FROTTIS MINCE ET HEMOPATHIES MALIGNES
Les hémopathies malignes
Définition Les hémopathies malignes sont des maladies clonales qui dérivent d’une seule cellule de la moelle ou d’un tissu lymphoïde périphérique ayant subi une altération génétique. Elles ne représentent approximativement que 7% (Hoffbrand et Moss, 2018) de toutes les affections malignes. Elles sont graves et touchent de nombreux individus à travers le monde. (Illias et al., 2011.)
Classification
La classification des hémopathies malignes repose sur plusieurs critères : le mode d’évolution, la lignée hématopoïétique atteinte et le site de développement. On distingue : les leucémies, les lymphomes et les myélomes (Mahboub et al., 2015).
Les leucémies
Les leucémies sont un ensemble d’affections caractérisées par une accumulation de cellules blanches dans la moelle et le sang (Hoffbrand et Moss, 2018). La principale classification en distingue quatre formes : aiguë et chronique, ensuite subdivisées en lymphoïde et myéloïde (Hoffbrand et Moss, 2018).
Leucémies Chroniques
On parle de leucémie chronique lorsque toutes les cellules anormales parviennent encore à un relatif degré de maturité. Ce processus se déroule plus lentement et, par conséquent, les symptômes apparaissent plus tardivement. Elles peuvent être globalement séparées en myéloïde et lymphoïde (Hoffbrand et Moss, 2018) (voir Annexe 1).
Leucémies Aiguës
Les leucémies aiguës sont des cancers rares représentant entre 10 et 15 % (Maynadié et Troussard, 2015) des hémopathies malignes. Elles sont habituellement graves où la transformation maligne survient dans la cellule souche hématopoïétique ou des progéniteurs 4 précoces. L’ensemble d’événements tels qu’une prolifération accentuée, une apoptose réduite et un blocage dans la différenciation cellulaire entrainent une accumulation dans la moelle osseuse de cellules jeunes appelées blastes (Hoffbrand et Moss, 2018). Elle est normalement définie par la présence d’aux moins 20% de blastes dans la moelle osseuse lors de la présentation initiale. Cependant, ce diagnostic peut se faire avec un taux inférieur si des marqueurs spécifiques des leucémies sont présents (par exemple pour LAL-T, on note l’expression de CD3, cCD7, CD7 ; pour LAL-B, celle de CD10, CD19 et cCD22 ; pour LAM, celle de CD13, CD33 et CD117 (Hoffbrand et Moss, 2018). Elle a un taux d’incidence standardisé à la population mondiale inférieur à 6/100 000 habitants/an (Maynadié et Troussard, 2015). Tout comme les leucémies chroniques, les leucémies aigues se distinguent en myéloïde et lymphoïde (Hoffbrand et Moss, 2018).
Les lymphomes
Les lymphomes sont un groupe de maladies causées par des lymphocytes malins qui s’accumulent dans les lymphonoeuds et d’autres tissus lymphoïdes, avec comme symptôme caractéristique une adénopathie. Elles se divisent en deux grands types, le lymphome de Hodgkin (LH) et le lymphome non Hodgkinien (LNH). Ce dernier se caractérise par la présence de cellules de Reed-Sternberg (RS) (Hoffbrand et Moss, 2018).
Le myélome multiple
Le myélome multiple (MM) est une dyscrasie plasmocytaire médullaire maligne liée à la sécrétion d’une immunoglobuline monoclonale. C’est la plus fréquente des gammapathies malignes (Fall et al., 2017). Le MM est le second cancer hématologique le plus fréquent. Il reste malheureusement incurable à l’heure actuelle. Il ne représente que 1 à 2 % (Vrancken et al., 2018) de toutes les néoplasies. Il touche préférentiellement les hommes, avec un âge moyen au diagnostic de 66 ans (Vrancken et al., 2018).
Aspects génétiques
Le développement des techniques de séquençage massif bouleverse notre compréhension des processus de transformation à l’origine des hémopathies malignes. Ces approches permettent d’identifier de nombreuses mutations acquises dans des maladies malignes dont les bases moléculaires étaient jusqu’à aujourd’hui mal connues (Damm et al., 2012).
Quelques anomalies
Les progrès récents dans le domaine de la génétique moléculaire ont permis d’approfondir la connaissance en termes de pathogénèse des hémopathies malignes. Les techniques de séquençage haut débit (NGS) ou les puces d’hybridation génomique comparative (CGH) sont des outils efficaces pour l’identification, au niveau moléculaire, des anomalies génétiques présentes au niveau tumoral (Virginie et Eileein, 2016) Un des faits cruciaux dans la formation d’une hémopathie maligne, par opposition à beaucoup de tumeurs solides est la grande fréquence de translocations chromosomiques (Hoffbrand et Moss, 2018), (voir Annexe 10, tableau 2).
Facteurs de risques
L’incidence des leucémies est nettement augmentée dans certaines maladies génétiques telles que la trisomie 21 où la fréquence des leucémies aigues est multipliée par 20 à 30 fois. Parmi les autres affections héréditaires à risque leucémique, citons le syndrome de Bloom, l’anémie de Fanconi, la neurofibromatose, le syndrome de Klinefelter, entre autres. Il y’a aussi une petite tendance familiale dans des maladies comme la LAM, la LLC, le LH et les LNH, même si les gènes prédisposant à ce risque augmenté soient largement méconnus (Hoffbrand et Moss, 2018).
Prédispositions
Alors qu’il est maintenant établi que 5 à 10% (Dupriez et al., 2018) des cancers solides surviennent dans un contexte de prédisposition héréditaire. Cette prédisposition a été longtemps sous-estimée pour les hémopathies malignes (~1%) (Dupriez et al., 2018). Tout comme les cancers solides, les hémopathies malignes dérivent de l’expansion clonale d’une cellule hématologique dans laquelle un ou des événements génétiques anormaux sont survenus. La plupart du temps, la mutation initiale est acquise et touche souvent des gènes clés pour l’hématopoïèse tels que RUNX1, ETV6, CEBPA, GATA2, PAX5… Récemment, il a été montré que ces mêmes gènes peuvent, dans de rares cas, être mutés de façon germinale. Dans ce cas, la mutation est donc transmise par les parents et touche toutes les cellules de l’individu atteint : on parle de prédisposition héréditaire (Dupriez et al., 2018). Il existe deux grands types de prédisposition génétique. La première à déterminisme monogénique, est liée à une mutation germinale unique transmise de façon mendélienne. Cette mutation est de faible fréquence dans la population générale, mais a une forte pénétrance. La 6 deuxième à déterminisme complexe, est liée à un ensemble de variants mutationnels très peu délétères individuellement. Ces variants sont de faible pénétrance, mais ont une haute fréquence dans la population (Dupriez et al., 2018). Les syndromes de prédisposition héréditaire aux hémopathies malignes (SPHHM) sont à ce jour et pour la plupart, à déterminisme monogénique. Ils prédisposent essentiellement aux hémopathies myéloïdes. Néanmoins, des mutations germinales au sein des gènes TP53, PAX5, ETV6 ont également été associées au développement d’hémopathies lymphoïdes (Dupriez et al., 2018).