La dynamique migratoire à Hann Yarakh
Les causes de la migration à Hann/Yarakh
Les facteurs explicatifs de la migration à Hann/Yarakh sont complexes et variés.Ces facteurs sont d’ordre interne ou international.
Les facteurs externes
Les programmes d’ajustemements strcturels : A l’instar des autres Etats aficains le sénégal a connu dans les années 90 une situation socio-économique alarmante en raison des programmes d’ajustement structurel ( imposés par les institutons de Bretton Woods en vue de reéquilibrer la situation economique de ces pays) .Ces programmes en oubliant de prendre en compte la dimension sociale dans leur processus ont considérablement gravé le pouvoir d’achat des ménages sénégalais et particulierement ceux du milieu urbain. En effet, avec l’abandon de la subvention de l’agriculture les populations rurales se sont affluées généralement vers les milieux urbains proches du centre ville comme le village traditionnel de Hann/Yarakh, où le secteur de la pêche pouvait permettre d’échapper aux conditions économiques catastrophiques. Cet exode des populations induit par ces programmes a provoqué dans ces milieux un surplus de population qui a entrainé un déséquilibre entre les ressources et les populations de ces localites, une situation qui va encore s’aggraver avec l’emprise de la dévaluation du franc CFA.
La dévaluation du franc CFA
Adoptée en janvier 1994, la dévaluation du franc CFA, monnaie d’échange de l’Union économique et monétaire ouest africaine va réduire de 50% les revenus des ménages sénégalais. Cette situation va considérablement graver le pouvoir d’achat des familles sénégalaises qui devront débourser le double de leurs dépenses antérieures pour subvenir à leurs besoins . Les conséquences de cette dévaluation , conjuguées aux effets des programmes d’ajustement structurels qui les ont precédés ont fait que les denrées de premiére nécessité se trouvaient presque inaccessibles pour la plupart des ménages urbains qui continuaient d’accueillir de fortes populations chassées des zones rurales. « La dévaluation de 50% du franc CFA en janvier 1994 (ajustement interne) semble constituer une source de paupérisation et de marginalisation d’une certaine catégorie de la population ». Ainsi ces différentes contraintes extérieures , ont été, malgré les politiques de redressement économique entreprises par l’Etat sénégalais pour renverser la tendance, les prémices d’un cycle infernal que constituait la détérioration continue des conditions de vie des populations sénégalaises; qui à l’image de celle de la localité de Hann/Yarakh vont se lancer vers la conquête d’un nouvel horizon pour améliorer les conditions de leur existence. En effet à partir de ce moment , l’émigration considérée comme un déplacement d’individus à la recherche de meilleurs conditions de vie s’est présentée comme la seule alternative qui s’offrait aux populations de cette localité. Ainsi, au milieu des années 80, les premiers flux migratoires seront enregistrés dans le village de Hann/Yarakh avec des destinations privilegiées ayant pour nom la France; l’Espagne la Suisse ou encore l’Italie. A coté de ces causes externes on pourrait noter également des facteurs internes qui peuvent étre de nature sociologique , démographique ou culturelle.
Les difficultés économique des ménages Yarakhois
L’explication de l’émigration des jeunes Yarakhois est à rechercher dans la situation économique que traverse le pays et dans le fonctionnement et la structure des ménages sénégalais et des familles des émigrés même si ces derniéres émettent généralement les mêmes motifs pour expliquer les départs. Ainsi, il y a une rupture des équilibres économiques, sociaux et démographiques qui permet d’expliquer le choix de ces émigrés .
Les contraintes économiques
La situation économique du pays est la principale cible des chefs des ménages interrogés sur le question de l’émigration. Mais au demeurant il existe certaines explications qui, au-delà ou en rapport avec les causes externes précités constituent le soubassement de ce déséquilibre économique . 9 Croissance économique ou éradication de la pauvreté, quelles alternatives entre la croissance économique, l’équité et la stabilité macro économique au Sénégal ?
La crise de la pêche artisanale
Selon Ngalla Sy, chef du village de Hann/Yarakh , et descendant de Ndiaga Sy fondateur de cette localité en 1904, le village traditionnel était dénommé au départ « Djeuna takh » (à la recherche du poisson) . Ainsi, l’activité principale de cette localité a pendant longtemps été la pêche ( en 1994 on y avait enregistré 1200 pêcheurs avec plus de 120 pirogues) avec à coté de celle-ci, des activités agricoles comme la culture maraichére qui y a été développée au niveau de la zone où est implantée aujourd’hui les Maristes. Une telle situation avait fait de cette localité un véritable village traditionnel. Cependant dans les années 90 ce secteur avait commencé à connaitre des difficultés liées certainement à la vente de licences de pêche , aux chalutiers européens et asiatiques comme la Chine et la Corée qui avaient beaucoup pénalisé les petits piroguiers venant généralement des zones de pêche comme Hann/Yarakh . Les accords signés par le Sénégal avec l’Union Européenne et les pays Asiatique ont entraîné la présence de grands bateaux avec des captures très importantes dans les mers sénégalaises. Ainsi il s’en suivra une surexploitation qui fera que les captures des espèces économiquement rentables vont fortement chuter. Les captures débarquées sont de plus en plus dominées par des poissons de petite taille à faible valeur économique. Cette surexploitation est particulièrement inquiétante, car elle a été en partie à l’origine de la paupérisation des pêcheurs du fait de la baisse des rendements par sortie de pêche Ainsi les ménages des pêcheurs sénégalais ont commencé à partir de cette période à souffrir de cette politique étatique qui jusqu’ici continue de laisser des traces dans ce secteur longtemps porté par les villages traditionnels de pêche. Ainsi cette situation conjuguée à une fermeture accélérée des usines de pêche comme(SENEPESCA,INTERCO, etc ) qui meublaient la localité, est une réponse certaine à celui qui tenterait de trouver une explication face aux motivations des premiers émigrés qui ont décidé de partir à l’étranger dans cette localité.