Le Développement Financier Et La Croissance Economique
L’importance du secteur financier dans le processus de croissance économique n’est pas une idée récente. Elle a été soulevée dés 1912 par schumpeter qui a souligné le rôle des banques comme source de fonds pour financer les innovations technologiques. Bien que quelques études aient été faites sur ce sujet au cours des années 50 et 60, comme Gurley(1955), Goldsmith (1969) c’est surtout à patir des années 70 que les économistes ont analysés la contribution de l’activité fianaciére sur la croissance économique aprés la publication des travaux de Mckinnon (1973) et Shaw (1973) sur la libéralisation financiére. La théorie qui existait à cet époque n’as permis d’intégrer le facteur financier dans les modèles de croissance. Le développement de la théorie de la croissance endogéne au cours des années 80 a permis de monter que la croissance peut être influencée par différents facteurs comme le facteur financier. Cette section s’articule comme suit : premièrement, nous présentons les modèles de Rebelo (1991) et Pagano (1993) concernant la croissance endogène et les systèmes financiers, après nous montrons comment le système financier peut affecter la croissance économique dans le cadre d’un modèle de croissance endogène. Secondement, afin d’explorer les mécanismes du système financier, nous concentrons sur les différentes fonctions financières sur la croissance économique. Troisièmement, nous allons faire une revue théorique et empirique en identifiant les différentes relations existées entre le développement financier et la croissance économique.
La Croissance Endogène Et Les Systèmes Financiers
La théorie de la croissance endogène ou moderne fait valoir que les intermédiaires financiers et les marchés de valeurs mobilières permettent aux entreprises et aux investisseurs d’entreprendre des activités novatrices qui affectent la croissance économique. La relation entre le développement financier et la croissance à long terme reçoit de nouvelles impulsions de la littérature sur la croissance endogène. Une branche de ce flux a commencé à se concentrer sur la question de savoir si les conditions financières pourraient expliquer une croissance soutenue du PIB par habitant. L’argument central est que le Le Développement Financier Et La Croissance Economique 57 financement génère un effet externe sur l’efficacité de l’investissement global, ce qui compense la diminution du produit marginal du capital.1 Certaines études considèrent le rôle exclusivement des marchés boursiers. (Eschenbach, 2004) Greenwood & Jovanovic(1990) ont développé un modèle dans lequel l’intermédiation financière et la croissance étaient à la fois endogènes. Ils ont supposé qu’il existait une relation de causalité bidirectionnelle positive entre le développement financier et la croissance économique. D’une part, ils soutiennent que les institutions financières collectent et analysent l’information afin de trouver les perspectives d’investissement avec le meilleur rendement possible, ce qui augmente l’efficacité de l’investissement et de la croissance. D’autre part, ils ont soutenu que l’effet de l’intermédiaire financier est double : le revenu que reçoivent les personnes n’est pas seulement le plus important, mais aussi le moins risqué, parce que le système financier est en mesure d’assurer les investisseurs contre le risque des particuliers. Dans le même contexte, Levine & King (1993) ont développé un modèle Schumpetérien de progrès technologique similaires Romer (1990), avec des inventions de réduction des coûts de l’application d’un produit intermédiaire. Les intermédiaires financiers et les marchés des valeurs mobilières permettent à certains entrepreneurs d’entreprendre des activités inventives, ce qui affecte la croissance économique à travers l’amélioration de la productivité.
Présentation Du Modèle De Rebelo (1991) Et Pagano (1993)
Le modèle de croissance endogène implique une relation positive entre le ratio d’investissement et la croissance économique, car le capital d’investissement ne peut pas souffrir d’un taux de rendement décroissant. Rebelo (1991) identifie le modèle de croissance endogène le plus simple 𝑌 = 𝐴𝑘, suppose un seul facteur de production, le capital 𝑘 ,dont l’évolution est décrite par :2 𝐾𝑡+1 = 𝐼𝑡 + (1 − 𝛿)𝐾𝑡 Avec 𝐼 : l’investissement et 𝛿 : le taux de dépréciation du capital. 1 Anjan V., Thakur Stuart I & Green Baum (2007), op, cit. p 3 2 Rebelo Sergio T. (1991), “Long-Run Policy Analysis and Long-Run Growth”, Journal of Political Economy, 99(3), pp.301-302 58 Seule la fraction φ de l’épargne (𝑆) est consacrée à l’investissement, la partie complémentaire (1 − ∅) étant perdue dans les transactions. D’où : 𝐼𝑡 = ∅𝑆 Selon Pagano, il peut y avoir une croissance autonome sans progrès technique exogène, et les préférences, la technologie, la répartition du revenu et les arrangements institutionnels pourraient déterminer le taux de croissance1 . Pagano (1993) considère le modèle AK comme un modèle de croissance endogène par lequel on peut expliquer les effets potentiels du développement financier sur la croissance. Le modèle AK où la production globale est une fonction linéaire du stock de capital global : 2 𝑌𝑡 = 𝐴𝐾𝑡 (1) Cette fonction de production peut être considérée comme une forme réduite résultant de l’un des deux cadres de bases. L’une est une économie concurrentielle avec des économies externes comme dans Romer (1989). Où chaque entreprise fait face à une technologie avec des rendements constants à l’échelle, mais la productivité est une fonction croissante du stock de capital agrégé 𝐾𝑡 . Par exemple, considérons une économie avec N entreprises identiques, chacun est produisant 𝑌𝑡 = 𝐵𝐾𝑡 𝛼 Avec son stock de capital 𝐾𝑡 . Supposons que 𝐵 est considérée