LA PLAINE DU BETSIMITATATRA, UN ESPACE HUMANISEE
Ce second chapitre est consacré aux activités économiques qui ont contribuées à limiter la prolifération rapide de ces écrevisses marbrées. De toutes les activités économiques pratiquées au sein de la plaine ; la riziculture, la pêche et l’élevage de canard sont les seules à être dépendante de l’eau et entravent cette prolifération des écrevisses marbrées. II.1- Riziculture traditionnelle à faible rendement Plus de 90% de la plaine sont transformés en rizières et cette pratique commence à gagner du terrain avec la poussée démographique galopante surtout du côté de Soavimasoandro. Le riz est la base de l’alimentation malgache. Assurer les besoins en riz de son ménage est le premier souci du riziculteur. Mais les aléas climatiques tels que les caprices de la température en hiver, l’abondance excessive des précipitations au moment où le riz commence à mûrir font obstacles à l’atteinte de cet objectif. La pratique du SRI (système de riziculture intensive) et SRA (système de riziculture améliorée) pourraient apporter des solutions à ce problème avec ces avantages en temps et en rendement qui sont nettement meilleurs que celle traditionnelle. En effet, le SRI et le SRA consiste à apporter des améliorations dans le repiquage à partir du quinzième jour après le semis et la maitrise d’eau par le drainage et l’irrigation au bon moment. Le manque de moyen technique et financier empêche l’adoption de ces deux systèmes. La quasi-totalité des riziculteurs optent pour la saison de «Vary Aloha », c’està-dire du mois de mai à février. Exceptionnellement, à cause de la mise en place d’un barrage hydroagricole sur la Sisaony, le calendrier rizicole à Ambavahaditokana Itaosy connaît un décalage, il ne commence qu’au mois d’août. Quant à Ambohitrimanjaka et une partie de la plaine à Soavimasoandro, la sortie des eaux tardent un peu, alors le repiquage va dans ce sens également, en fin septembre plus précisément. Si un tel calendrier est encore adopté, la raison réside dans le problème de l’irrigation et de drainage de la plaine. En effet, la concentration des précipitations dans les quatre mois, de novembre à février, conditionne la récolte du riz. Il en résulte que la riziculture vit au rythme des précipitations. De forte pluie entraîne des inondations submergeant les plantes de riz et inversement avec des précipitations moyennes. Malgré l’alternance de la perte et de la grande moisson du riz d’une année à une autre, les riziculteurs continuent leur besogne. De ce fait, les riziculteurs commencent la saison rizicole au mois de mai. Ils procède d’abord à la de la pépinière qui est tarie puis séchée au soleil afin d’éliminer les vers nuisibles à la croissance de la semence. Photo 8 : Pépinière en préparation Cliché de l’auteur Vient ensuite le semis au mois de juin pour que les plantes puissent résister à la rigueur du froid en juillet. Nous avons mentionné dans le précédant chapitre que les écrevisses marbrées effectuent une «estivation» pendant la saison sèche et fraîche. Ces écrevisses entament cette mode d’adaptation au mois de mai qui coïncide au moment de préparation des pépinières. Donc, les écrevisses devraient être dans leur galerie. Mais celles qui ne s’enfoncent pas assez profondément dans le sol sont mises en évidences par le labourage des pépinières et périssent par la suite à cause d’une longue exposition au soleil si elles n’arrivent pas à rejoindre leur galerie. Les écrevisses marbrées qui peuplent les rizières subissent également le même problème au moment du labourage. Généralement, le labour des rizières est effectué au mois d’août ou septembre, au moment où la température commence à amorcer une hausse. Viens ensuite le sarclage au mois d’octobre et novembre. Entre ces différents travaux, les riziculteurs utilisent des insecticides pour lutter contre les insectes parasites nuisibles au riz. Le dosage de ces insecticides est rarement normal, parfois ces insecticides sont assez puissants pour être néfastes aux écrevisses marbrées. Une fois ces travaux accomplis, il ne reste plus que l’attente de la moisson qui se fait soit à la fin du mois de janvier, soit en mi-février. Après dix mois de labeur, le rendement par hectare est de 2 à 3.5T contre 8T/Ha en moyenne pour le SRI et SRA avec 5 mois de saison rizicole. La majorité des récoltes rizicoles est destinée à l’autoconsommation. Si on prenait un ménage à 5 personnes et que son besoin en riz blanc est de 8 kapoaka par jour, leur besoin annuel serait de 2 920 kapoaka soit 834 kg. D’après quelques responsables de rizerie de la capitale, la perte en son de riz et écorce lors d’un blanchissage de paddy est de 30%, donc ce ménage devrait cultiver une rizière de 0,38 ha de superficie pour obtenir 1, 084 T de paddy, soit l’équivalent des 834 kg de riz blanc. Or la taille moyenne des rizières est de 0,33 ha, ce qui donnerait 0,97 T de paddy, ce qui signifie que la production rizicole ne couvre pas le besoin annuel d’une famille de 5 personnes exploitant une surface égale à la moyenne, sans parler de ceux qui exploitent des superficies inférieures à la moyenne de l’ordre de 0,016 Ha. Heureusement que certaines familles s’occupent des surfaces atteignant les 3 Ha. Les surfaces rizicoles dans les 3 sites étudiés sont résumées dans le tableau N°3. En raison de l’insuffisance de données auprès des communes et fokontany, nous avons estimé la surface rizicole dans la commune rurale Itaosy et le fokontany de Soavimasoandro.
Une pêche intensive et continue
En effet, divers type de pêche est pratiquée dans la plaine de Betsimitatatra comme la pêche au filet dormant, au filet épervier et autre que nous allons examiner un à un dans le prochain chapitre afin de voir leur interaction dans la vie des écrevisses marbrées. II.2.1- La pêche à l’épervier Ce type de pêche est pratiqué uniquement au niveau des lacs et canaux d’irrigation. Mais les pêcheurs ses cantonnent généralement au niveau des sorties des eaux et des barrages. En ces endroits, les eaux tourbillonnent et attirent les poissons. Il en résulte que la pêche y est assez bonne. La maille des filets est inférieure à 10 mm. Ce type de pêche connaît une courte pause de juin à septembre. Pendant ces trois mois les poissons se font rares à cause de la baisse de la température. Alors, la pêche n’est pas fructueuse. Ce type de pêche a comme cible les fibata, tilapia, cyprin doré et carpe. La pêche à la nasse également possède les mêmes cibles. II.2.2- La pêche à la nasse La pêche à la nasse est effectuée uniquement au niveau des rizières et canaux hydroagricoles à leurs abords immédiats. Ce type de pêche est également régit par la durée de l’inondation. La durée de la pêche à la nasse varie d’un endroit à une autre. A Soavimasoandro et Ambohitrimanjaka par exemple, elle est de quatre mois, de janvier à mai. Elle est de trois mois à Ambohimandroso. La pêche à la nasse est fructueuse après le moissonnage du riz, surtout au moment où les eaux des rizières commencent à sortir. 31 Toutes les rizières de la plaine deviennent des zones de pêche à la nasse après la moisson. Donc la pêche à la nasse couvre une surface assez considérable, comme le montre le prochain croquis.