Les usages et la disponibilité des ressources eau de surface
L’eau pour la riziculture
La disponibilité des eaux pour l’irrigation des rizières dans le bassin versant de la Mandaratsy est fortement conditionnée par la position par rapport au barrage d’Antarambiby. On peut bien illustrer la disparité entre les bas-fonds en amont du barrage et ceux en aval. VII.1.1. En amont du barrage d’Antarambiby La partie du bassin versant de la Mandaratsy située en amont du barrage équivaut à 1907 ha et comprend les hameaux d’Ankazomiranga, de Tsianesena, d’Analaidirana et d’Andranovoritay. L’aménagement des canaux de captages et du lac de retenue d’eau d’Antarambiby rend cette zone mieux arrosée. Mais bien qu’elle soit mieux arrosée, cette partie du bassin versant est marquée par un conflit d’usage des ressources en eau : la JIRAMA veut limiter l’augmentation de la superficie cultivée et éviter le déversement de l’eau des canaux de captages vers les rizières, afin de préserver la quantité et la qualité de l’eau qu’elle exploite. D’un autre coté, la population locale a besoin d’augmenter la surface à cultiver pour subvenir à leurs besoins vitaux qu’ils ne peuvent pas encore régler autrement. A ces contraintes sur l’agriculture s’ajoute l’interdiction d’utiliser des engrais, pour prévenir la dégradation en qualité de la ressource en eau prélevée par la JIRAMA. Ce qui limite la fertilité des terrains de culture et ainsi les rendements agricoles. Une autre forme de conflit entre la JIRAMA et la population locale est le déversement de l’eau des canaux de captages vers les parcelles de rizières. Ce déversement se fait souvent en période d’étiage et accentue la baisse de la quantité d’eau captée au niveau du lac de retenue d’Antarambiby en fin d’étiage (photo 8 et photo 9 ; cf figure 3). D’un point de vue écologique, l’aménagement des marécages en rizières qui ne cessent d’augmenter en superficie pourrait entraîner un assèchement du « bassin hydrologique » et conduit à la diminution en quantité des ressources en eau captées au niveau du lac de retenue. La superficie des rizières en amont du barrage d’Antarambiby a passé de 60 ha en 2009 à 91 ha en 2016, soit à un rythme de 4,43 ha/an de nouvelles rizières aménagées. Aujourd’hui il y reste environ 80 ha de marais non aménagés en rizières (Sources : enquêtes JIRAMA & Google Earth). Bien que cela ait un impact, l’effet des rizières sur la diminution des ressources en eau superficielles reste marginal pour le bassin versant amont de la Mandaratsy si l’on compare avec les variations engendrées par la variabilité de la pluviométrie. Le sol stocke suffisamment d’eau pour toute l’année et on ne peut pas remarquer une diminution interannuelle des ressources en eau captées au niveau du lac de retenue dans l’échelle de moins d’une décennie (cf. courbe en Annexe III).
En aval du barrage d’Antarambiby
La partie du bassin versant en aval du barrage d’Antarambiby couvre environ 2335 ha et comprend plusieurs hameaux qui se concentrent surtout autour de la plaine de la Matsiatra à l’ouest de Mahasoabe. Cette zone est marquée par une insuffisance saisonnière d’eau d’irrigation qui affecte surtout la riziculture. D’après les enquêtes effectuées à Ankazomiranga et à Ambalamindramena, le rehaussement du barrage d’Antarambiby en 2007 a surtout affecté une grande partie des rizières qui ne sont plus accessibles à l’eau. Ces rizières ne sont plus mises en valeur (photo 10). Une autre partie des rizières est encore saisonnièrement arrosée mais pour pouvoir commencer à cultiver, les paysans sont contraints à attendre que les pluies soient suffisamment abondantes pour que l’eau déversée du barrage soit suffisante et continue. Ce problème de disponibilité d’eau entraîne un retard dans le calendrier agricole et une baisse des rendements. En début de novembre ils ne peuvent pas encore cultiver malgré les pluies qui tombent, car la hauteur d’eau dans le barrage n’est pas encore suffisante et la disponibilité en eau est encore discontinue. Alors qu’en amont du barrage, on commence à cultiver en mois d’octobre. Le problème touche 700 ha sur les 1000 ha environ de rizières, où la deuxième saison agricole n’est plus possible à cause de l’insuffisance d’eau de surface. D’ailleurs, une des conséquences est l’existence de paysans des terroirs en aval du barrage d’Antarambiby qui essayent d’occuper de rizières les marécages situés en amont du barrage de retenue pour subvenir à leurs besoins vitaux. 47 Photo 8: Déversement de l’eau d’un canal de captage vers une parcelle de rizière. Cliché de l’auteur (10/11/2016) Photo 9: Tarissement du lac de retenue d’Antarambiby en étiage (octobre 2017). Cliché de l’auteur (19/10/2017) 48 Croquis 8: Répartition des rizières et marécages dans le bassin versant de la Mandaratsy. Une grande superfcie de rizières (en rouge sur le croquis) ont plusieurs mois de retard dans le calendrier agricole, certaines ne sont plus mises en valeur au moins pendant une saison agricole. La raison est l’insufsance d’eau d’irrigation en provenance de la rivière Mandaratsy pendant la plupart des mois dans l’année.
L’eau pour l’usage domestique
L’eau à usage domestique, souvent en provenance de sources, est continuellement suffisante. Et ce malgré la quantité qui diminue en fin d’étiage pour certaines années, à cause de l’épuisement de la réserve d’eau dans le sol. La disponibilité de l’eau des sources est majoritairement caractérisée par son emplacement par rapport au village. (Source : enquêtes lors du terrain) D’un point de vue emplacement, l’accès aux sources est généralement non difficile pour la population, d’après leur propre affirmation. L’analyse des données dans un SIG permet d’estimer que la distance moyenne d’un ménage à la source la plus proche étant 186 m pour les hameaux d’Ankazomiranga, d’Andranolambo et d’Analaidirana (tableau 7). Pourtant, cette distance est accentuée par la dénivellation puisque dans certains cas, la dénivellation à parcourir entre le village et la source importe beaucoup sur la distance.