La théorie bancaire
Crédits bancaires à l’économie et création de monnaie
Les crédits bancaires à l’économie en Algérie représentaient, fin 2016, 88,07 % du total des contreparties de la masse monétaire. Leur importance est d’autant plus grande que c’est sur cette contrepartie que les autorités monétaires peuvent le mieux exercer leur contrôle. Les opérations avec l’extérieur dont les mouvements sont difficiles à maîtriser et les créances sur le Trésor Public qui dépendent, en fait, des caractéristiques du budget de l’État et de ses modalités de financement échappent, en effet, en grande partie, à l’emprise de la Banque Centrale et sont donc considérées par elle comme des variables « exogènes ».
Crédits et création de monnaie
Les opérations des banques commerciales avec leur clientèle130 L’activité essentielle des banques est d’octroyer du crédit, c’est leur out put essentiel source de profit. En conséquence, elles ont non seulement la volonté de satisfaire toute demande de crédit de leurs clients, à l’exception de ceux dont la solvabilité semble trop douteuse, mais encore elles essayent de canaliser vers elles tous les besoins de financement des agents économiques, notamment en différenciant les crédits afin de mieux répondre à chaque type de besoin de financement. Cette attitude entraîne un accroissement continu des encours de crédit et, par voie de conséquence, une croissance également continue de la masse monétaire. A. L’adaptation du crédit bancaire à chaque type de besoin de financement Les banques ont, en premier lieu, développé leurs techniques de crédit pour répondre aux besoins des entreprises d’une part, en matière d’investissement, d’autre part en matière d’exploitation. Par la suite elles se sont de plus en plus intéressées au financement des ménages. 1. Le financement des Investissements des E.N.F., notamment en capital fixe (équipements) Le financement des investissements des entreprises, notamment les équipements et le stockoutils, devrait être assuré par un recours à l’épargne, c’est- à-dire soit aux fonds propres de l’entreprise (autofinancement et émission d’actions), soit à des fonds empruntés à long terme 130 Monique Béziade, La monnaie, Ed MASSON, 1979, PP 142-147. La théorie bancaire Revue de littérature 86 directement aux épargnants (émission d’obligations) ou indirectement après transformation (crédits sur ressources d’épargne des intermédiaires financiers). Traditionnellement les banques, sauf les banques d’affaires, ne pratiquaient pas le financement des équipements qui leur aurait fait courir un risque d’illiquidité. La situation a changé depuis la seconde guerre mondiale du fait de l’extension de ce type de besoins liée à la reconstruction, puis à la croissance et à la modernisation, enfin aux impératifs de la compétitivité internationale. L’ensemble des banques s’est alors engagée, avec le soutien de la Banque Centrale, dans ce type de financement et ceci de plus en plus largement. Deux techniques de crédit sont utilisées : les crédits d’équipement proprement dits et les ventes à tempérament. a) Les crédits bancaires d’équipement Sont des crédits à moyen terme de 2 à 7 ans et, pour un pourcentage plus faible, de crédits à court terme inférieurs à deux ans ou, au contraire, de crédits longs au-delà de sept ans. Crédits à moyen terme mobilisables: les banques commerciales sont au point de départ de l’opération de crédit. Elles étudient le dossier de demande de crédit et le soumettent pour accord à un organisme spécialisé du secteur para-public qui mobilisera en premier le crédit. Cette obligation de passage par un organisme spécialisé a un double but: – Retarder autant que possible son refinancement par la Banque Centrale, – Contrôler l’utilité du crédit au point de vue économique général. La Banque Centrale est le ré-escompteur en dernier ressort et doit également donner son accord. Crédits à court terme: Ce sont des crédits inférieurs à deux ans, accordés aux entreprises industrielles, commerciales et artisanales pour financer des travaux d’installation de matériel, de construction et d’aménagements industriels et commerciaux. Crédits à moyen et long terme non mobilisables: Pour un pourcentage de plus en plus important, des crédits de 2 à 7 ans et de 7 à 20 ans non re-finançables à la Banque Centrale sont accordés aux entreprises industrielles, commerciales et artisanales. Ces crédits, bien qu’ils fassent courir aux banques un risque d’illiquidité, sont en forte croissance en pourcentage du total des emplois sur ressources monétaires. Revue de littérature 87 b) Les ventes à tempérament de matériel: sont des prêts dont le remboursement a lieu généralement par échéances mensuelles et qui sont garantis par la possibilité, pour le prêteur, de récupérer éventuellement le bien financé (Technique du gage). Cette technique, bien connue en matière de crédits aux ménages, est ici appliquée aux entreprises pour financer leurs achats d’équipement: machines, cars et camions, voitures professionnelles, bateaux, avions, caravanes d’habitation utilisées sur les chantiers de travaux publics.
Le financement des besoins d’exploitation des entreprises
Les entreprises financent par le crédit bancaire la fraction de leurs besoins courants de fonds à laquelle elles ne peuvent affecter des ressources permanentes (fonds propres ou emprunts sur le marché financier). Ces besoins de fonds naissent des décalages qui se produisent entre les sorties entraînées par les dépenses d’exploitation et les rentrées correspondant aux recettes d’exploitation. Deux techniques de crédit sont utilisées: la mobilisation des créances commerciales et les crédits de trésorerie. a) La mobilisation des créances commerciales: consiste à échanger contre de la monnaie les créances commerciales que les entreprises possèdent sur leurs clients. La technique la plus ancienne est l’escompte, à laquelle on cherche actuellement à substituer des techniques moins coûteuses, notamment en frais de personnel. L’escompte des effets commerciaux: Cette opération peut être définie comme l’achat au comptant d’une créance à terme représentée, soit par un billet à ordre, soit plus couramment par une traite. La banque prend un risque d’illiquidité, mais le risque d’insolvabilité reste à la charge de l’entreprise qui a consenti un crédit à son client. La banque, en effet, ira encaisser l’effet au terme de la créance mais si le débiteur est insolvable, elle se retournera contre le créancier et tous les porteurs successifs de l’effet. La procédure de l’escompte est coûteuse pour les banques. La manipulation et la vérification des effets occupent 15 % du personnel bancaire; les encaissements sont un véritable service supplémentaire. Le Crédit de Mobilisation des créances commerciales: Le C.M.C.C est un crédit accordé sur créances commerciales, mais dans lequel la banque mobilisatrice ne manipule plus les effets.