Gouvernance et jeu d e rôle réinvestir tous les acteurs

Gouvernance et jeu d e rôle réinvestir tous les acteurs

Propreté et gouvernance 

Le Programme des Nations Unies pour le développement retient que “ la gouvernance peut être considérée comme l’exercice des pouvoirs économique, politique et administratif pour gérer les affaires des pays à tous les niveaux. Il comprend les mécanismes, procédés et institutions par lesquels les citoyens et les groupes articulent leurs intérêts, exercent leurs droits légaux, remplissent leurs obligations et gèrent leurs différences. La bonne gouvernance est, parmi d’autres choses, participative, transparente et responsable. Elle est aussi efficace et équitable. Et elle fait la promotion du cadre de la loi. La bonne Gouvernance et jeu d e rôle réinvestir tous les acteurs Partie III : de la mise en œuvre des résultats -207- gouvernance assure que les priorités politiques, sociales et économiques sont fondées sur un large consensus dans la société et que les voix des plus pauvres et des plus vulnérables sont au cœur du processus de décision sur l’allocation des ressources pour le développement. ” Dans le contexte d’une durabilité de la gestion urbaine, dont celle de la propreté, suivant une éthique « territorialiste », le respect du principe de gouvernance est fondamental. La gouvernance est le versant social du principe de durabilité ; il implique une association aux décisions concernant la gestion du territoire, des populations locales considérées comme actrices de la construction, dans ce cas précis, de l’espace urbain. Le niveau local est alors à privilégier dans les décisions, et l’idée de l’égalité dans l’utilisation du territoire est à respecter . Il faut donc trouver des méthodes de travail susceptibles de rapprocher les points de vue, de résoudre certaines divergences, de cerner celles qui sont irréductibles. En effet, les principes généraux peuvent être mis en échec par la variété des situations et des relations entretenues entre la propreté, le territoire et les systèmes sociaux. Il nous apparaît désormais clairement que le problème du maintien de la propreté est complexe et multidimensionnel, son contrôle passe avant tout par une prise de conscience objective et approfondie de la réalité et de toutes ses dimensions naturelles, économiques, sociales et culturelles. Tous les acteurs doivent se concerter en vue d’adopter une approche globale pour une gestion rationnelle de la propreté tout en prenant en considération, outre la gestion technique, les multiples dimensions éthiques, politiques et culturelles. La gestion de la propreté doit être l’affaire de tous, hommes, femmes, décideurs, planificateurs, techniciens et consommateurs… Elle doit être une gestion participative et les décisions prises en concertation entre les décideurs et les utilisateurs pour mieux obtenir une adhésion de tous les acteurs à la mise en place des dispositifs nécessaires. Ce qui est visé est la réalisation d’un sentiment de responsabilité partagé entre tous les acteurs de la gestion de la propreté. Le problème de communication entre les techniciens de l’espace et (ou) les politiques et les citoyens est donc à résoudre : la nécessité d ’une information / formation des acteurs de l’espace est indispensable pour l’acceptation et la recevabilité de la prise de décision. Ce qui oblige d’expliquer tout projet afin d’assurer la bonne compréhension des objectifs des décideurs, d’assurer une large discussion, de faire émerger les représentations de tous les acteurs, de prendre en compte les idées et les attentes des usagers puis, de comparer les attentes et le projet. Ce long processus doit aboutir soit à l’intégration d’idées, quand elles existent, venant des usagers ce qui peut entraîner un remaniement éventuel du projet pour atteindre la confiance et le consensus. Sinon, l’échec des projets est certain par le refus d’adhésion des populations qui se sentent impuissantes face à une force décisionnelle imposée d’en haut. C’est d’autant plus remarquable dans le cadre du maintien de l’état de propreté car la confrontation entre les acteurs et les objectifs est fréquente et continue.  

Peut-on jouer pour décider ?

