L’arrestation des individus pour désordre selon le sexe

L’arrestation des individus pour désordre selon le sexe

Dans l’ensemble de notre corpus, les hommes sont plus nombreux à comparaitre que les femmes : ils représentent près de 71 % des arrestations, tandis que les femmes comptent pour 29 %46. En outre, cette prédominance masculine augmente en proportion au cours de la période étudiée47. Cependant, en excluant le phénomène des confessions volontaires, nous obtenons un portrait plus fin de la répartition réelle des arrestations48. Par exemple, la proportion de femmes diminue de près de 10 %, d’où l’importance de prendre en compte ce phénomène dans l’étude de la répression du désordre49. En excluant les confessions volontaires, les femmes comptent pour près de 20 % de l’ensemble des arrestations pour désordre (voir tableau 7). En d’autres termes, elles sont encore moins « désordonnées » au sens strict de l’arrestation publique que pouvaient le donner à penser les registres d’écrou. Leur présence en prison semble être bien davantage associée à leur situation de précarité qu’à leur tendance au crime puisqu’elle ne représente qu’un cas sur cinq .Comme l’illustre la figure 4, on note la prépondérance des hommes dans les arrestations pour désordre en excluant les cas de confessions volontaires. Cependant, il faut mettre en perspective ce résultat avec les réalités démographiques de la ville de Québec. D’un côté, la proportion de femmes dans la population urbaine est légèrement plus élevée que celle des hommes pendant la période étudiée, ce qui tend à laisser penser qu’on sous-estime un peu la prépondérance relative des hommes dans les arrestations (ils sont un peu moins nombreux que les femmes, mais ils sont arrêtés beaucoup plus souvent)51. D’un autre côté, pendant l’été, la démographie de la ville est certainement affectée par une augmentation de la population masculine dans la ville, notamment par les marins. Ce phénomène mènerait donc à surévaluer la propension relative des hommes à être arrêtés pendant l’été, leur proportion dans la population étant plus élevé pendant cette saison. Sur ce point, il faudrait mener une plus large enquête sur les variations démographiques, ce qui constitue une limite pour notre étude.Dans la prochaine partie, nous étudierons plus spécifiquement le traitement judiciaire des hommes et des femmes, notamment par rapport aux causes d’arrestation et aux peines reçues.

Le traitement par le système judiciaire selon le sexe

Au cœur de cette étude, nous établirons les motifs pour lesquels les individus sont interpelés par la police municipale et les peines établies par la Cour du Recorder. L’un de nos objectifs est de définir des caractéristiques spécifiques aux arrestations menées dans le quartier portuaire. En d’autres mots, comment s’exprime la répression du désordre dans les différents secteurs de la ville, et plus précisément ceux limitrophes au port? 

La nature du délit

Dans cette partie, nous observerons la répression du désordre selon la nature des arrestations masculines et féminines. À cet égard, nous avons relevé des différences notables entre les arrestations selon leur répartition dans le quartier portuaire et dans le reste de la ville de Québec. Dans tous les secteurs de la cité, la proportion d’arrestations masculines demeure largement supérieure à celle des arrestations féminines pendant toute la période étudiée (voir figure 5)53. Cependant, dans le quartier portuaire, elle est supérieure de 15 % par rapport à celle des autres secteurs de la ville . Est-ce le signe d’une plus importante présence masculine ou d’une plus forte tendance à appréhender les hommes dans ce quartier? Les deux hypothèses sont possibles. D’une part, une plus grande représentation masculine dans le quartier portuaire pourrait montrer l’impact de la présence des marins dans ce lieu. D’autre part, il est vrai que la surveillance policière est plus importante dans ce secteur : le quartier portuaire comporte un plus grand nombre de postes de police et d’effectifs déployés que tout autre secteur de la ville.