L’ENTREPRISE UN SYSTEME OUVERT SUR SON ENVIRONNEMENT
L’entreprise, un système ouvert sur son environnement
L’entreprise économique a connu depuis sa naissance plusieurs évolutions et mutations accompagnées de problèmes et complications sur tous les aspects de son management. En effet, le macro-environnement, tout comme le micro-environnement de l’entreprise comporte tant de variables difficiles à appréhender et à gérer. Elle est passée d’une simple entité avec une simple structure exerçant des activités répétitives dans un milieu caractérisé par une stabilité et une simplicité ayant rendu le seul souci de la manufacture : de produire en masse pour satisfaire une demande homogène et croissante de jour en jour.Donc l’équation économique est restée pour longtemps simple : Produire = Vendre = Profit,sans pour autant se préoccuper de ce qui entourait l’entreprise, c’est ce climat qui a fait les beaux jours et a contribué au succès des théories classiques tels que : l’organisation scientifique du travail (OST) de Taylor et l’organisation administrative du travail (OAT) de Fayol. Cependant, cette situation n’a pas duré éternellement. La période d’après-guerre (1939-1945) a marqué l’histoire de l’entreprise. Un environnement complexe et instable rendant la survie de l’entreprise un grand défi pour ses managers et un champ vaste et fertile offrant aux académiciens et chercheurs en management un nouveau objet de recherche à explorer. La complexité, le dynamisme, l’incertitude et la turbulence sont devenues des mots qui valent beaucoup pour les penseurs en management. Plusieurs courants de pensée ont vu le jour dans ce contexte susceptible d’apporter des explications. Ce qui nous importe parmi ces théories, c’est la systémique, à laquelle a été consacré ce premier chapitre, ou on a essayé de traiter quelques points y afférent. Ces points portent essentiellement sur la présentation de quelques chercheurs en la matière ainsi qu’à la notion du système et ses caractéristiques. On a abordé aussi le concept d’environnement de l’entreprise, qui en tant qu’un système ouvert se trouve exposée à un environnement à la fois hostile et bénéfique, source de menaces et d’opportunités.
L’approche systémique de l’entreprise
L’objectif de cette section est de montrer le rôle important qu’a joué l’approche systémique pour comprendre et élucider la relation existante entre l’organisation et son environnement. L’intérêt d’aborder une telle approche revient principalement au fait que l’entreprise peut être considérée comme un système ouvert sur le monde qui l’entoure, c’est-à-dire son environnement et que l’entreprise est en permanente interaction avec celui-ci. Afin de mieux comprendre une telle approche, nous commençons d’abord par présenter quelques penseurs et leurs travaux, des penseurs qui lui ont jeté les bases. De tels courants de pensée nous permettent d’établir une définition du système et ses caractéristiques pour ensuite les appliquer à l’entreprise
Aperçu historique
La théorie générale des systèmes fait son apparition dans les années 19301, fruit de la rencontre entre chercheurs appartenant à des univers disciplinaires différents.« L’analyse systémique devient à la fin des années 1950 et dans les années 1960, une des grilles de lecture les plus utilisées pour comprendre les organisations formelles » . Etant donné que la théorie générale des systèmes a fait ses preuves dans de différentes disciplines telles que : la biologie, la physique …, l’idée de départ quant à l’organisation était simple : appliquer l’analyse systémique à la sociologie pour comprendre le fonctionnement des organisations en les considérant en tant que des systèmes.
JAY WRIGHT FORRESTER
Forrester est le premier chercheur à avoir parlé de la dynamique des systèmes et son nom et souvent associé à cette dernière3 .Il a apporté une contribution majeure quant à la théorie des organisations en mettant au point un modèle mathématique d’analyse systémique appliquée 1 Les pères fondateurs de l’approche systémique sont : Norbert Wiener (professeur au Massachusets Institute of Technology (MIT), Boston), Warren Mac Culloch (créateur de la bionique), Ludwing Von Bertalanffy (biologiste) et Jay W.Forrester (cybernétique, MIT) aux organisations1 . Un système social ne se comprend pas tel un système technique. Partant de ce constat, Forrester préconisa la représentation mathématique de la complexité des interrelations existant entre les différents éléments constituant un système social telle l’organisation Sa première expérience en ce sens a été réalisée pour la General Electric dans les années 1950. A cette époque, l’entreprise était aux prises avec une grande instabilité de l’emploi dans ses usines de fabrication d’appareils électriques situées aux Kentucky2 . En mettant au point une simulation faisant varier l’écoulement des stocks et impliquant les décisions d’embauche et de licenciement ; Forrester démontra que l’instabilité de l’emploi à la Général Electrique était reliée à la structure de l’entreprise et non à un cycle de l’industrie. Cette simulation constituait le début de la dynamique des systèmes comme champ d’étude.
FREDERICK EMERY (1925-1997) et ERIC L. TRIST (1909-1993)
A la fin des années 1960, Emery et Trist, des chercheurs du Tavistock Institute of Human Relations de Londres, spécialisés dans l’étude des problèmes du travail, proposent de définir l’entreprise comme un système sociotechnique ouvert. « Un système sociotechnique est un système ou le technologique et le social sont en interaction constante, c’est un système autorégulé susceptible d’être influencé par l’environnement » . Ces auteurs défendent notamment l’idée que l’étude des petits groupes ne doit pas se limiter à l’analyse des caractéristiques professionnelles et psychologiques de ses membres, car les contraintes techniques influencent les contraintes individuelles et réagissent à celles-ci. Considérer les entreprises comme des systèmes sociotechniques ouvert implique de reconnaitre à quel point elles sont influencées par leur environnement. L’environnement externe exerce des pressions constantes sur les systèmes technique et social de l’entreprise. En plus de ce trio de chercheurs, on abordera aussi les travaux de J.L Le Moigne et de V.L Bertallanffy qui seront l’objet du deuxième point de cette section. Pour conclure sur ce point relatif aux travaux des chercheurs appartenant au courant de la systémique, on ne peut que dire que cette derniere est d’une grande importance pour la théorie des organisations, vu les contributions majeures qu’elle a pu y apporter. En effet, le fait d’avoir défini l’organisation comme un système ouvert sur l’environnement, donne plus de dynamisme à cette derniere et remet en question le One Best Way. D’une part, en proposant de s’intéresser aux interactions et aux processus de rétroaction, elle propose une vision dynamique de l’organisation, d’autre part, l’analyse systémique, et plus particulièrement celle des systèmes sociotechniques, se fonde sur la reconnaissance du fait qu’il y a plusieurs manières de s’organiser pour faire face à l’environnement et qu’il n’y a pas qu’une seule façon, pour une organisation, d’atteindre des résultats positifs.