La difficulté de la statistique à chiffrer le réel du travail des femmes
Si l‟entrée des femmes sur le marché du travail et leur indépendance financière constituent bel et bien un changement, voir même une mutation, social majeur qu‟en est il de l‟égalité réelle entre les femmes et les hommes ? Les femmes et les hommes se répartissent toujours inégalement les trois domaines que nous avons abordées dans le chapitre de la présente partie de thèse à savoir la sphère communautaire liée au travail de la collectivité et au renouvellement des générations ; le champ de la production du bien être et de l‟éducation dans la sphère domestique, sphère de la famille ou dite privée et le champ de la production de biens et services marchands et non marchands à l‟extérieur de la sphère domestique La science économique a longtemps limité ses missions à la troisième fonction, considérant que la première relève de l‟analyse démographique et occultant la seconde au motif des difficultés d‟observation et de mesure. Rappelons, à ce niveau d‟avancement, de notables exceptions comme Becker, Reid, Sauvy, Clark et Kuznets, Andrée Michel, Michel Claude, Annie Fouquet, etc. La diversité et les différences, des situations des femmes et des hommes sur le marché du travail rend difficile la mission de la statistique et des organismes chargés de la collecte de l‟information et la mise sur pied des bases voir des banques de données. Les méthodes et les outils standard, mis en place, sont conçus de façon à saisir des situations homogènes. Or de plus en plus les analystes se rendent compte de l‟hétérogèneté des populations et des situations sous l‟influence omniprésente des facteurs culturels qui sous tendent les différences de comportement entre les genres. La pesanteur du milieu familial, les représentations par les systèmes sociaux et en particulier le système éducatif, l‟attitude des femmes à l‟égard du pouvoir, qui accorde plus d‟importance à la substance des fonctions qu‟à la reconnaissance sociale qui s‟y attache. Alors comment la statistique, à l‟état actuelle du savoir toléré par la nature même de cet outil, peut elle saisir et s‟en saisir de l‟égalité des droits et de l‟identité des rôles avec des différences qui persistent dont l‟ordre La difficulté de l’officiel à saisir le réel. L‟égalité entre les femmes et les hommes reste un objectif difficile à atteindre, pour ne pas dire illusoire. Dans les sociétés, même, les plus favorables aux principes de l‟égalité de genres, les deux sexes se partagent inégalement les trois grandes fonctions sociales. Le poids de la conciliation des vies familiale et professionnelle repose principalement sur les femmes. Ainsi les stratégies féminines apparaissent façonnées, à travers toutes les études, en matière d‟orientation et de choix, par l‟asymétrie que nous avons soulignée précédemment. Nous avons choisies dans cette sous section de ne pas aborder le poids de la conciliation des vies familiale et vie professionnelles car notre investigation bibliographique nous a montré qu‟un grand nombre d‟études a abordé le travail des femmes dans cette optique. C‟est pour cela que nous arrêterons, sans approfondissement, quelques aspects de l‟asymétrie des stratégies. Cet arrêt sur « image » nous permettra que montrer en quoi l‟officiel ne peut rendre compte du réel des genres268 comme des acteurs qui s‟approprient les programmes et politiques des institutions officiels soit en s‟adaptant à ses stratégies, soit en les détournant ou en les contournant et surtout en inventant ses propres stratégies. 268 Le plan de l‟UNDAF 2007 Ŕ 2011 relève que la mauvaise qualité des données par la configuration actuelle du système statistique. Cette configuration ne permet pas d‟avoir une bonne visibilité des écarts entre les genres. 263 1°) L’asymétrie Formation initiale et qualification : stratégie de surqualification à l’embauche. En matière de formation initiale, les filles choisissent les filières de l‟enseignement général, font des études plus longues, s‟investissent dans les études juridiques, littéraires et commerciales et obtiennent plus de diplômes en comparaison avec les garçons. Les filles valorisent plus que les garçons, leur formation de base. Cependant la discrimination leur rend l‟accès, aux postes de travail et surtout à des postes de responsabilités, plus difficile. Mais une fois que l‟opportunité se présente à certaines d‟entre elles, elles en tirent profit comme les hommes si non plus.
Le dilemme « Le diplôme / emploi ou l’homme »
Pendant la période des études le dilemme Ŕ le diplôme ou l‟homme » devient ensuite le dilemme la vie professionnelle ou la vie familiale. Cette situation de pseudo choix pour les jeunes femmes entre 20 ans et 30 ans ne se posent pas aux jeunes hommes. Ainsi les jeunes femmes subissent ce cruel dilemme à l‟horizon de l‟âge moyen au mariage, avec une préoccupation sous Ŕ jacente de fécondité / fertilité et procréation. Deux profils269 de femmes se distinguent : celles qui mènent d‟abord leur carrière professionnelle et se voient contraintes de retarder leur mariage et /ou leur maternité et celles qui d‟abord se marient, font un enfant et donc privilégie « la construction de la famille », sans pour autant exclure l‟idée du travail. 3°) La question du temps : Cette question est déterminante à trois niveaux : elle justifie le « plafond de verre » ; elle pousse certaine femmes vers des activités, secteurs ou temps partiel dévalorisant ; elle déséquilibre le temps de vie. du culturel de façon adjacente et sous Ŕ jacentes.