comme un paramètre par les entreprises individuelles, mais répond effectivement au stock de capital moyen selon 𝐵 = 𝐴𝐾𝑡 1−𝛼 . Ensuite, la production globale, 𝑌𝑡 = 𝑁𝑦𝑡 est donné par (1). Alternativement, le modèle AK peut être dérivé en supposant que K est un composé de capital physique et humain. Pagano suppose que la population est stationnaire et que l’économie produit un bien unique qui peut être investi ou consommé. Et s’il est investi, il se déprécie au taux de 6 par période. Alors, l’investissement brut est égal à : 𝐼𝑡 = 𝐾𝑡+1 − (1 − 𝛿) (2) 1 Hatra Voghouei, M. Azali, and Mohammad Ali Jamali (2011), op.cit, p 4 2 Pagano M. (1993),op.cit, p 4 59 Dans une économie fermée sans gouvernement, l’équilibre du marché des capitaux exige que l’épargne brute S, égale à l’investissement brut I. Pour des raisons qui seront précisées cidessous, il est commode de supposer qu’une proportion (1 − ∅) du flux d’épargne est perdue dans le processus d’intermédiation financière. ∅𝑆𝑡 = 𝐼𝑡 (3) De (1), le taux de croissance au temps t+1, est 𝑔𝑡+1 = 𝑌𝑡+1⁄𝑌 − 1 = 𝐾𝑡+1⁄𝐾𝑡−1. En utilisant l’équation (2) et la baisse des indices de temps, le taux de croissance à l’état stable peut être écrit comme : 𝑔 = 𝐴 𝐼 𝑌 − 𝛿 = 𝐴∅𝑆 − 𝛿 (4) Où dans la deuxième étape, en utilisant la condition d’équilibre du marché des capitaux (3), et le taux d’épargne brute 𝑆⁄𝑌 par 𝑆. Equation (4) révèle succinctement comment le développement financier peut affecter la croissance ; il peut soulever ∅, la proportion de l’épargne canalisée à l’investissement. Elle peut augmenter la productivité sociale marginale du capital 𝐴, et elle peut influencer le taux de l’épargne privé 𝑆 .
Les canaux de transmission entre le développement financier et la croissance économique
Dans le cadre des modèles théoriques de croissance endogène, pagano(1993) identifie trois principaux canaux par lesquels le développement financier affecte la croissance économique : canalisation des épargnes vers l’investissement, effet sur le taux d’épargne et l’amélioration de l’affectation des ressources
Canalisation Des Epargnes Vers Les Investissements
Le premier canal par lequel le développement financier peut affecter la croissance est l’efficacité de l’intermédiation, c’est-à-dire la transformation de l’épargne en investissement. Pagano (1993) fait remarquer qu’une amélioration de l’intermédiation financière accroît la fraction de l’épargne consacrée aux investissements, réduit les pertes d’intermédiation et affecte positivement la croissance. Toutefois, Pagano reste peu explicite sur le contenu théorique du 60 taux d’intermédiation financière. Cette efficacité financière de Pagano (1993) a été désintégrée en trois composantes : l’efficacité dans l’allocation de l’épargne aux entreprises, l’efficacité dans la mobilisation de l’épargne des ménages, et l’efficacité dans la transformation des ressources en investissement par les entreprises. Pagano (1993) concerne le processus de transformation de l’épargne en investissement, il implique que les intermédiaires financiers absorbent des ressources, de sorte qu’un dollar économisé par les ménages génère moins d’un dollar la valeur de l’investissement, (La fraction ∅, dans l’équation (3)). La fraction restante 1 − ∅ , dirige vers les banques comme l’écart entre les taux de prêt et d’emprunt, et aux courtiers en valeurs mobilières et les courtiers en tant que commissions, frais et autres. Cette absorption des ressources par le secteur financier est principalement une récompense pour les services fournis, mais il peut aussi refléter l’inefficacité des intermédiaires financiers et de leur pouvoir de marché.1 Comme Roubini & Sala-i-Martin (1991, 1992) signalent leur activité est souvent soumise à des impôts (sous forme de réserves obligatoires, de taxes de transaction, etc.) et de réglementations restrictives, ce qui se traduit par des marges unitaires plus élevées. Si le développement financier réduit cette fuite de ressources, il augmente également le taux de croissance g.
Effet Sur Le Taux D’épargne
Les effets favorables du secteur financier sur la croissance ne reposent pas nécessairement sur une hausse induite du taux d’épargne. D’ailleurs le développement du secteur financier exerce des effets ambigus sur le taux d’épargne. Dans certains cas, il peut conduire à une réduction du taux d’épargne et donc du taux de croissance.2 Dans ce contexte pagano Le développement financier peut affecter la croissance par la diversification ou la réduction du risque. Par exemple, à l’aide d’une modélisation à générations imbriquées3 , Bencivenga et Smith (1991), et Levine (1991) proposent que les intermédiaires financiers permettent de modifier la composition des portefeuilles en réduisant la fraction de l’épargne consacrée aux actifs liquides improductifs. Ce qui entraîne l’accroissement des investissements productifs, évite le retrait prématuré du capital de la sphère de production, et améliore la croissance économique. D’après, Greenwood et Jovanovic (1990), le rôle des intermédiaires financiers dans l’économie permet un meilleur partage de l’information et une diversification du risque. p Pagano (1993) implique que les marchés financiers permettent aux gens de partager à la fois les risques de dotation (tels que les dangers pour la santé) et le risque de taux de rendement (comme celui dû à la volatilité des rendements des actions). Pagano considère que dans économie où ces marchés viennent d’être introduits, les résultats seront bien connus que les consommateurs économiseront moins si leur fonction d’utilité a une troisième dérivée positive; une condition qui est satisfaite pour les fonctions d’utilité avec l’aversion pour le risque relative constante: l’introduction du marché de l’assurance réduit le besoin d’économie de précaution.