Traitement pharmacologique : neuroleptiques ou pas ?
Trouble psychotique induit Pour le traitement de la psychose toxique, les auteurs suggèrent qu’il faut juste un bon accompagnement et une bonne hydratation. Si le patient présente des attaques de panique, il faut juste le rassurer. On peut avoir éventuellement recours aux benzodiazépines, aussi en cas d’agitation psychomotrice. Il ne faut pas donner de neuroleptiques. (18) Par contre, le traitement des psychoses résistantes se fait par des neuroleptiques. b. Patients schizophrènes et usagers du cannabis : La mise en route d’un traitement neuroleptique est indispensable. b1. Les neuroleptiques classiques : Les études de pharmacothérapie chez les patients psychotiques et usagers de cannabis ont montré que : – Les neuroleptiques classiques ont un rôle limité dans le contrôle de l’abus de substance : Les patients ont montré un pourcentage élevé d’abus de substance, et une étude a rapporté une augmentation du nombre de fumeurs chez les patients sous Halopéridol. – Il y a une réponse faible à ces médicaments avec une incidence augmentée des effets extrapyramidaux et une faible amélioration des symptômes négatifs. Certains travaux ont démontré un antagonisme réciproque des neuroleptiques et du cannabis (Knudsen et Vilmar, 1984) C’est-à-dire que le cannabis neutraliserait les effets des neuroleptiques.
Les nouveaux antipsychotiques
– Le cas de la clozapine : La clozapine (Leponex) est une molécule qui fait partie de la famille des benzamides. Elle est indiquée surtout dans les schizophrénies sévères avec résistance ou intolérance majeure aux neuroleptiques. Ce neuroleptique qui exige une surveillance stricte de la numération sanguine à cause du risque d’agranulocytose a fait l’objet d’une étude prospective sur 151 patients avec dualité diagnostique (psychose et abus de substance). Cette étude a 61 montré que 67 % de ceux qui utilisaient le cannabis se sont améliorés sous clozapine, comparés à 32 % sous neuroleptiques typiques. (30) – Les antipsychotiques atypiques (Nouvelle génération) Cette classe de psychotropes présente la même efficacité que les neuroleptiques classiques, mais avec une meilleure tolérance, ce qui favorise une meilleure observance. Ces antipsychotiques agissent favorablement sur les troubles de l’humeur. Parmi eux : – Amisulpride (Solian) – Olanzapine (Zyprexa) ou son générique (Medizapine ) – Rispéridone (Risperdal) c. Concernant notre étude : Dans notre série de patients psychotiques ayant consommé le cannabis : – Tous ont été traités par des neuroleptiques classiques, dont haloperidol (Haldol), chlorpromazine (Largactil), lévopromazine (Nozinan), pipotiazine (Piportil), sulpiride (Dogmatil). – 8 % des patients ont été mis sous antipsychotiques atypiques. (Solian, zyprexa) en plus des neuroleptiques classiques. Dans le groupe témoin, tous les patients ont été mis sous des neuroleptiques classiques, 4,5 % ont été mis sous (Zyprexa), en plus des neuroleptiques classiques.
Le sevrage
Les données de la littérature ont montré que l’usage du cannabis est considéré comme un facteur de mauvais pronostic, et une cause de beaucoup de complications dans le cadre de la comorbidité avec la psychose. Si le patient continue sa conduite toxicomaniaque, cela va annuler l’effet des neuroleptiques, et va aggraver l’évolution de ses symptômes. (18, 39) A noter deux remarques : – Les 4 patients constituant notre mini-série de troubles psychotiques induits par le cannabis ont bénéficié d’un traitement spécifique pour le sevrage. – Les autres patients n’ont pas bénéficié systématiquement d’un sevrage mais plutôt des conseils les sensibilisant à arrêter les toxiques, car ces derniers constituent un facteur de risque pour le déclenchement des troubles psychotiques. 3. L’Artane : un usage problématique ? L’Artane ou trihéxyphénidyle chlorhydrate est un antiparkinsonien de synthèse qui appartient à la famille des anticholinergiques (atropiniques). Il est utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson et des syndromes parkinsoniens induits par les neuroleptiques. (15) Dans notre étude, il a été utilisé chez tous les patients en tant que correcteur des effets secondaires des neuroleptiques. Or, selon une étude tunisienne, le trihexyphénidyle est la deuxième substance toxique après le cannabis, pour laquelle les schizophrènes présentent un trouble d’utilisation : un abus de substance. B. Traitement psychologique : 1. La psychothérapie individuelle : – La thérapie cognitive – La thérapie comportementale – La thérapie de motivation : les patients schizophrènes qui consomment le cannabis ont recours à la drogue dans le but d’une automédication. Il faut leur expliquer les effets du cannabis, son interaction avec les médicaments, et maximiser les liens entre les symptômes récents et la consommation du cannabis. (18) 2. Les thérapies de groupe : Elles permettent de traiter 3 fois plus de patients que dans les thérapies individuelles. Les patients peuvent s’identifier aux autres et avoir des modèles d’abstinence, et donc progresser plus rapidement. C. Approche sociale : Nous citerons quelques approches sociales telles que : – La thérapie familiale – La prévention des rechutes 63 – Les communautés thérapeutiques – Les groupes de soutien. – L’ergothérapie – Les associations d’aide aux toxicomanes.