Particularités de l’espèce Euphorbia stenoclada
Abondance dans la zone d’étude Les résultats ont montré une densité moyenne d’Euphorbia stenoclada de 427 individus par hectare, qui est inférieure (5ind/100 m2 soit 500ind/ha) à celle trouvée par Rabesandratana en 1999 dans les zones littorales aux environ de Tuléar. Cette différence peut être expliquée par le laps de temps où la pression anthropique étant encore faible en 1999 et/ou la différence des conditions édaphiques et microclimatiques. Cette densité est très élevée comparée à d’autres espèces fourragères ligneuses d’Euphorbe, comme Bridelia ferrugineane au Tchad avec 19 ind/ha (Béchir et Kabore-Zoungrana, 2012). E. stenoclada est trois fois plus dense par rapport à Zizuphis spina-christii (140 ind/ha) qui est aussi une espèce fourragère arbustive très appréciée par les animaux dans cette zone (Rabeniala et al., 2009). Comme E. stenoclada est à la fois psammophile et héliophile, dans le fourré littoral, la densité est maximale (522 ind/ha) entre 1000 et 1500 m de la mer vers la terre. Le taux de salinité du sable blanc du littoral est favorable à la croissance et le développement de l’espèce car sa densité est de 50 ind/ha dans le sable roux (Rabeniala et al en 2009. La densité d’E. stenoclada diminue également suivant le gradient altitudinal (Thomasson, 1972).
Variation du stock de biomasse de la population en fonction des récoltes
La production moyenne de biomasse sèche comestible d’E. stenoclada est estimée à 0,97t/ha. Elle est de 1,03t/ha pour les individus de plus de 2,4 m de haut. Cette valeur est inférieure à celle trouvée par Rabesandratana (1999) à Tuléar. Cette différence peut être due, à la coupe excessive, et à la faible densité des individus matures de la zone d’étude. La réponse des plantes pour compenser la perte en biomasses varie en fonction de l’âge. Les individus matures intensifient la multiplication végétative, alors que les individus jeunes consacrent leur énergie en produisant des branches (Antsonantenainarivony, 2010). Les résultats confirment que la compensation de la perte de biomasse récoltée dépend de l’aptitude des tissus restants à maintenir un taux de croissance élevé (Oesterheld, 1992). En effet, la récolte favoriserait la production de biomasse chez les individus jeunes et stimule la reproduction de rejet chez les individus matures. La diminution graduelle de la biomasse en s’éloignant du village vers la mer pourrait être due à l’augmentation du taux de salinité du substrat qui s’élève en s’approchant de la mer. Le résultat corrobore à celui de LY et al. (2014) qui ont découvert que la salinité diminue considérablement la production de biomasse sèche de Jatropha curcas (Euphorbiaceae) qui est de la même famille qu’Euphorbia stenoclada. En effet, la production de biomasse d’ E. stenoclada est affectée par la salinité. De plus, la hausse de biomasse proche du village est due au système de récolte sélective adopté par les éleveurs dans le fourré à E. stenoclada aux alentours du village.
Remarques sur la multiplication de l’espèce
Reproduction sexuée par graine
Les semis d’Euphorbia stenoclada germés sont attaqués par des prédateurs granivores comme les termites. Les résultats confirment ceux de plusieurs auteurs qui stipulent que la plupart des graines végétales sont attaquées par les prédateurs granivores (Asquith et al., 1997; Guariguata et al., 2000). De plus, le fourré à Euphorbia stenoclada est un lieu de pâturage et les jeunes plantules sont exposées aux différents problèmes comme le piétinement des zébus et le broutage des petits ruminants (chèvres et moutons). Thomasson, (1992) a ajouté qu’au cours de la phase de croissance d’Euphorbia stenoclada, le piétinement du bétail est un des responsables du faible taux de survie des plantules. L’irrégularité de la densité des individus suivant la classe de diamètres est expliquée par plusieurs facteurs comme la perturbation du processus de régénération, le broutage, le piétinement et les activités anthropiques. La faible représentation de classe de diamètre inférieure à 10 cm est due au faible taux de germination dans la nature.
Multiplication par rejet de souche
La possibilité de rejeter des souches est deux fois plus élevée pour les plantes mères mortes par rapport à celle des plantes mères vivantes. Cette différence est attribuée aux stratégies des plantes à gérer les énergies qu’elles fournissent. Chez les plantes mères mortes dont les racines sont encore fonctionnelles, elles ont dépensé leurs éléments nutritifs et de l’eau pour former un ou plusieurs rejets. Les organes responsables de la formation de rejet sont les bourgeons dormants au niveau du collet de l’arbre (Wilson, 1986). Le développement de ce rejet est inhibé par la dominance apicale (Aymard et Fredon, 1986). Plusieurs facteurs déclenchent la formation des bourgeons, par exemple, les températures élevées (Bazzaz et al. 1987; Del Tredici, 2001), la récolte abusive, la coupe(Harrington, 1984). C’est aussi le cas d’E. stenoclada car la température chaude et la récolte abusive déclenche la formation des bourgeons. Quand la récolte est en excès et que les branches restantes n’arrivent pas à couvrir les besoins pour la photosynthèse, la plante favorise la formation de rejet. La formation de rejet est optimale pour l’individu ayant un diamètre environ de 10 cm. Les résultats rejoignent ceux de Paciorek et al., (2000) qui ont montré que la formation de rejets favorise la survie de la plante souche dans des conditions de stress.