LA BUREAUCRATIE MODELE IDEAL D’ORGANISATION OU CONTRAINTE AUX ENTREPRISES
la bureaucratie : modèle idéal d’organisation ou contrainte aux entreprises Le terme de la bureaucratie a d’abord été utilisé dans les sciences sociales, par un sociologue et économiste allemand ʺMax Weberʺ, ensuite ce concept a pris une connotation négative et est devenu un terme péjoratif. L’objectif de ce chapitre est d’analyser d’une part la bureaucratie en tant que forme efficiente d’organisation basée sur la hiérarchie et les règles ; et d’autre part la bureaucratie en tant que complexité administrative et contrainte majeure aux entreprises. La section 1 recense les différentes approches de la bureaucratie comme modèle organisationnel en se focalisant sur l’approche de Weber. La section 2 s’intéresse à l’analyse de la bureaucratie et le pouvoir discrétionnaire des bureaucrates par différentes théories à savoir la théorie des choix publics et la théorie des administrations publiques. La section 3 se consacre à l’analyse de la bureaucratie en tant qu’institution inefficiente à travers la théorie néo-institutionnelle.
L’organisation bureaucratique chez Max Weber
Weber dans sa théorie sur l’organisation bureaucratique, décrit un nouveau modèle d’organisation appelé « Bureaucratie ». Cette nouvelle forme s’est développée dans les pays occidentaux durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Selon Weber, ce nouveau type d’organisation a des caractéristiques différentes des autres modèles, ce qui a fait sa supériorité. Dés lors, l’objet de cette section est d’apporter une explication à l’approche de Weber, de définir les principales caractéristiques de la structure bureaucratique et enfin de citer les différentes critiques adressés à la théorie wébérienne. 1. Les formes de domination chez Weber Weber s’est intéressé au pouvoir et aux formes de domination et a ainsi tiré trois catégories d’organisation différentes fondées sur les sources de légitimité. Domination et pouvoir Le pouvoir chez Weber est dérivé du système de l’autorité. C’est la probabilité qu’un acteur soit en position de force pour réaliser sa volonté et ses intérêts personnels malgré la résistance des autres individus. La domination représente l’institutionnalisation des valeurs et des normes qui régissent et façonnent les comportements économiques, politiques et sociales. Les trois types de systèmes administratifs correspondent à trois types d’autorité qui se distinguent par les croyances et par les systèmes culturels qui permettent la légitimité de l’exercice du pouvoir et de l’autorité (Lounsbury & Carberry, 2005, p. 504).
LA BUREAUCRATIE : MODELE IDEAL D’ORGANISATION OU CONTRAINTE AUX ENTREPRISES
L’autorité charismatique
Définition de l’autorité charismatique Selon Weber, la notion du charisme est principalement relationnelle et émotionnelle en ce qu’elle implique l’attribution par ses disciples ou partisans d’une « qualité extra-quotidienne (…) à un homme (peu importe que cette qualité soit réelle, supposée ou prétendue) ». «L’autorité charismatique est donc une domination(…) exercée sur des hommes, à laquelle les dominés se plient en vertu de la croyance en cette qualité attachée à cette personne en particulier » (Philippon, 2015, p.106). Le charisme a des caractéristiques observables telles l’exceptionnelle intelligence, la sémantique particulière et l’harmonie de la parole et du discours (Mink, 2008, p.141). Dans ce type de domination, la légitimité provient des croyances et des convictions dans les qualités et les compétences supérieures du leader, comme sa capacité à prévoir les événements futurs, son héroïsme, sa force dans les champs de bataille et son pouvoir de persuasion (Lai, 2015, p.43).
Les caractéristiques de l’autorité charismatique
Le leader charismatique propose souvent aux dominés quelque chose de nouveau, d’inhabituel, d’exceptionnel, qui n’a peut être jamais existé auparavant et c’est cette qualité qui lui confère un dévouement personnel de la part des dominés. Les types les plus fréquents de la domination charismatique sont les prophètes, les héros de guerre, et les grands démagogues… Celui qui domine est appelé le chef et celui qui obéit est appelé le disciple. La domination charismatique possède des caractéristiques particulières, nous allons citer les plus importantes. Elle s’est développée dans la communauté chrétienne primitive par Rudolph Sohm (juriste, historien et théologien allemand) dans son droit ecclésiastique. Elle a été surtout présente et adoptée dans les expéditions de chasse et celles de guerre qui nécessitent un leader doté de qualités extra-quotidiennes. Ensuite, elle a marqué les périodes des prophètes et des princes de guerre. Enfin, à travers les siècles cette forme de domination a été adoptée par des hommes politiques comme Hitler et Mussolini. L’administration sous l’autorité charismatique (si nous pouvons appeler cela administration) n’est pas régit par une réglementation, qu’elle soit codifiée ou traditionnelle. Les conflits sont gérés et arbitrés en fonction de la proclamation de la sentence par le leader charismatique et via la reconnaissance de cette même sentence par la communauté du chef. L’autorité charismatique se fonde sur la croyance dans le prophète, la reconnaissance des qualités du héros de guerre ou du démagogue. Ainsi, les individus se soumettent au leader charismatique par amour de ses qualités exceptionnelles et héroïques. Le leader charismatique doit donc prouver à ses disciples qu’il possède de telles qualités à travers sa réussite, ses éventuels succès et la garantie d’assurer le bien être à sa communauté (Weber, 2014, pp. 297, 298,299). Toutefois, dès qu’il commence à multiplier les échecs, qu’il soit dépossédé de ses qualités personnelles ou que les disciples ne sont plus convaincus par sa méthode, il perd sa valeur et sa reconnaissance auprès des disciples. Nous pouvons citer l’exemple du monarque chinois qui a été menacé dans sa position suite aux catastrophes qu’a connu sa communauté : inondations, sécheresse, échecs militaires… Ce leader chinois laissait apparaître qu’il n’avait plus de don à faire des miracles (Weber, 2013, p. 467).
La question de la succession dans l’autorité charismatique
Weber souligne que toute domination charismatique se heurte au problème de durabilité qui ne peut être garantie que par sa transformation Ainsi, lorsque l’autorité charismatique veut se transformer en une institution stable et durable, elle rencontre un obstacle lié au problème de la succession. Dans ce contexte, Weber parle de « l’objectivation » du charisme. Cette ʺobjectivation spécifique du charisme ʺ est liée à une mutation profonde dans sa signification. Ainsi, « le charisme n’implique plus un lien intime à la personne concrète » de son porteur ». Le charisme devient : une qualité qui se transmet d’une personne à l’autre. Une qualité qui peut être acquise personnellement. Ou une qualité qui n’est plus liée à une personne en tant que telle mais au détenteur d’une charge ou à une configuration institutionnelle, sans considération de la personne. Enfin, Weber propose les modalités de transmission du charisme, à savoir la transmission par les liens du sang (le charisme héréditaire) ; une transmission artificielle ou magique appelée « le charisme de fonction », dans ce type de charisme, « la croyance en la légitimité ne concerne plus alors la personne, mais les qualités acquises et la vertu de l’acte rituel » (Martin & Pajon, 2011, p.386); ou une troisième technique selon laquelle le charisme peut être acquit et devient donc l’objet d’une éducation (Ghazel, 2019, pp.28, 29).