession des donnéesprécises sur une activité spécifique
III 4 Le contrôle du développement et appréciation des attentes des paysans
Section 3: Les contraintes écologiques
Section 4: Comment gérer la division technique du travail?
I La fonction de productivité et l’optimum de division technique du travail
II Estimation des paramètres a, b et c
CONCLUSION 
TABLES DES MATIERES 
GLOSSAIRE 
LISTE DES TABLEAUX 
ANNEXES 
ANNEXES 
BIBLIOGRAPHIE 
RAPPORTS 
WEBOGRAPHIE

augmentation de la production

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