LA CULTURE DE QUELQUES ALGUES BRUNES
LA TECHNIQUE DE CULTURE DU LAMINARIA JAPONICA
Le Laminaria japonica est cultivé surtout en Chine et au Japon. Il existe deux techniques : – le cycle de reproduction sexué (voir figure) et, – la culture forcée. [TSENG, 1962 ; TSENG, 1984 ; TSENG,1984 ; PEREZ,1997 ; PEREZ, 1992]. Figure 2 : Reproduction de Laminaria japonica. On observe le même processus que chez les Macrocystis pyrifera, Undaria pinnatifida, Laminaria digitata et Laminaria herborea. La particularité pour Laminaria japonica est la taille réduite du gamétophyte femelle (2 ou 3 cellules) ; il est plus développé chez les autres laminariales. (PEREZ 1997)
Le cycle de reproduction sexuée
Cette méthode est longue. Elle dure deux ans. L’espèce devient fertile au cours du mois de mai et présente sur l’axe de la lame une ou deux branches longitudinales, sombres, presque noirâtres nommées sores. Sur une coupe transversale, les sores apparaissent formés de plusieurs sacs microscopiques, les sporocystes, remplis de granulations sphériques mesurant 5 à 6 µm de diamètre. De part et d’autre de chaque sporocyste, nous avons les paraphytes qui sont des cellules au contenu clair. A maturité, les sacs s’ouvrent par leur partie apicale et libèrent chacun dans le milieu, 50 à 60 spores qui nagent de quelques minutes à quelques heures à l’aide de deux flagelles latéraux. Chaque spore se fixe, perd ses flagelles et germe en un filament microscopique plus ou moins ramifié : le gamétophyte. Selon PEREZ (1997), les gamétophytes femelles sont courts et trapus à 12 degré Celsius. Ils sont formés de deux ou trois cellules qui s’arrondissent et deviennent plus sombre à cause des réserves qu’elles accumulent. La paroi squelettique se rompt et le contenu entre en contact avec le milieu et forme le gamète femelle immobile et dense. Le nombre de cellules du gamétophyte femelle varie avec la température. Il est environ de 12 à 17 degrés Celsius et à 19 degrés Celsius la gamétogenèse est arrêtée. Les gamétophytes augmentent indéfiniment tant que les nutriments indispensables sont présents. Les gamétophytes mâles sont minces et très ramifiés, ressemblent à des buissons épineux. A maturité, les gamétocytes libèrent des gamètes mâles à deux flagelles semblables à ceux de la spore. Le gamète mâle féconde le gamète femelle pour donner un zygote qui va germer rapidement en une plantule lancéolée brun clair. Elle devient un plant de 4 à 6 m de longueur sur 20 à 30 cm de largeur. Le cycle de reproduction, qui fait intervenir deux biontes, est un cycle haplodiplobiontique avec un gamétophyte microscopique haploïde et un sporophyte diploïde.
La culture forcée
Elle comprend cinq étapes : – l’ensemencement des collecteurs à partir d’étalons sélectionnés, – la phase de croissance en écloserie, – la phase de préculture en eau calme, – le développement en mer avec l’utilisation d’engrais et – la récolte. (Voir figure 3) Ensemencement des collecteurs à partir d’étalons sélectionnés. Les collecteurs sont des supports artificiels sur lesquels les spores vont se fixer. Leur forme diffère selon les pays : – au Japon, ils ont la forme de prismes autour desquels est enroulée une cordelette blanche en polypropylène de 2 à 3 mm de diamètres, – en Chine, il s’agit d’un tressage de cordelette (5 mm de diamètre) en fibres de coco longuement lavées pour leur enlever toute toxicité. Le fermier, au cours de la saison suivante, sélectionne les plantes capable de croître rapidement et de former une longue lame ceci dès leur jeune âge. Les plantes ainsi sélectionnées sont placées dans des conditions optimales de développement. Elles sont espacées les unes des autres et secouées. De plus, elles sont essuyées chaque semaine pour délivrer les thalles de la fine pellicule de sédiments qui se dépose à leur surface. Puis, elles sont mises dans des conditions contrôlées leur permettant de produire le maximum de sores. Entre les mois de mai et juin, les plantes sélectionnées sont utilisées pour la libération des spores. Les géniteurs matures prêts à émettre les spores sont caractérisés par la tendance au détachement de la cuticule en lambeaux transparents. Au laboratoire, il essuie les lames avec un tampon de coton dans de l’eau de mer stérile afin d’enlever le maximum d’épiphytes (organismes vivant sur lame). Puis, il les étend durant une nuit au frais (10 degrés Celsius) et à l’obscurité où elles subissent un début de déshydratation.Le lendemain matin, il les plonge, en pleine lumière, dans de l’eau de mer à 12 degrés celsius. En Chine, cette eau de mer est contenue dans de grands bassins en ciment (3×1,5×1,2 m) où ont été suspendus verticalement 200 à 250 collecteurs tressés. Au Japon, les collecteurs sont déposés sur le fond du bassin une face contre le sol. Les plants sont placés dans l’eau. Les paraphyses se réhydratent et se gonflent. Ceci entraîne l’ouverture des sporocystes qui libèrent chacun une soixantaine de spores, petites et minces, munies de deux flagelles latéraux. L’eau prend une couleur brune due à la présence des spores. L’émission est jugée correcte si l’examen d’une goutte d’eau au microscope montre au bout de 20 à 30 minutes un grouillement de zoïdes biflagellés qui traversent le milieu en tout sens. Les spores entrent en contact avec les cordelettes des collecteurs sur lesquelles elles se fixent et perdent leurs flagelles. L’ensemencement complet est réalisé au bout de 45 minutes . Passé ce délai , il n’y a plus de spores nageant dans le milieu. De plus, l’ensemencement est jugé suffisant quand on peut compter 25 à 30 spores dans le halo de magnificence 100.