LA MATERNELLE, UNE INSTITUTION DATÉE DE PLUS DEUX SIÈCLES

LA MATERNELLE, UNE INSTITUTION DATÉE DE PLUS DEUX SIÈCLES

LES ORIGINES 

La création des salles d’asile Inspiré des écoles enfantines anglaises (Infant schools), un comité de Dames charitables présidé par Mme de Pastoret et subventionné par le Conseil général des Hospices de Paris ouvre la première salle d’asile en 1826. Elle avait pour mission première d’accueillir et de prêter assistance aux enfants des classes populaires, âgés de 2 à 7 ans, en l’absence de leurs parents partis travailler (Luc 1982). Reconnue d’utilité publique, cette initiative a été très vite suivie par beaucoup d’autres. On assiste alors à l’institutionnalisation de la salle d’asile. En effet, en 1828 Denis Cochin fonde une salle d’asile modèle destinée à tester et définir la méthode à suivre pour s’occuper de la petite enfance. Il y est annexé un cours normal visant à former le personnel enseignant à la méthode dite de la salle d’asile. Ce cours est dirigé par Mme Millet, qui a étudié la méthode de Buchanan en Angleterre, de 1828 à 1838. Mais, celle-ci décide d’infléchir quelque peu la méthode anglaise : « J’ai vu en Angleterre, […], donner de graves leçons dans les écoles de la première enfance. J’ai constamment fait mes efforts pour qu’en France l’enseignement des salles d’asile soit substantiel et varié sans être approfondi. »1 . Il s’agit prioritairement de veiller à l’apprentissage de règles hygiéniques et de valeurs morales dès le plus jeune âge. Durant cette période les salles d’asile, dont le financement est exclusivement assuré par les dons, font plus office de maisons de charité que de lieux d’éducation. 1 Propos de Mme Millet cités par F. Buisson dans son dictionnaire électronique à la rubrique « école maternelle ». http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/.

Leur inscription au sein du système général d’instruction

C’est suite à la loi Guizot de 1833 que l’on a commencé à reconnaitre aux salles d’asile une mission éducative à visée morale. En effet, la circulaire de 18362 est un texte qui visait à faire correspondre l’organisation des salles d’asile avec leur inscription au système général de l’instruction promulgué par ladite loi. Rédigé sur un mode impératif « nul enfant ne devra », « il importe que tous les instants soient occupés », « ce qu’il faut avant tout », il énonce les obligations d’une institution ayant tendance à se présenter plus comme une maison d’hospitalité qu’un lieu d’éducation. Par sa circulaire, le ministre veut renforcer la fonction éducative de la salle d’asile dont la priorité doit être l’inculcation de règles hygiéniques, de valeurs religieuses et morales dès le plus jeune âge. Néanmoins, cette éducation peut s’articuler à un « modeste enseignement » des premiers éléments de l’instruction. Une ordonnance royale publiée le 22 décembre 18373 fait office de charte des salles d’asile. Elle marque le début de la prise de contrôle des salles d’asile par le ministère de l’instruction publique. L’institution dédiée à la petite enfance y est présentée comme étant l’école la plus élémentaire du système éducatif. A ce titre on doit y enseigner : « les premiers principes de l’instruction religieuse, les notions élémentaires de lecture, d’écriture, du calcul verbal, des chants instructifs et moraux, des travaux d’aiguille et tous les ouvrages de main ». C’est Mme Pape-Carpantier4 qui élabora la méthode à suivre afin de réussir l’enseignement des premières notions des connaissances élémentaires et des premiers principes du bien au sein de cette institution. Pour cela elle a eu recours au procédé de la « leçon de choses » qu’elle présente comme étant : « une méthode qui n’enseigne les règles que par les faits, les préceptes par les œuvres5 ». Cependant, le 5 août 1859 un arrêté relatif au règlement et au régime intérieur des salles d’asile est promulgué suite au constat selon lequel trop de temps est consacré dans ces lieux à un enseignement scolaire non adapté à l’âge et à la destination des élèves, au détriment d’exercices physiques indispensables à leur développement  recommande des enseignements réduits non seulement sur le temps (2 heures le matin et 2 heures l’après-midi) mais aussi en ce qui concerne leurs contenus (suppression de l’enseignement de l’écriture et de la musique, simplification de l’enseignement du calcul par l’usage du boulier-compteur et, on bannit de l’enseignement de l’oral les visées géographique, historique et scientifique). De fait, il s’agit d’une réforme tendant à déscolariser l’enseignement délivré au sein des salles d’asile. Autrement dit, l’objectif visé est le retour à une institution charitable et religieuse dont l’enjeu principal serait l’éducation du peuple. En somme, à l’origine maisons de bienfaisance, les salles d’asile ont été partagées par la suite entre un devoir d’éducation et un désir d’instruction des enfants issus des classes populaires. 

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