Recourir au terme jeu et le mettre en parallèle avec celui de décision pourrait paraître provocateur ; selon Fournier, « jouer, c’est appartenir à une communauté qui a ses règles ; c’est se socialiser et construire son identité » 149 . Le jeu serait-il trop sérieux pour le laisser aux enfants ? Le jeu de rôles fournit aux joueurs un certain cadre et les met face à un certain problème. Chaque joueur tient ici, comme l’écrit J.H. Matelly «un rôle, comme au théâtre ou au cinéma, et interprète avec ses partenaires une histoire, dont ils sont les héros, mais qu’ils ne connaissent pas d’avance… Cependant, différence essentielle avec le théâtre, le cinéma ou les romans, et intérêt premier du jeu, ni les actions, ni le texte des héros, ni le dénouement final ne sont écrits, ils dépendent, dans le cadre de l’intrigue générale, des choix qu’effectueront les joueurs et qu’ils feront interpréter par leurs personnages » 150 Au cours d’une séance de jeu, les joueurs vont interagir, des décisions vont être prises, des opinions seront émises et c’est de cette interaction que sortiront des solutions au problème posé. Les joueurs disposent d’une certaine marge de manœuvre plus ou moins importante en fonction du type de jeu. Il est donc un jeu de découverte plus que d’instruction. L’animateur du jeu n’intervient que de façon limitée même si le jeu de rôles nécessite toujours une préparation, une création et des interventions spécifiques de l’animateur. Est-il possible d’envisager d’utiliser les jeux de rôles dans des processus réels de négociation en plaçant les protagonistes d’une négociation réelle dans la peau de joueurs ? La question de la légitimité de la simulation se pose parce que nous considérons ici des jeux qui tentent de représenter le monde réel dans lequel les joueurs vivent. C’est là une question centrale dans la démarche ayant menée à la construction du jeu Dans ce cas, il ne s’agit pas de jeux purement ludiques, décrivant des mondes totalement oniriques ou guerriers volontairement déconnectés de la réalité, que des joueurs valideraient Dans la réalité, nous avons précédemment évoqué toute la difficulté qu’il y a à saisir les paramètres cognitifs, représentations, perceptions, règles, valeurs, permettant d’expliquer les comportements. L’analyse des interactions à partir de celle des pratiques des acteurs dans une situation donnée apparaît comme un des moyens d’appréhender plus facilement la nature des relations entre le jeu de rôles et la réalité sociale. Il s’agit au travers des pratiques d’accéder à ce qui compose les représentations sociales d’un individu, son histoire, ses valeurs, éléments que chacun partage (en partie ou en totalité) avec les autres membres de son groupe social. Initiée par la question de l’acceptation de la représentation proposée, notre réflexion se poursuivra en s’interrogeant sur la relation entre d’une part, l’habitus et le champ des acteurs et d’autre part, les rôles des joueurs. Cela ne signifie pas que la ou les solutions trouvées pourraient être reproduites telles quelles dans la réalité. Le jeu de rôles ne serait qu’une étape dans un processus de négociation. Il pourrait être une sorte de laboratoire social dans lequel les joueurs pourraient expérimenter différents scénarii, voir les conséquences simulées de leur décision sans que cela Depuis quelques années, l’usage d’outils de simulation informatique de type multi-agents s’est développé pour traiter de questions liées à la gestion des ressources renouvelables, de l’environnement et du territoire en général151 Ces recherches ont montré l’intérêt de ce type de modèles pour un usage en aide à la négociation. En fait, ils faciliteraient la constitution d’une représentation commune aux acteurs liés à une ressource et l’exploration de scénarii. Le jeu de rôles pourrait permettre d’expliciter le contenu d’un système multi-agents, décryptant ainsi la boîte noire du modèle afin de le présenter à des experts du système (acteurs, chercheurs, administration) pour participer à la validation du modèle. Il pourrait constituer également un support de discussion sur une représentation commune du système entre des acteurs152 Le recours au jeu ne permet qu’ une approche partielle de la connaissance des environnements complexes mais, il peut se révéler un appui aux processus collectifs de décision en situation complexe, notamment par l’explicitation des points de vue de tous les acteurs et la reconnaissance des charges de l’incertitude : il n’existe pas de solution unique mais une solution raisonnée, expliquée, justifiée. Certains jeux ont déjà été exploités dans des processus de négociation en aménagement du territoire et ils peuvent faciliter la communication au sein d’un système complexe. Le modèle et jeu de rôle Méjan, qui met en scène des éleveurs, des forestiers et des gestionnaires du Parc National des Cévennes a permis d’obtenir de bons résultats. Il permet de simuler des scénarii d’enrésinement progressif d’un écosystème naturel à forte valeur patrimoniale, le Causse Méjan dans les Cévennes. Plusieurs agriculteurs participent désormais à cette opération, et ils parviennent actuellement à mettre en œuvre une réflexion collective, avec le Parc National, pour faire face à un problème d’enrésinement des pâturages.

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