EVALUATION DE POLLUTION DES EAUX USEES
Aspects physico-chimiques
Les principaux paramètres d’intérêt dans le bon fonctionnement d’une station d’épuration biologique sont: la température, le pH, les MES, la DCO et la DB05 . La température et le pH influencent la multiplication des bactéries. Un excès de matières en suspension peut être à l’origine du colmatage du système de prétraitement. Aussi, des eaux résiduaires trop chargées en matières organiques seront incomplètement épurées, car nécessitant une activité microbienne plus intense. De nos résultats, il ressort que les valeurs moyennes de la température, du pH, des MES, de la DCO et de la DB05 des eaux usées brutes sont respectivement de 29,2°C; 7,7; 699 mg/l; 1688 mg/l et 950 mg/l. Les valeurs de la température, du pH et de la DCO sont conformes aux normes sénégalaises sur les rejets d’eaux usées, lesquelles normes préconisent une température de 30°C, un pH compris entre 6 et 9 puis une DCO de 2000 mg/l. Par contre les matières en suspension et la DB05 présentent des valeurs supérieures à celles recommandées par les mêmes nonnes (respectivement de 600 mg/l et 800 mg/l). Ces valeurs de la DCO, de la DB05 et des matières en suspension obtenues lors de nos travaux sont nettement supérieures à celles rapportées par DIALLO [9] sur des effluents urbains à Niamey, indiquant des valeurs de 26,8 mg/l ; 630 mg/l et 205 mg/l respectivement pour les MES, la DCO et la DB05 .Il est à signaler par contre que le pH de 11,7 mentionné par l’auteur sur les mêmes effluents à Niamey est très élevé par rapport à celui que nous avons trouvé. Ces différences pourraient trouver leur justification dans le fait que la pollution physico-chimique est liée essentiellement à l’usage qui est fait de l’eau, donc de son origine. Le rapport DCO/DB05 (l,77) indique que les matières organiques contenues dans les eaux usées brutes sont en grande partie biodégradables. Ce rapport montre également que ces eaux résiduaires sont facilement traitables biologiquement. L’oxygène nécessaire à un bon abattement de la pollution biodégradable étant fourni par les aérateurs de surface, on pourrait dire que les caractéristiques physico-chimiques des eaux usées brutes traitées à la station de Cambérène ne compromettent pas le bon fonctionnement de la boue activée. Les valeurs moyennes des MES, DCO et DB05 enregistrées au niveau des eaux épurées permettent d’apprécier les performances épuratoires de la boue activée. En effet, des abattements de 98%, 94,6% et 95°/o sont respectivement 21 observés pour les MES, la DCO et la DB05. Ceci traduit le bon fonctionnement d’une part du système de prétraitement ( dessablage, dé grillage, dégraissage) et du bassin d’aération d’autre part. Toutefois, il est à remarquer que l’élimination de la pollution carbonée reste incomplète. Ceci peut être lié à la présence de matières organiques non biodé!:,>radables ou à un défaut d’oxygénation des aérateurs. Néanmoins, dans les eaux épurées les valeurs de DCO et DB05 restent conformes aux normes sénégalaises sur les rejets en milieux naturels qui indiquent des valeurs respectives de 200 mg/l et 50 mg/l. Cette conforrnité est aussi observée pour les MES dont les valeurs recommandées sont de 40 mg/1. Nous constatons que les eaux épurées présentent des caractéristiques physico-chimiques satisfaisantes et peuvent être rejetées dans le milieu naturel sans une grande nuisance environnementale. Cependant, un effort supplémentaire reste encore nécessaire au niveau de la filière biologique pour un abattement plus poussé de la pollution carbonée, ceci en réglant régulièrement les aérateurs par exemple.
Aspect bactériologique
Les eaux usées brutes analysées sont fortement chargées en colifonnes avec une concentration de 108 CF Il OO ml. Cette charge bactérienne est proche de celle rapportée par AYRES et al., [3] qui est de 107 à 109 CF/100 ml. Toutefois, les perfonnances épuratoires de la boue activée conduisent à des concentrations bactériennes plus faibles dans les eaux clarifiées. Ainsi, la charge des eaux épurées en coliformes est conforme aux normes sénégalaises sur les rejets en milieux naturels (2000 CF/ 1 OO ml).
Aspects parasitologiques
De nos résultats, il ressort que la concentration moyell1e en œufs d’helminthes est de 180 œufs/l. Ceci révèle que les eaux usées brutes sont très chargées. Ces œufs proviennent essentiellement des matières fécales de l’homme et des animaux. Ainsi, cette forte concentration en œufs traduit le taux d’infestation de la population humaine et animale des quartiers desservis par le réseau d’égout. Cette charge en œufs d’helminthes est supé1ieure à celles rapportées par ASMAMA [2] et KARAMOKO [15] sur les eaux usées au Maroc qui sont respectivement de 7 ,5 6 et 14, 4 œufs Il. Cette valeur est par contre proche des concentrations trouvées par AYRES et al., cités par ASMAMA [2] dans les eaux usées au Kenya et au Brésil qui sont respectivement de 158 et 184 œufs/1. Il faut cependant signaler que la concentration en œufs d’helminthes dans les eaux usées est très variable et subordonnée aux conditions sociales, économiques, sanitaires et climatiques. 22 Les différents genres rencontrés dans les eaux usées pourraient traduire le polyparasitisme qui sévit dans la zone concernée. 1 OOo/o des échantillons composites sont positifs. Le genre Ascaris est le plus rencontré avec une fréquence de 60%, ensuite vient le genre SLrongyloïdes (25o/o). Les genres Enterobius et Trichuris sont observés dans des proportions plus faibles. L’observation des genres Ankylostoma et Hymenolepis s’est faite seulement dans 1,7% pour chaque cas. Cette répartition montre une prédominance des œufs de nématodes (98,3%), preuve de leur transmission facile et de leur pouvoir de contamination élevé. Cette prédominance des œufs de nématode a été également signalée par DSSOULI et al., [12] d’une part et KHALLAA YOUNE [171 d’autre part. Les œufs de cestodes par contre ne représentent que 1, 7 %. Quant aux trématodes, leurs œufs ne sont pas rencontrés. L’absence des œufs de trématodes serait liée à la densité de ces œufs, ce qui traduit les performances modestes de la méthode d’ARTHER et al., pour les œufs de cette classe. L’analyse des variations de la charge parasitaire des eaux résiduaires au cours de la journée révèle une étToite corrélation entre la concentration des œufs d’helminthes et le degré des activités humaines. Ainsi, les faibles concentrations coïncident avec les moments de repos pendant la nuit (lh à 5h) avec une concentration moyenne de 7 œufs/l. Cette charge parasitaire est en moyenne de 60 œufs/l pendant les périodes d’activités (7h à 23h). Il est à remarquer aussi que dans la jow·née, les plus importantes charges parasitaires sont observées aux moments des toilettes corporelles au domicile, le matin de 7h à 11 h et le soir entre l 7h et 21 h. Cette va1iation de la concentration. des œufs d’helminthes pendant la journée pennet de détenniner le moment pendant lequel la charge parasitaire atteint son pic (llh). Ce moment a été pris comme repère pour les autres prélèvements effectués afin d’étudier les variations dans la semaine des charges parasitaires. IL faut signaler que le drainage des eaux usées de leur site de production à la station d’épuration dure en moyem1e 3 h. le taux d’échantillons positifs (83 o/o) traduit la quasi-présence d’ œufs d’helminthes dans les eaux usées quelle que soit l’heure de !ajournée