Résultats de la sensibilité ex vivo des isolats de Thiès
Nous avons travaillé sur 34 échantillons collectés à Thiès. Toutefois pour l’analyse des résultats, certaines données ont été exclues pour diverses raisons : absence de croissance, soupçon de contamination ou pour ambiguïté. La réponse des parasites aux différentes molécules testées est listée dans le Tableau 8. Les résultats ex vivo ont été validés en testant la souche sensible à la chloroquine le 3D7. Tableau 6 : Résultats ex vivo des isolats en présence des molécules antipaludiques CQ (Chloroquine). PQ(Pipéraquine), AMQ (Amodiaquine), LUM (Luméfantrine), MEF (Méfloquine) et QN(Quinine). CI (Concentration Inhibitrice), MG (Moyenne Géométrique), nM (nano molaire), Min (minimum), Max (maximum). N0 (Nombre de résultats exploitables pour chaque molécule. NA (Non applicable).
Distribution des CI50 des molécules antipaludiques étudiées
Une bonne sensibilité de la souche de référence 3D7 à la chloroquine (6,441 nM) a été retrouvée. La moyenne géométrique des CI50 des isolats (Figure 13) à la Chloroquine, la Pipéraquine, l’Amodiaquine, la Luméfantrine, Méfloquine et la Quinine était respectivement de 35,82 nM, 15,73 nM, 5,374 nM, 50,3 nM, 8,148 nM et 27,81 nM.
Résultats de l’étude du génotypage
Les 34 échantillons collectés à Thiès ont été tous génotypés avec succès. La majorité des isolats ont l’allèle sauvage pour les codons 86 de Pfmdr1 et 76 de Pfcrt avec respectivement 97 %, et 71% tandis que les codons 1042, et 1246 de Pfmdr1 tous les allèles sont sauvages (100 %). Des proportions de 3% pour le N86Y et 6 % pour K76T d’allèles mixtes ont été retrouvées. Les pourcentages d’allèles mutants pour ces codons étaient de 23 % pour K76T. Concernant le codon Y184F, l’allèle mutant prédominait avec des proportions de 62% (contre 35% pour l’allèle sauvage et 3% d’allèle mixte) (Figure 14). Pour l’haplotype NFD(N86F184D1246) du gène pfmdr1, une prévalence de 59% est obtenue Figure 14: Prévalence des mutations des gènes pfcrt (K76T) et pfmdr1 (N86Y, Y184F, N1042D et D1246Y). Pfmdr1
Corrélation entre génotype et phénotype
La recherche de corrélation nous a permis de trouver (Tableau 9) une relation significative entre la mutation K76 et la baisse de sensibilité à la Luméfantrine (p=0,0307). Tableau 7: Corrélation entre la sensibilité ex vivo des antipaludiques et la présence de la mutation 76T de Pfcrt et Y184F de Pfmdr1 WT (sauvages), MUT (mutants), CI50 (concentration inhibitrice à 50%), p< 0,05 (significative). 71% 97% 35% 100% 100% 23% 0 % 62% 0 % 0 % 6 % 3 % 3 % 0 % 0 % 0 % 20% 40% 60% 80% 100% 120% K76T N86Y Y184F N1042D D1246Y pfcrt Pfmdr1 SAUVAGE MUTANT MIXTE Molécules Codons Médiane des CI50 (nM) WT Médiane des CI50 (nM) MUT p value K76T 22,25 49,2 0,1367 Y184F 15,27 33,36 0,0933 K76T 19,15 15,16 0,1947 Y184F 35,13 23,21 0,98 K76T 5,704 4,23 0,6517 Y184F 10,24 2,055 0,0887 K76T 133,9 21,76 0,0307 Y184F 133,9 100,9 0,4289 K76T 13,49 4,483 0,0885 Y184F 11,6 10,6 0,925 K76T 36,98 57,54 0,2322 Y184F 44,57 28,58 0,7702 Méfloquine Quinine Chloroquine Pipéraqunine Amodiaquine Luméfantrine 21 III-4- Discussion Les tests ex vivo sont un outil important pour la surveillance de la résistance aux antipaludiques. Ces tests permettent aux chercheurs de tester les réponses des parasites à différents médicaments pris individuellement et en l’absence de facteurs immunitaires qui pourraient induire un biais ou des résultats confus tandis que les tests in vitro permettent de faire une mesure intrinsèque de la sensibilité de Plasmodium falciparum. Il est alors important de noter que la surveillance ex vivo des médicaments antipaludiques peut fournir un avertissement précoce d’une éventuelle baisse de sensibilité pouvant conduire à des échecs thérapeutiques. (Van Tyne et al., 2013) Trente et quatre (34) échantillons ont été testés en présence de molécules antipaludiques (la Chloroquine, la Pipéparaquine, l’Amodiaquine, la Luméfantrine, la Méfloquine et la Quinine avec une souche de référence 3D7 (sensible à la chloroquine). Pour les Trente et quatre (34) échantillons testés, sept (7) souches, soient un taux 21%, ont affiché une résistance à la Chloroquine (CI50 >100 nM), huit (8) à la Luméfantrine (23%), et cinq (5) à la Méfloquine soit 15% (CI50 >100 nM. Pour l’Amodiaquine et la Quinine aucune résistance n’a été observée. Pour la Pipéraquine le seuil de résistance n’est pas encor défini. Pour la Chloroquine nous avons obtenu une moyenne géométrique de (35,82nM) qui est supérieur aux 18,29nM rapportées en 2013 par Mbaye et al, (Mbaye et al., 2016). Malgré la valeur élevée de CI50 (35,82nM) notée, le taux de résistance à la Chloroquine est entrain de baisser. En effet, le taux de résistance a été de 50% environ vers les années 2001-2002 (Pradine et al., 2002). En 2007 l’étude faite à Thiès à montrer une baissé de (23%) (Ndiaye et al., 2010) et celle faite à Dakar à rapporter (22%) (Fall et al., 2011). Cette diminution de la Chloroquinorésistance pourrait s’expliquer par son retrait au profit des Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine en 2002 au Sénégal. Ce qui est en phase avec des études menées au Malawi où la résistance est passé de 85% en 1992 à 0% en 2001(Kublin et al., 2003) suite au retrait de la chloroquine.